L'ÉDITO
par Joël AUBERTL’échec de Copenhague, c’est SOS Europe en danger
Le sommet de Copenhague que l'Europe, avec la France en première ligne, a bien imprudemment qualifié de « la dernière chance » s'achève sur une manière d'échec. Mais, à défaut d'avoir « sauvé la planète », il a révélé, au grand jour, la vanité de cette fameuse gouvernance mondiale que l'Europe, avec le Japon etBrésil, est à peu près la seule à défendre.
Il a surtout montré que notre Union Européenne ne pesait pas lourd, malgré ses bons sentiments, face au nouveau couple mondial Chine-Etats-Unis.La Chine est sans doute consciente qu'elle devra revoir son modèle économique mais, pour l'instant, elle n'a aucun d'état d'âme à puiser dans les ressources fossiles de la planète et à investir l'Afrique et ses matières premières. Et, surtout, elle n'est pas prête, elle qui est le plus grand état policier de la planète, à ce qu'une autorité mondiale quelconque vienne regarder dans ses affaires et lui faire la leçon.
L'Amérique d'Obama, dont l'image sort défraichie de Copenhague, est égale à elle-même, c'est à dire encore très conservatrice dans sa vision de l'économie et incapable de grandes avancées, tant sa démocratie a partie liée avec les lobbies.
Quant à notre Europe, elle est désespérément impuissante. Certes, toujours prête à faire mieux et plus que le reste du monde, dans un élan de générosité dont la France est à l'avant garde, mais dans l'impossibilité d'inverser le cours de l'histoire.
Alors, elle doit se contenter de promettre qu'elle fera mieux que tous les autres, qu'elle réduira de 80% à l'horizon 2050 ses émissions de gaz à effet de serre, qu'elle contribuera au soutien financier des pays en voie de développement. Cette attitude que l'on pourrait juger exemplaire, est surtout le reflet d'une mauvaise conscience et elle est franchement inquiétante. En effet, elle expose l'Union à être de plus en plus vassale face au jeu Chine-Etats-Unis. Un jeu où le cynisme fera bon ménage, où l'Amérique et son banquier privilégié, la Chine, s'entendront pour une nouvelle donne économique mondiale.
On objectera, au contraire, que nous devons être et serons à l'avant garde du mouvement contre le réchauffement climatique avec ce que tout cela implique d'innovations et de progrès, et par conséquent de développement (durable) futur. Certes, mais revoir notre modèle de croissance, notre mode de vie et laisser les nouveaux géants dicter leur loi et occuper tout le champ de l'économie c'est courir le risque d'être de plus en plus faibles et dépendants.
L'échec de Copenhague et d'une impossible gouvernance mondiale sonnent comme un SOS. Un SOS Europe en danger.
Joël Aubert