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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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22/02/2024

De préférence et d’espérance

Le passé a ceci de commode qu’il éclaire le présent, jusqu’à l’instrumentaliser parfois. C’est le pendant aussi de ces temps de commémoration, toujours grandement politique, comme l’a été mercredi l’entrée au Panthéon de Missak et Mélinée Manouchian.

Passons sur les polémiques, ce serait trop servir ceux, ou celle, qui les provoquent à dessein. Mais la Mémoire en tout cas nourrit la réflexion et le plus largement possible, espérons-le. La jeunesse était nombreuse au Panthéon pour en développer ses propres bourgeons.

Emmanuel Macron, la France, les a tous reconnus : étrangers, apatrides, juifs, communistes aussi. La Résistance est désormais et plus que jamais, une et indivisible ; quels que soient les courants politiques, les chapelles, les origines et les sexes de ceux qui l’ont incarnée. Les Francs tireurs partisans et sa section Main d’Oeuvre Immigrée (FTP MOI), dont Missak était, aussi. Ils avaient tous la Liberté comme guide et une foi en l’humanité telle, qu’ils se savaient remplaçables.

Emmanuel Macron dans son discours, les a désigné, Missak et ses camarades de toutes origines, « Français de préférence ». La notion, par ailleurs belle, était au coeur de son discours. Elle interpelle. Elle résonne, et raisonne semble-t-il, à l’inverse d’un autre préférence, nationale, celle-là.

Il aura fallu 80 ans pour que Missak Manouchian, drapeau français sur son cercueil, soit adoubé comme tel. C’est bien tard, a reconnu lui-même le Président. N’est-ce là qu’un titre posthume réservé aux tragiques héros de la Nation ? Pourtant, ils sont nombreux et bien vivants à se reconnaître sans doute aujourd’hui dans cette désignation ; réfugiés, exilés, avec des noms compliqués, tout autant hors des cases que « Manouche », le métèque d’alors, à la naturalisation refusée. Alors, qu’est-ce qu’« un Français de préférence et d’espérance » en 2024 ?

Ils n’ont heureusement ces temps-ci pas à prouver leur engagement au prix du sang versé. Ils contribuent pourtant de mille et une manières au pays, mieux à la Nation. Par leur travail, que souvent les autres ne veulent pas, par leurs impôts, par leurs achats, par la naissance de leurs enfants, par leurs cultures aussi.

Le souffle qu’ils apportent, et ont de tout temps apporté, empêche la France de se recroqueviller sur elle-même, comme la feuille qui se cambre avant de disparaître totalement. Leur présence incarne ces trois valeurs universelles pour lesquelles le groupe Manouchian et tant d’autres ont combattu. On les lit encore sur nos écoles et nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité.

Pourvu qu’elles attirent encore longtemps.

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