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PUBLIÉ LE 02/01/2007 PAR Catherine BoulangerS’il fait gris de ce côté des Pyrénées, il peut faire grand beau temps de l’autre côté. Excursion « tras los montes » dans la clarté réjouissante du sud.
Au royaume de la lumière
Lorsque le ciel basque ou béarnais pleure de tristesse – ça arrive ! – un remède anti-spleen existe qu’il est facile de s’auto-prescrire : on franchit la frontière. La climatologie pyrénéenne offre en effet cette particularité, vérifiée neuf fois sur dix, de vous transporter en quelques minutes dans une tout autre ambiance. Le phénomène est encore plus magique, lorsqu’on choisit, pour ce faire, d’emprunter le tunnel du Somport : on quitte la France dans le brouillard et on sort, 8600 mètres plus loin, dans une clarté réjouissante. Saisissant !
Nous voici en Aragon, à l’évidence sous une autre latitude. Au printemps, les champs de blé et d’amandiers y sont plus verts entre les crêtes ocres, érodées et pierreuses des sierras. L’été le paysage est couleur de paille. Les Pyrénées, lorsqu’on se retourne, offrent vers le nord des nuances pastel, de gris et de vert et l’hiver, un admirable feston blanc unit les rondeurs de Navarre aux sommets de la Maladetta. Comme en Castille, les perspectives s’élargissent. L’espace cultivé ou aride, propose des sensations de liberté. De solitude aussi. Les ermitages sont nombreux. Les villages sont rares. Ils ont souvent des noms aux consonances arabes. La route E7 – passée la gare pharaonique de Canfranc abandonnée aux herbes, Jaca et sa citadelle tutélaire, et le col de Monrepos – vous aspire vers le sud, vers Saragosse Teruel ou Madrid.
Il faut savoir se soustraire à cette attraction méridionale pour prendre les chemins de traverse du Haut-Aragon qui propose un formidable catalogue de sites naturels et de vestiges laissés au fil de l’histoire par les Ibères, Romains, Lombards, Arabes.
Difficile de manquer los Mallos de Riglos, falaises monumentales de grès rouge, paradis de l’escalade. Non loin, il est impératif de visiter le château de Loarre (XIème), l’un des plus beaux d’Espagne, citadelle imprenable d’où les catholiques de la reconquista contrôlaient la plaine de Huesca. Et comment éviter le mythique monastère de San Juan de la Peña (Xème – XIIème), panthéon des rois d’Aragon, encastré dans une impressionnante falaise !
Trois visites indispensables auxquelles vous pourrez ajouter la collégiale de Bolea, la cathédrale de Huesca, ou, plus à l’est en direction de Barbastro – belle région viticole du Somontano – la merveilleuse forteresse arabe d’Alquezar, porte d’entrée de la Sierra de Guara avec ses somptueuses gargantas aux eaux vertes, très recherchées par les adeptes du canyoning. Et puis encore le massif du Mont Perdu et le parc de Ordesa…
Un gros week-end RTT n’y suffira pas. Bonne raison pour revenir inventorier de façon plus exhaustive les trésors de cette attachante terre d’Aragon, aux contrastes si forts, ainsi que sa capitale Saragosse, fière et dynamique, qui vaut à elle seule le voyage.
Jean-Michel Guillot
