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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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24/05/2024

Attal-Bardella : c’est le costume qui s’en sort le mieux

Ils avaient tous deux le costume et la cravate bleu marine ; certes l’un plus que l’autre. Tous deux la barbe fraichement rasée, les cheveux courts et impeccables. Deux têtes de « gendre idéal », rompus aux codes de la communication, aux sourires hypocrites, et entraînés à l’exercice du débat télévisuel. Deux enfants d’Emmanuel Macron ; certes l’un plus que l’autre. Deux clones. Sur la forme, en tout cas.

Suspense ou pas sur le contenu des arguments, pour France 2, en tous cas, la soirée de jeudi devait donner à voir un débat entre « deux visions de l’Europe » comme n’a cessé de le répéter la journaliste Caroline Roux. Comme si les Français, le 9 juin prochain, devant l’urne qui décidera du destin européen, n’avait le choix qu’entre ces deux-là. Pas vraiment ces deux-là d’ailleurs ; ceux qui voudront voter Attal le chercheront en vain sur les listes. Mais après tout, est-on à ce détail près quand ce qu’on espérait avant tout, c'est donner à ce débat européen l'allure d’un entre-deux-tours présidentiel... ? Le Premier ministre en place ne débattait-il pas d’ailleurs avec son successeur annoncé, si les choses devaient vraiment mal tourner ?

Candidat ou pas candidat, ce duel entre RN et REM, arrange les affaires des deux partis ; tant pour les élections européennes que pour les prochaines. Il est plus simple de se créer un unique adversaire politique, aux opinions qui plus est diamétralement opposées aux siennes, que de faire face à plusieurs opposants. L’électeur, de cette manière, à moins à réfléchir aux subtilités d’une pensée complexe et organisée mise en débat face à plusieurs autres pensées complexes et organisées. Merci de penser à nous. Pouce vers le haut ou pouce vers le bas, c’est plus simple ainsi pour tuer dans l’oeuf, un débat démocratique potentiellement riche pourtant.

Au final, néanmoins, l’un des vainqueurs de cette drôle de soirée, lui aussi en costume bleu marine (il n’y a au moins plus de doute sur la couleur à porter en plateau), c’est sans doute l’outsider François-Xavier Bellamy. Invité à « commenter » les échanges des deux orateurs précédents, il a critiqué cette étrange manière de penser le débat démocratique télévisuel, allant même, bon joueur, jusqu'à plaider la cause de Rafaël Glucksmann. À un demi point de la candidate du parti présidentiel, ce dernier avait dénoncé les conditions d’organisation de ce débat. Résultat, le candidat de la gauche, aura finalement lui aussi droit à son prime time, solo, le 28 mai prochain. Un bon coup sans doute, à deux semaines des élections, quelle que soit la couleur du costume.

Pour ne rien simplifier, il faut dire que là où, l’autorité de régulation, l’ARCOM, veille à une stricte égalité des temps de parole entre les candidats pour les élections présidentielles, elle préfère ici faire valoir un principe d’équité, apprécié au regard des résultats des précédentes élections et des sondages d’opinion. Trop complexe selon l’autorité de régulation, de mesurer précisément l’intégralité des prises de parole au vu du nombre et de la longueur des listes de candidats. Soit, mais le résultat de cette mesure du temps « équitable », laisse songeur.

Concrètement plus un parti est apprécié dans les sondages, plus il aura de temps de parole accordé. Un peu comme l’algorithme de certaine plateforme vous propose des contenus uniquement en fonction de ce que vous avez déjà apprécié. Au vu des résultats des précédentes élections européennes (RN en tête) et des sondages sur les intentions de votes (RN en tête), peu de chance donc, à moins d’une recherche volontaire active, que les plateaux télé, radio ou autres plateformes numériques vous proposent autre chose que les discours des partis en tête. Si vous avez l’impression de n’entendre parler que de Bardella, ou presque, réjouissez-vous, ou pas, c’est normal. Et le débat d'idée repassera.

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