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L'ÉDITO

 par Solène MÉRIC Solène MÉRIC
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27/06/2022

Agir contre l’abstention, c’est maintenant

L'abstention, pour ceux qui votent, c'est énervant, agaçant, frustrant. Plein de « pourquoi » et surtout plein de « et si ». Et ça l'est d'autant plus quand le résultat final ne correspond pas aux souhaits du citoyen, comme si l'évidence voulait que ceux qui ne votent pas auraient, forcément, voté comme nous, si seulement ils s'en étaient donnés la peine. Un don de télépathie étrange, et faux. C'est bien tout le cri du silence de ceux qui ne votent pas, d'exprimer justement qu'ils ne souhaitent pas s'exprimer, pas de cette manière en tout cas.

A chaque élection pourtant le « bon » citoyen, celui qui voit dans le vote, à tort constitutionnellement parlant, « plus un devoir qu'un droit », garde au fond toujours un peu l'espoir, même mince, que cette-fois ci peut-être, ça ira mieux, ou à tout le moins, ça ne pourra pas être pire. Mais l'abstention, et son inéluctable avancée n'est pas, n'est jamais en réalité, une surprise. C'est bien une forme d'hypocrisie, de nos politiques en premier lieu (mais pourquoi pas aussi des médias, la preuve), que de se gargariser, la mine effondrée, sur le thème de l'abstention et de son danger pour la démocratie, une fois les élections passées.

 

La plus désespérante des abstentions est bien celle en vérité de l'inaction politique pour tenter d'y remédier. Combien de fois n'a-t-on lu ou entendu d'hommes et de femmes politiques, dire, depuis des décennies, cette même phrase exprimée notamment par Alain Rousset ce lundi, en séance plénière du Conseil régional : « la terrifiante abstention doit nous faire réfléchir ». L'intention est sans doute sincère, mais vite oubliée.


Ne peut-on pas estimer aujourd'hui, à 26 125 084 abstentions, que la phase de réflexion a assez duré ? A moins que l'on ne réfléchisse au mauvais sujet : plutôt que de s'arc-bouter (mais le fait-on vraiment?) sur l'abstention, pourquoi ne pas changer de lunettes et valoriser, plutôt, son extrême opposée : la participation. La participation au vote, et au-delà. Ces jeunes qui ne votent pas, cibles préférés des donneurs de leçon post élection, participent pour un bon nombre d'entre eux à la vie de la cité, voire de la planète. Ils s'engagent (et pas que les urbains), manifestent, font passer des messages, ont une conscience citoyenne. En vérité, beaucoup ne sont pas silencieux.

Le succès des budgets participatifs le montre aussi : de nombreux citoyens s'impliquent dans ces démarchesAu niveau des communes ou même des départements, à l'image de celui de la Gironde, les conseils citoyens, dont les noms parfois varient au gré de leurs domaines de compétence, trouvent toujours de nombreux volontaires pour y siéger.

 

Il y a donc bien quelque chose à faire, tant sur le fond, évidemment, que sur la forme, pour valoriser cette participation citoyenne en participation électorale. Sans doute expliquer mieux, dès l'école, les enjeux, les institutions, l'histoire peut-être, responsabiliser, ouvrir le débat, éclaircir les compétences et rôles des élus, imaginer d'autres formes de vote (électronique notamment), plus de consultations, de concertations... Donner des clés, en créer de nouvelles, tester, innover. Bref, oser agir pour que la source de la légitimité démocratique, le vote citoyen, pour lequel tant de peuples se battent encore à travers le monde, ne se tarisse dans notre pays par simple inattention et fatalisme.

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