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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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12/01/2014

70 ans après les rafles antijuives, l’indispensable réveil de la mémoire

Osons reprendre, ici, pour faire mémoire de ces horreurs l'article 5: "Les juifs ne pourront, sans condition ni réserve, exercer l'une quelconque des professions suivantes: Directeurs, gérants, rédacteurs de journaux, revues, agences ou périodiques, à l'exception de publications de caractère  strictement scientifique... Directeurs, administrateurs, gérants d'entreprises ayant pour objet la fabrication, l'impression, la distribution, la présentation de films cinématographiques; metteurs en scène et directeurs de prises de vues, compositeurs de scénarios, directeurs, administrateurs, gérants de salles de théâtres ou de cinématographie, entrepreneurs de spectacles, directeurs, administrateurs, gérants de toutes entreprises se rapportant à la radiodiffusion..."

Rappeler ces textes qui ne sont qu'une infime partie de l'arsenal scélérat conçu par Vichy c'est, aussi, sans céder à la tentation si répandue de l'amalgame, l'occasion de pointer les abominations de l'humoriste Dieudonné désignant un confrère de France Inter, Patrick Cohen, en regrettant le temps des chambres à gaz. Sous les traits de l'humour il banalisait la haine, entraînant dans son sillage celles et ceux qui, aujourd'hui, cherchent un exutoire à leur rejet du système. Et, qui, au nom de la liberté d'expression sont prêts à entendre et défendre les pires insanités, à moins qu'elles ne nourrissent l'antisionisme qu'il faudrait regarder, si l'on comprend bien les esprits échauffés de certaines communautés, avec une dose de tolérance, puisque là il ne serait pas question de haine du juif. Evidemment, tout cela ne peut être toléré dans une démocratie; la nôtre et ceux qui la représentent, au plus haut niveau, ne pouvaient l'accepter.

Pour autant, à l'heure où le net qui est un formidable outil de partage autorise le meilleur, faut-il laisser s'installer le pire sur les réseaux sociaux? Considérer que les choses s'apaiseront avec le temps? Sans doute, car les thuriféraires d'un personnage comme Dieudonné ne doivent pas s'installer dans le confort des opprimés de la liberté d'expression. Au contraire, il faut relever le gant de cette misérable panoplie de la haine qui naît, aussi, si souvent de la sottise colportée et de l'inculture.

Le souvenir des rafles comme celle de janvier 1944, déjà ravivé lors du procès Papon, le témoignage d'un Boris Cyrulnik, les débats qui en ce mois où la mémoire est réveillée, sollicitée, sous ses aspects très divers, sont une occasion de rappeler que la démocratie française, sous l'empire de la défaite, a pu basculer dans le pire. Dans la collaboration et aller jusqu'à autoriser la déportation des juifs, se rendant complice de la solution finale, des camps de la mort. Pensons, ici, à tous ses jeunes gens, le plus souvent irresponsables, à leur ignorance de l'histoire et des valeurs de la République qui leur permet des gestes d'une grande ambiguïté. C'est vers eux qu'il faut aller, vers eux que les institutions doivent aller et rappeler l'essentiel et dire l'impossible. L'interdiction d'un spectacle n'est qu'un épiphénomène.

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