L'ÉDITO
par Joël AUBERTJuppé : On se calme, les primaires sont encore loin
D'évidence, le maire de Bordeaux ne semble pas décidé à entrer dans la bagarre pour les primaires, prématurément. D'abord, parce que celles-ci n'auront lieu que dans un an et demi, en novembre 2016, ensuite parce que Nicolas Sarkozy, s'il affirme son leadership sur son parti, ne le fait qu'en continuant à droitiser en permanence son discours, ce qui au-delà de la satisfaction qu'éprouve le militant UMP, pur et dur, a pour effet de l'éloigner de l'électorat centriste. Le dernier sondage du Parisien, ce dimanche, montre clairement que du côté de l'UDI, sans compter le Modem, on choisirait Juppé lors des primaires, nettement devant Sarkozy. Et, que le même Juppé l'emporterait beaucoup plus nettement face à Marine Le Pen dans un second tour, dont François Hollande serait exclu comme ce fût le cas, en 2002, pour Lionel Jospin.
Ce panorama, certes très éloigné de la primaire à droite, et à deux ans de la présidentielle, n'autorise aucun pronostic mais il souligne, à la fois la solidité dans l'opinion de la position d'Alain Juppé et le risque qu'il a choisi de courir, en acceptant de relever le défi du président de l'UMP. Le maire de Bordeaux continue de bénéficier des outrances de Nicolas Sarkozy et cela peut être déterminant dans le second tour des primaires. Il apparaît, aussi, pour beaucoup d'électeurs de gauche, justement comme la seule alternative, dès lors que le président de la République sortant ne passerait pas le premier tour de la présidentielle. Il n'en demeure pas moins que les primaires font figure de véritable gué à franchir et que dans la famille centriste – François Bayrou en tête - non seulement on le redoute pour Alain Juppé mais, plus encore, on n'a aucune confiance dans Nicolas Sarkozy.
Peut-on, dès lors, imaginer que l'ancien premier ministre qui n'a cessé d'affirmer qu'il irait jusqu'au bout pourrait être candidat, quelle que soit l'issue des primaires ? Les sceptiques sont encore légion qui doutent de sa détermination, mais ils oublient que les circonstances n'ont sans doute jamais été aussi favorables pour qu'un homme comme lui, au-delà des clivages politiques, et sans souci de plaire pour se faire réélire,- il aurait 76 ans en 2022- fasse écho à l'attente de rassemblement des Français. Ce que Chirac n'a pas su faire en 2002 il pourrait, sans doute, l'entreprendre dans deux ans.