icone plume

L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
14/04/2023

Comme un bélier autiste

Les Sages. C’est le nom que l’on donne aux neuf membres du Conseil constitutionnel, chargés de contrôler si oui ou non une loi votée par le Parlement est conforme à la Constitution. Il est vrai que si trois d’entre eux ont eu une carrière politique de premier plan, Alain Juppé, Laurent Fabius et Jacqueline Gouraud, les six autres sont plutôt des juristes, des grands commis de l’Etat ou d’anciens parlementaires qui se sont distingués discrètement par des travaux sur le bon fonctionnement de la machine démocratique plutôt qu’en déclarations tempétueuses devant les micros de la salle des Quatre colonnes.

Leur réputation de sages ne semble pas usurpée. Et du coup, on se demande pourquoi ils ne sont pas davantage consultés en amont. Voilà trois mois que le projet de réformes des retraites met le pays sens dessus dessous, au point que l’on ne parle plus que de ça, laissant la guerre en Ukraine au second plan et le roi Charles à la porte de l’Hexagone. Voilà trois mois que les enquêtes d’opinion martèlent que deux tiers des Français sont opposés à cette réforme. Voilà trois mois que le gouvernement, nonobstant les cortèges dans les rues, l’unité de l’opposition syndicale et l’agitation parlementaire, se bouche les oreilles et poursuit son objectif façon bélier autiste.

Cette réforme, quel que soit son avenir, laissera des cicatrices dans l’histoire d’amour entre les Français et leurs institutions qui apparaitront lors des prochains scrutins, avec davantage de voix à se porter vers les extrêmes ou encore plus radical : une abstention galopante. Emmanuel Macron élu sur une vague d’espoir du « en même temps » capable de rapprocher les points de vue, réélu pour écarter le Front national des rênes du pouvoir, aura finalement campé sur une montagne d’arrogance face à la représentation nationale, qu’elle soit parlementaire, syndicale ou populaire.

Exception française : en quittant l’Elysée, le Président deviendra automatiquement, s’il le souhaite, membre du conseil constitutionnel. Au terme de l’épisode, ce n’est pourtant pas le qualificatif de sage qui vient spontanément à l’esprit, le concernant.

Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

A lire ! Éditos précédents