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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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13/07/2008

Des bleus…à l’âme

80.000 personnes, un stade de France bondé, une joie communicative, un Lizarazu taclant un adversaire comme dans un vrai match, un Zidane fringant et adulé, des "vieux joueurs" en retraite ou semi-retraite sautant comme des gamins lorsque Bernard Diomède planta dans les dernières secondes le but égalisateur face à la sélection mondiale: la fête voulue par le football français pour honorer ses héros de 1998 a non seulement été une réussite populaire mais, plus encore, une piqure de rappel révélatrice de l'état d'un pays qui n'a plus de dessein et surtout à qui l'on n'en propose pas. Il n'est pas sûr que la victoire des Bleus à l'Euro 2008 aurait contribué à redonner le moral à un pays qui le perd. Leur élimination sans gloire a certainement ajouté à la déprime ambiante et, par opposition, la célébration réussie du dixième anniversaire de la victoire sur le Brésil confirme le besoin des Français de s'identifier à un succès majeur, à une cause qui leur donne des raisons de croire que le vieux pays est toujours là. Symptôme dérisoire dira-t-on qu'un match de foot sans enjeu... Peut-être, mais quand Zizou a marqué son but et fait un tour d'honneur qui jamais ne semblait devoir s'arrêter, on a compris, plus que jamais, à quel point le gamin de la Castellane, le champion du monde, l'artiste du Réal Madrid qui avait du batailler pour s'imposer dans le club le plus prestigieux d'Europe, l'homme d'affaires avisé et le sportif défenseur des jolies causes, incarnait un condensé des repères qui manquent à nombre de nos concitoyens. Au lieu de quoi on leur annonce une Europe en panne, des retraites improbables, la fin des 35 heures qui sont toujours légales mais ne veulent plus rien dire, la quasi inutilité des syndicats que naguère on voulait aider à se renforcer, l'irrésistible ascension du prix des carburants... et même l'éviction douteuse d'un Poivre d'Arvor qui fait un tabac d'audience le jour de son départ de Tf1.

Rien de plus facile, dira-t-onque de grossir le trait? Sans doute, mais comme on ne peut pas se réjouir chaque semaine de la libération d'une Ingrid Betancourt et rappeler Zidane en équipe de France ceux qui gouvernent ce pays pourraient au moins réfléchir à la façon de cesser de le prendre à rebrousse-poil et de ne lui annoncer que des mauvaises nouvelles. Ou à tout le moins de s'expliquer un peu mieux sur les réformes en cours.

Joël Aubert

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