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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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08/07/2024

Après les législatives, le calme avant la tempête ?

C’est un grand « ouf » de soulagement. Le RN n’est pas majoritaire à l’Assemblée nationale en 2024. Ni absolument, ni même relativement. Une très bonne chose, pour beaucoup de citoyens. Mais pour les autres, nombreux aussi, de plus en plus nombreux, ces résultats ont été sans doute une frustration de plus, se réconfortant ou se promettant que la prochaine fois serait la bonne. Et c’est peut être vrai. Le RN n’est pas majoritaire mais il est indéniablement le premier parti constitué de France. 

C’est là qu’on mesure toute l’immensité et la difficulté de la tâche à venir pour les futurs gouvernants issus de ces élections. Non seulement il faudra arriver à gouverner, sans majorité acquise a priori, ce qui s’annonce déjà comme une gageure, mais à gouverner « bien » aussi. A réussir ce pari immense de réduire le nombre des électeurs d’opportunité ou de lassitude du RN. Il faudra gérer la France mais aussi réussir à leur faire croire en l’avenir, donner des perspectives. À eux et à tous. Il ne s’agit pas non plus de décevoir les convaincus. Double gageure.

Les politiques, tout formatés aux principes de la Vème République qu’ils sont, entre majorité, opposition, hyper présidentialisation (car évidemment certains y pensent déjà, et de tous les côtés...) vont devoir changer de carte système et intégrer un autre principe de réalité . A une absence de majorité, s’ajoute un autre « caillou » dans la chaussure du premier groupe de l’Assemblée : le système bicaméral de notre République. L’Assemblée nationale ne fait pas seule la loi, le Sénat entre, et avec de plus en plus de force, dans l’équation. Un Sénat qui lui, penche à droite. Un Sénat, qui avant le 49.3 ayant permis au Gouvernement d’adopter la réforme des retraites, avait adopté un texte largement inspiré par la majorité sénatoriale de droite et du centre. Un Sénat dont le président lui-même avait plus que boudé l’inscription dans la Constitution du droit à l’avortement. Les quelques uns qui parlent déjà d’appliquer « le programme rien que le programme » du NFP semblent donc oublier, outre leur absence de majorité, quelques détails de la procédure législative française. Macron, en bon soldat de la Vème, a voulu a-t-il dit « clarifier » les choses. Résolument c’est un échec. 

Lui et ses gouvernements en « majorité relative » n’ont surtout (même s’il y a eu quelques exceptions) voulu entendre que majorité, à coup notamment de 49.3 ou de législation adoptée par décrets... Echec. Les nouveaux venus ne pourront fonctionner comme ça, les mêmes causes entraineraient les mêmes frustrations et les mêmes… échecs. De la même manière l'ouverture, le respect et la tolérance, la recherche du compromis devront être aussi du côté de l'ancienne majorité présidentielle. Avec des rôles inversés seront-ils à la hauteur de leurs attentes passées?

Après avoir rappelé en boucle dans l’entre-deux-tours, que le président et ses alliés avaient un peu trop vite oublié, dans l’exercice du pouvoir, qu’Emmanuel Macron ne devait son élection qu’à un vote anti - Le Pen, les nouveaux venus devront veiller eux aussi à ne pas tomber dans le même piège.  Nombre d’entre eux s’apprêtent à siéger en tant que députés grâce à un Front républicain qui a su fonctionner. Il faudra éviter le mépris, donc mais aussi « le bruit et la fureur », comme l’ont répété à plusieurs reprises Alain Rousset et Pierre Hurmic au soir de l’élection du 7 juillet.

Le négliger pourrait être fatal lors d’une prochaine élection. Un nouveau souffle, oui. La tempête surtout pas.

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