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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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23/01/2010

Justice: Michèle Alliot-Marie doit entendre un aussi profond malaise

L'émotion extrême suscitée par le drame haïtien a quelque peu relégué au second plan les manifestationsde l'ensemble des professions judiciaires, à l'occasion de l'audience solennelle de rentrée du Tribunal de Bordeaux. Nouveau réflexe corporatiste, dira-t-on, à un moment où les réformes entrent en application. Est-ce si simple à catégoriser quand toutes les familles, y compris celles qui, de longue date, ont des proximités politiques différentes montent au créneau pour crier casse-cou ! Juges, avocats, fonctionnaires des services...les uns et les autres clament leur désarroi. Et pointent du doigt les conséquences de réformes précipitées qui ont fait exploser le nombre des procédures en attente, spécialement dans les tribunaux de grande ville. Situation d'ailleurs aggravée par les dysfonctionnements de Cassiopée, le logiciel qui devait justement contribuer à fluidifier le système.
Une carte judiciaire, façon Rachida Dati, a abouti, sans évaluation suffisante, à des transferts de dossiers qui encombrent les tribunaux d'instance restés en place. La bonne volonté de l'ensemble des personnels n'est pas en cause mais comment faire quand par exemple le nombre de greffiers diminue d'un tiers dans un tribunal ? Encore ne parle-t-on jamais du citoyen, du justiciable, qui doit se débrouiller comme il peut, compte tenu de son éloignement géographique des juridictions.
L'inquiétude des magistrats et autres avocats va d'autant plus grandissante que la réforme de l'instruction, sans que soit abordée au fond le statut du parquet, fait craindre la mainmise du pouvoir politique sur la justice. Et son bon exercice. Certes les procureurs aux ordres, ou du moins certains d'entre eux, ça ne date pas d'aujourd'hui, mais la nécessaire séparation des pouvoirs n'avait jamais semblé aussi peu respecté dans notre démocratie. A vrai dire, l'orientation idéologique vers un renforcement régulier de la politique pénale inquiète des professions qui, historiquement sont garantes des libertés individuelles. Un seul exemple : la multiplication des ces gardes à vue dont l'opportunité est, au regard de délits mineurs, souvent discutable en particulier quand l'avocat qui doit assister le justiciable ne peut pas, contrairement à la loi, l'assister, en temps utile. La France ne s'honore pas de cette situation qui a d'ailleurs suscité la critique du premier ministre. Un chantier général de mise à jour s'ouvre donc pour la Garde des sceaux dont on a quelques raisons de penser que sa connaissance de la société française et des valeurs humanistes doivent la pousser à écouter un aussi profond malaise.

Joël Aubert

 

 

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