L'ÉDITO
par Joël AUBERTFrançois Fillon malgré tout: dilemme chez « Les Républicains »
Elle est même totalement inédite sous la V° République: en clair peut-on être subitement projeté dans la position de candidat à la présidence de la République sans s'y être préparé ? D'être, en quelque sorte, un candidat par défaut, de quasi dernière minute, deux mois, voire moins, avant qu'elle n'ait lieu ? Sacré défi pour le parti qui avait mobilisé ses partisans pour se choisir son « héraut » avec ses idées et son programme et qui devrait s'en trouver un autre. A cet égard, on peut comprendre, en son sein, ceux des élus qui tentent de redonner du crédit à une candidature d'Alain Juppé, certes battu à la primaire mais qui s'était, de longue date, préparé pour la présidentielle, en s'adressant, d'ailleurs, beaucoup plus à tous les Français qu'aux seuls électeurs de la droite et du centre. Ils peuvent considérer que la ligne Juppé apporterait encore la meilleure chance de l'emporter, avec le soutien renouvelé de François Bayrou. Chacun a noté que, jusqu'ici, le maire de Bordeaux qui n'a vraiment pas l'air malheureux dans sa ville, n'entend pas être le représentant d'un « Plan B » ; il le confie à ses proches avec résolution.
Alors, resteraient des candidatures tout à fait hypothétiques qui laissent interdit. Les noms de François Baroin, de Xavier Bertrand ou même de Laurent Wauquiez ont circulé... Est-on vraiment sérieux quand on laisse circuler pareille éventualité ? D'aucuns vont même jusqu'à imaginer que Nicolas Sarkozy pourrait être la solution alternative à une candidature Fillon ?
Un vrai dilemme, en tout cas pour la droite, qui s'était convertie à l'idée de la primaire après celle de la gauche en 2011, et qui s'est donc éloignée, comme celle-ci, de l'esprit même de la Constitution qui met en évidence le lien entre un homme, son programme, et le peuple français dans son ensemble. Voici, en tout cas, un moment singulier de la vie démocratique de notre pays. Un moment de grande incertitude, et qui pourrait très bien déboucher sur le maintien de la candidature de François Fillon, hors de toute considération morale sur la place de l'argent dans la pratique des élus. Que n'a t-on laissé passer l'occasion par peur de la réaction populaire d'instituer, dans les années 1998-2000, pendant la cohabitation Jospin-Chirac, un statut de l'élu précis et transparent....