L'ÉDITO
par Cyrille Pitois« C’est un peu court Jeune homme! »
Après les errements de la gauche en pleine recette de cuisine pour tenter de sauver les législatives, à coup de fusion absorption, voici que la droite plonge aussi dans le chaudron des petites manœuvres. En Gironde, Les Républicains n’ont aucun sortant. L’épisode 2017 et sa vague LREM leur avait couté très cher. Cinq ans plus tard, la contre-performance de Valérie Pécresse à la présidentielle 2022 finit de leur scier les pattes.
L’ancien maire de Bordeaux, Nicolas Florian, pourtant adoubé par Alain Juppé lorsqu’il a quitté le fauteuil de maire en cours de mandat, ne fait même pas semblant d’y croire. Sa candidature en tête de liste des régionales face à Alain Rousset en juin 2021 en avait surpris plus d’un, mais il avait tenu bon. Il avait su légitimé sa démarche au point d’arriver quasiment à égalité avec l’écologiste Nicolas Thierry et loin devant la ministre LREM Geneviève Darrieussecq. Il s’était d’ailleurs félicité de son propre résultat.
Quelques mois après la défaite à la mairie de Bordeaux au terme d’un cours mandat de un an et trois mois, face à l’écologiste Pierre Hurmic, le résultat aux régionales pouvait se lire comme un début de remontada.
Mais le voilà qui reste à l’écurie pour les législatives, alors qu’on le pressentait sur la ligne de départ. Il n’est pas le seul. D’un bout à l’autre de la région et de la France, de nombreuses personnalités prennent peur face au risque d’être défaits par les urnes et renoncent sans combattre. « C’est un peu court, jeune homme » aurait pu dire Edmond Rostand à ce troupeau de rétifs à aller faire campagne et tirer les sonnettes pour expliquer leurs convictions.
Faudrait-il, pour faire vivre la démocratie et progresser le débat d’idées, ne se mettre en marche que pour gagner assez de voix et se faire rembourser ses frais de campagne ? Ne jetons la pierre à personne : ces ténors ont sans doute mille bonnes raisons de ne pas se lancer. D’autant que l’on sait ce que ce type de campagne exige d’invectissement personnel.
Après tout, ils vont laisser leur place à des plus jeunes, des moins connus, des moins en-cour, qui vont gagner là une opportunité de se chauffer à l’exercice, de s’exercer à l’art du combat politique et de sentir le précieux réconfort d’une équipe de fidèles au soir de la défaite.
Et puis qui sait : peut-être ici ou là, l’un de ces « seconds couteaux » va s’offrir une place en finale pour le second tour, voire un fauteuil au Palais Bourbon, parmi un petit cercle de réfugiés de la tempête ? Chaque scrutin, en dépit des résultats pressentis et des situations présumées limpides, réserve son lot de surprises. Et il y aura peut-être quelques regrets au soir du premier tour.