L'ÉDITO
par Joël AUBERTLa crise de confiance appelle une nouvelle donne politique
L’Europe, l’Union européenne, n’a jamais connu depuis sa création une crise aussi grave, crise sociale que traduit ce chiffre insupportable de 19 millions de chômeurs, avec des situations encore inimaginables, il y a quelques années, dans un pays comme l’Espagne. Tout semblait lui réussir, à commencer par l’efficacité apparente d’une décentralisation, d’ailleurs fortement encouragée financièrement par l’Europe. Toute une partie de sa population ne survit, aujourd'hui, qu’en recourant au système D et à l’économie souterraine. A qui la faute ? Aux Institutions européennes au fond si peu démocratiques? Au Conseil européen sans réel pouvoir? A la Banque Centrale qui maintient un euro trop fort pour ne pas déplaire à l’Allemagne mais assure quand même les dettes de beaucoup ? A l’Allemagne, elle-même, qui ne veut pas relâcher sa discipline budgétaire ?
Si l’on en croit une partie du PS, président de l’Assemblée nationale en tête, il y a lieu, en tout cas, de lui demander des comptes, de la presser de soutenir une relance de l’économie. Voici qu’au sein du gouvernement le premier ministre, dans un bon allemand, rassure nos voisins et que Michel Sapin et Manuel Valls, appelés en renfort, cognent sur les dissidences socialistes. A droite, un Alain Juppé préfère enfoncer un autre clou et affirmer que « la France est totalement isolée » et « la confiance rompue avec l’Allemagne ». Impossible consensus mais, pire encore s’agissant d’un homme d’Etat comme le maire de Bordeaux, l’un des rares aujourd’hui de sa famille politique à être audible, voici une critique qui pèse nécessairement très lourd de l’autre coté du Rhin. Faudrait-il donc s’interdire d’exprimer un désaccord aussi net avec le pouvoir? Certes pas, mais le dépasser assurément.
Les incertitudes de la gauche au pouvoir d’une part, le tour que prend le débat politique franco-français d’autre part, accentuent la crise de confiance qui, aujourd’hui, est à la source de la récession qui mine l’économie française. Il suffit de regarder autour de soi, de solliciter les témoignages de responsables commerciaux de secteurs traditionnellement dynamiques de notre économie, pour prendre la mesure de cette réalité.
Ce rude constat ne fait que donner du crédit à la nécessité d’une nouvelle donne politique initiée par l’Elysée. François Hollande se doit de faire un peu plus que d’appeler les Français au « rassemblement »…Montrer qu’il peut les rassembler, en appelant des hommes et des femmes capables de dépasser les clivages idéologiques, des personnalités issues par exemple du monde de l’économie, de l’entreprise, des élus qui sur le terrain ont fait preuve d’innovation et d’efficacité. Et à défaut de pouvoir inverser la courbe du chômage, au moins faire remonter le baromètre de confiance des ménages.