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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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29/11/2022

En Ukraine, le défi quotidien c’est de rester en vie

De passage à Bordeaux, la directrice de la Tech Ukraine, Nataly Veremeeva, a quitté pendant quelques jours, son pays en guerre, pour convaincre la France de poursuivre et d'amplifier son effort au côté du peuple ukrainien. Après 20 heures de bus entre Kiev et Varsovie puis un vol, puis un train et aussi une poignée de tracasseries pour sortir de son pays, elle profite de la paix qui règne sur les quais de la Garonne comme d’une pause bienfaitrice.

Elle se régale des promeneurs qui sourient, de l’activité quotidienne des Bordelais qui vont et viennent. Ses yeux bleus, son regard vif, sa détermination à expliquer les heures sombres que traverse l’Ukraine, mais aussi son enthousiasme à déceler chaque signe d’espoir, tout ce qu’il est opportun d’anticiper pour préparer la reconstruction de son pays demain, sont plus toniques que des cachets effervescents d’énergie.

Elle partage avec ses compatriotes cette urgence de chaque jour à rester en vie. Elle en parle avec une émotion contenue, avec la simplicité de ceux qui luttent sans relâche, sans désespoir. Elle emploie volontiers le mot « partage » pour dérouler son témoignage et ne se lasse pas de nos questions un peu maladroites, nous qui percevons cette guerre comme proche géographiquement, mais un peu lointaine de nos préoccupations quotidiennes de consommateurs nantis à l’approche des fêtes de fin d’année.

Ce qu’elle redoute par-dessus tout c’est l’arrivée de l’hiver qui va s’abattre sur la population ukrainienne comme la vague supplémentaire d’un raz de marée débuté voilà neuf mois. Les frappes russes endommagent les infrastructures, notamment les usines de production d’énergie. Les coupures d’électricité semblent inévitables et risquent de s’intensifier. Avec des effets désastreux sur les moyens d’éclairage et de chauffage, mais aussi sur la chaine alimentaire et les communications. Le black-out signifie plus de lumière ni de chauffage dans les logements, plus de lumières dans les rues, les magasins qui doivent fermer, les ascenseurs des immeubles hors service. "C’est démoralisant si la vie s’arrête."

Nataly attend beaucoup de la France dont elle a lu tout Alexandre Dumas et bon nombre de philosophes. Elle parle de modèle démocratique pour le monde entier. Elle espère ardemment que l’Ukraine pourra rejoindre l’Union européenne et que la Russie va perdre de son emprise.  Et elle trouve aussi les mots justes pour les Ukrainiens qui ont fait le choix de venir se mettre à l’abri en France. « Tant mieux si leur nouvelle vie se passe bien. Lorsque la guerre s'achèvera, ils devront choisir de rentrer ou pas. Nous aurons besoin de tous pour reconstruire le pays. Ceux qui seront sur place comme ceux qui resteront à l’étranger et qui ouvriront de nouvelles connexions avec l’Ukraine. »

Dans sa doudoune colorée, Nataly a le regard qui se perd un instant au fil de la Garonne. Elle incarne un peuple, un espoir, une résistance. Respect Madame.

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