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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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13/10/2022

La forêt n’est pas un musée

Vendredi dernier, le 13h de France 2 s’est installé en direct de la Teste-de-Buch (Gironde), pour évoquer les conséquences des incendies de l’été dernier, rendre hommage à ceux qui se sont engagés dans le colossal effort de lutte contre le feu et envisager l’avenir de la forêt.

A la fin du journal télévisé, le journaliste Julian Bugier a incité la petite foule massée autour du studio installé en plein air, à rendre hommage aux pompiers dont une délégation était présente sur le plateau.  Rapidement les applaudissements ont été couverts par des sifflets. Il n’était pas dans le propos de France2 de rentrer dans la polémique et Julian Bugier s’est pudiquement contenter d’expliquer « qu’il y a toujours des mécontents, » avant de rendre l'antenne. Des mécontents qui se sont aussi exprimés sur les murs de la commune, au travers de tags injurieux et dégradants.

Les fameux mécontents entretiennent depuis les incendies de l’été, un petit refrain motivé par le statut de la fameuse forêt dite usagère, un truc qui n’existe plus que pour cette forêt, dont les racines remontent au Moyen-âge. Ce statut, qui fleure le privilège, permet à des habitants implantés depuis plus de dix ans, de bénéficier du bois de cette forêt soit pour se chauffer soit pour construire leur maison. On pourrait ranger ça parmi la liste des anomalies à l’article 1 de notre constitution qui assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine.

Cette résurgence du passé aurait pu durer encore longtemps. Sauf que l’incendie de juillet dernier a mis clairement le doigt sur le défaut d’entretien de ce massif et son côté impénétrable pour les secours. Ce qui a eu pour effet un désastre écologique.

Les râleurs estiment aujourd’hui, qu’il ne faut rien changer à la précédente situation et laisser la forêt de la Teste se reconstituer selon son bon vouloir. L’Etat et les élus locaux ne l’entendent pas vraiment de cette oreille et sont décidés à profiter du retour d’expérience des pénibles épisodes de l’été pour faire évoluer ce statut. Emmanuel Macron l’avait laissé entendre dès sa visite sur place le 20 juillet.

Non pas pour retirer des droits aux ayants-droits, mais pour cadrer un minimum les choses, histoire de favoriser l’entretien et ne pas pénaliser les secours en cas de problème, a redit depuis la préfète, Fabienne Buccio.

Avant même de s’asseoir autour d’une table pour en discuter, des voix s’élèvent donc pour marteler que rien ne doit changer. Quel sens du progrès et de la modernité ! Comme si depuis le Moyen âge, le contexte social, le réchauffement climatique et les techniques de lutte contre les incendies n’avaient pas évolué ? Sans parler de l’évolution des usages d’un massif forestier. On y allait autrefois pour ramasser du bois et chasser. Aujourd’hui, c’est un espace d’oxygénation indispensable pour les populations sous pression urbaine et une modeste compensation à tous nos excès de consommation des ressources planétaires.

Défricher les évolutions possibles, sans préjuger des orientations à prendre, est un minimum. Ne serait-ce que par respect pour les centaines de pompiers qui se sont relayés sur ces parcelles hostiles pour tenter de limiter la conquête du massif par des flammes cauchemardesques. Et le bilan est incroyablement respectable : zéro  victime et seulement une poignée d’habitations détruites.

 

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