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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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11/08/2023

Après les fêtes de Bayonne, copie à revoir

L’édition 2023 des fêtes de Bayonne s’est achevée sur une fréquentation record de 1,3 million de visiteurs en cinq jours. Mais ce rendez-vous de la fête, du chant, de la culture sud-ouest et de la convivialité érigée en art de vivre s’est achevée sur plusieurs faits dramatiques.

Dès le premier soir, quelques minutes après l’ouverture des festivités, un homme qui rentrait chez lui et a surpris des individus en train d’uriner sur sa porte, leur a dit sa façon de penser. Il s’est fait tabasser, frapper avec une telle violence qu’il est mort quelques jours plus tard.

Les fêtes ont fait une deuxième victime. Une jeune fille passagère d’une voiture qui rentrait de Bayonne, conduite par un garçon qui n’avait pas son permis, a été blessée dans un grave accident sur l’autoroute. Elle aussi est décédée quelques jours plus tard. Le chauffeur inexpérimenté, sous cannabis, avait pris le volant, semble-t-il car il était le moins alcoolisé du groupe.

Par ailleurs au moins quatre plaintes pour viols ou agressions sexuelles ont été enregistrées.

Les comportements absurdes ou déviants de quelques-uns sèment le malheur. Le défoulement sans limite, l’alcoolisation excessive, le trafic et la consommation de drogues démultiplient les risques de dérapages. Bayonne est un lieu repéré par tous ceux qui recherchent une fête débridée au cœur de l’été, un défouloir à ciel ouvert. Aux Basques, aux Béarnais et aux Landais qui s’y retrouvaient au siècle dernier, certes pas pour n'y boire que de l’eau, mais avec un minimum de savoir-être et une forme de bonhommie, succède désormais une faune venue parfois de l’Europe entière avec des aspirations qui ressemblent plus aux fêtes de la bière en Allemagne qu’aux événements imaginés par la commission municipale des fêtes et les peñas, ces associations culturelles locales. Ce ne sont pas le corso nocturne, le réveil du roi Léon au balcon de l'hôtel de ville, ni le concours de lancer d'espadrilles qui attirent ce public-là. 

Avoir rendu une partie de l’accès payant, multiplier les actions de prévention contre les comportements excessifs et déployer des équipes de sécurité toujours plus nombreuses ne suffit plus. Ce n’est pas la première fois que des accidents dramatiques surviennent dans l'environnement de ce rendez-vous. Mais cette fois les Bayonnais sont choqués. Ils sont sortis dans la rue vendredi dernier, pour dire Aski ou Assez en langue basque. Ils ne supportent plus ces vies mises en danger dans un contexte où seule la joie et la convivialité sont traditionnellement de mise. « Ceux qui se joignent à nos fêtes n’ont pas les codes, » déplore une Bayonnaise venue manifester.

On pense évidemment aux familles endeuillées, aux vies traumatisées par les agressions. Faut-il tout arrêter et priver ceux qui aiment s'amuser d’un rendez-vous attendu ? Ou laisser faire en s’abritant derrière le million de fêtards bienheureux rapporté à une poignée de victimes ? Sans oublier le puissant levier économique pour les commerçants de la ville et les hébergements de la région. Un hôtel de la périphérie qui affiche la chambre à 49 euros en saison creuse propose la même chambre à 210 euros pendant les fêtes !

Aucun maire ne prendra le risque politique de casser une telle mécanique. Il ne serait jamais réélu. Mais la responsabilité conduit à s'interroger. Si le choix s'impose de poursuivre la tradition des fêtes (qui ne remonte qu’à 1932, initiée par une poignée de copains du club de rugby), il reste une petite année pour imaginer des mesures beaucoup plus draconiennes contre les dérapages mortels.

2 Comentaires

2 commentaires

  • francis cazauran, le 12/8/2023 à 06h32

    avec 1.3 million visiteurs, les incidents sont inévitables là ou ailleurs…


  • Parrot, le 11/8/2023 à 17h27

    Monsieur le maire, je suggère un super dispositif de surveillance vidéo pour «  choper » les fauteurs de trouble, même lorsqu’ils fuient par les ruelles!
    Pour cela, le temps des fêtes, il faut une montgolfière au dessus des foules,bardée de caméras infrarouges, tous azimuts, afin d’extraire les images qui aideraient les autorités,si nécessaire. Pour l’avenir des fêtes et leur renommée, il vous faut investir.


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