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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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31/10/2010

Alain Juppé au gouvernement ? Quelques bonnes raisons d’y aller

Ce propos d'un bordelais qu'on ne soupçonne pas de voter UMP mais qui ne craint pas de défendre le bilan d'Alain Juppé en tant que maire, résume le sentiment de nombre de gens à l'approche du remaniement ministériel. Au moment où s'estompe une crise sociale dont la réforme des retraites était le cœur, le maire de Bordeaux s'apprêterait à entrer dans le prochain gouvernement que l'on prédit resserré. Un gouvernement que Nicolas Sarkozy choisira en fonction d'un seul et unique objectif : l'aider à regagner la confiance perdue avant d'entrer pleinement en campagne pour sa réélection en 2012.

Pour résumer l'interrogation de ceux qui établissent une vraie différence entre un Juppé homme d'Etat et l'homme au pouvoir à l'Elysée, un mot l'emporte, en première analyse : incompréhension. Beaucoup ne comprennent pas, en effet, que l'ancien premier ministre accepte d'aider Nicolas Sarkozy dans son entreprise de reconquête. Ils le comprennent d'autant moins que Juppé et ses proches n'ont, au fond, que peu de considération pour ce président qui donne de la fonction une image souvent contraire à la pratique de la V° République. Faut-il ajouter que sommeille en eux la certitude que Juppé ferait un bien meilleur président des Français que l'actuel hôte de l'Elysée ?
Ces arguments ne prennent pas en compte le désir profond du maire de Bordeaux d'être utile au pays, et pas seulement le temps d'une mission d'études sur un grand emprunt. Juppé appartient à la famille de ces élus qui, lorsqu'ils ont connu le plus haut niveau des responsabilités et se sentent en bonne forme, vivent avec l'idée que l'action publique a besoin d'eux et pas seulement dans leur ville, fût-elle Bordeaux. Dans son cas, l'âge, 65 ans et l'expérience acquise, ainsi que les épreuves endurées, ne peuvent que légitimer ce retour. Et, n'en déplaise à Nicolas Hulot qui plaide pour une nomination au ministère de l'Ecologie, on imagine aisément qu'Alain Juppé ne dédaignerait pas de se voir confier un grand ministère des Affaires sociales comme il en est question, ces jours-ci. Et, bien entendu, le plus éloigné possible d'un Jean-Louis Borloo, si celui-ci devait succéder à François Fillon. Après le calamiteux épisode d'une réforme desretraites mal négociée, Juppé ne manquerait pas de dispositions pour renouer le dialogue avec des syndicats qui ont besoin d'être écoutés après avoir été, objectivement, soutenus par une grande partie de l'opinion. Le maire de Bordeaux y trouverait, par la même, l'occasion d'effacer quelque peu le souvenir d'une réforme qui allait causer sa perte en 1997, après la dissolution décidée par Jacques Chirac.
Et, comme l'histoire n'est jamais écrite, dix neuf mois avant une présidentielle qui peut réserver bien des surprises, confirmer la chute de popularité de Nicolas Sarkozy et placer la gauche en situation de grand déchirement, Alain Juppé peut penser, sans jamais l'avouer, qu'un ministère comme celui des Affaires sociales lui redonnerait une notoriété digne de ses capacités. Et, ce n'est pas parce qu'il n'a pas cessé de déclarer qu'il ne serait pas candidat contre l'actuel président qu'il ne pourrait pas changer d'avis, si les circonstances l'y autorisaient.

Joël Aubert

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