L'ÉDITO
par Joël AUBERTL’impact français du meurtre de George Floyd à Minneapolis
L'extraordinaire élan planétaire contre le racisme suscité par la mort de George Floyd, qu'il faut bien considérer comme un assassinat, ne peut qu'être salué et que le pays des « Droits de l'Homme » y prenne toute sa part ne saurait nous surprendre. Pour autant il ne saurait servir de seul prétexte à une mise en cause systématique de l'attitude des forces de l'ordre qui est dans l'air du temps. Et, singulièrement, depuis que le mouvement social des Gilets Jaunes a donné lieu à des débordements de groupes d'ultras à la violence extrême. Le danger serait qu'une juste cause ne devienne l'aliment d'une campagne caricaturant policiers et gendarmes… En revanche, l'occasion qui se présente de s'attaquer aux discriminations liées aux contrôles au faciès doit être saisie. Le phénomène est connu de longue date et il nourrit une haine « anti-flics » à l'origine de violences, spécialement dans les quartiers où la politique de la ville ne peut contenir incivilités et délinquance.
L'avocat Henri Leclerc, président d'honneur de la Ligue des Drois de l'Homme, rappelle qu'une personne de couleur, originaire d'Afrique, a vingt fois plus de chances d'être interpellée et, se refusant à tomber dans le piège d'une condamnation générale, il souligne qu'à ses yeux cela renvoie à un problème de commandement qui n'est pas assez strict dans les unités des forces de l'ordre. Il faut croire que face à ces discriminations, et à la dégradation de leur image, le gouvernement a compris l'urgence d'une réaction puisque le ministre de l'intérieur est venu, devant le Sénat, promettre des sanctions puis a saisi la justice pour des messages à caractère raciste révélés par la presse. Avant d'en rajouter en parlant de suspension systématique et de précipiter dans la rue des policiers stupéfaits.
Les enjeux du respect, ici et là, de pratiques pleinement républicaines sont primordiaux. Ils le sont d'autant plus que certaines manifestations contre les violences policières nourrissent, à la fois, des causes identitaires dangereuses et un communautarisme prompt à mettre à bas le corpus républicain, à commencer par la laïcité.