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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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17/03/2023

Dis papa, ça sert à quoi un député ?

La France débute une crise politique inédite qui vient renchérir la crise sociale. Après le passage en force sur la réforme des retraites puis les menaces de motions de censure brandies en guise de répliques sismiques, la démocratie se retrouve sur un champ de bataille. Jacques Attali, François Bayrou, Laurent Berger et d’autres avaient prévenu : cette réforme des retraites était mal boutiquée, trop peu concertée. Et ces trois-là ne sont ni des révolutionnaires agités ni des réactionnaires passéistes.

Emmanuel Macron et le gouvernement d’Elisabeth Borne n’ont écouté personne. Ni la rue, ni les syndicats, ni les députés. A se demander si la représentation nationale a encore du sens au regard des événements des derniers jours. Comment un député peut-il rentrer serein dans sa circonscription le week-end quand l’une des lois totem du quinquennat a finalement échappé à son vote? Comment les représentants des syndicats peuvent-ils encore appeler à une contestation dans le calme quand les travaux préparatoires de la loi se sont déroulés sans eux ? Avec une cerise de cynisme sur le gâteau des manœuvres politiques, lorsque le Président laisse encore croire jeudi matin qu’il va laisser le vote parlementaire faire son œuvre.

Le Parti socialiste n’est que l’ombre de lui-même depuis longtemps. Les Républicains ne sont pas près de se relever de la fracture qu’ils viennent de subir. Emmanuel Macron a tout cassé. En 2017, il a conquis le pouvoir en laissant espérer qu’il pourrait écouter « en même temps » toutes les voix constructives de ce pays. La réalité c’est que les deux principaux partis de gouvernement sont affaiblis pour ne pas dire anéantis.

Renaissance est un matériau composite fait de transfuges qui vont s’entre-déchirer à l’approche de la prochaine élection présidentielle. Il ne va pas résister à l'épreuve du temps. L’extrême gauche et l’extrême droite peuvent commencer à caresser des espoirs de folles progressions dans les prochains scrutins. La fin du quinquennat s’annonce compliquée et peu lisible par les Français. A la crise politique succédera la crise citoyenne : l’abstention va encore progresser. 

Exercer le pouvoir à coup de stratégie politicienne est une chose. Offrir un dessein politique porteur d’avenir à tout un pays en est une autre. Les Gilets jaunes avaient déjà bousculé le subtil équilibre du dialogue entre les corps sociaux et politiques. La réforme des retraites risque de le laisser en état de mort clinique.

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