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PUBLIÉ LE 10/09/2008 PAR Gilbert GarroutyLes vendanges des cépages blancs ont commencé ces jours-ci en Gironde, et c’est donc le moment ou Sémillon et Sauvignon disent leur vérité. Or, celle-ci confirme les craintes des vignerons: pour les bordeaux et bordeaux supérieurs la récolte de blancs s’annonce déficitaire de 30% environ avec des rendements qui ne dépasseront pas 30 ou 40 hl à l’hectare. Bernard Farges a indiqué que c’est la conséquence de la situation climatique défavorable de 2007 qui a amputé fortement la sortie de grappes, en particulier pour le Sémillon, mais aussi de celle de cette année avec le gel du 7 avril, et la pression constante du mildiou. En revanche, la qualité de ces blancs s’annonce plutôt satisfaisanteces petites quantités étant en principe facteur de qualité. Les perspectives étant également défavorables dans les autres régions de production, le marché des blancs devraient continuer à connaître une embellie. Le négoce recherche d’ailleurs activement des partenariats avec les viticulteurs pour se couvrir, mais il n’est pas exclu qu’il fasse appel aux vins de l’hémisphère sud. En tout cas le prix moyen des vins blancs pour 2007 s’établit pour les bordeaux et bordeaux supérieurs à 1030 euros (le tonneau de 900 litres) en hausse de 20%.
Rouges: déficit aussi
Cependant pour Bernard Farges, cela ne suffit pas à améliorer la situation économique des entreprises qui sont aux prises avec les faibles rendements et la baisse des chiffes d’affaire. Selon lui, il règne même une « ambiance compliquée » dans le vignoble, bien que la mise en place de la réforme de l’AOC se soit déroulée dans de bonnes conditions. Du côté des rouges, la situation est plus satisfaisante pour ce qui est de la récolte, mais celle-ci s’annonce tout de même déficitaire. Le cépage Merlot a notamment connu coulure et millerandage (mauvaise fécondation qui se traduit par des petits grains verts atrophiés), et le mildiou a été difficile à combattre. Pour les bordeaux et bordeaux « sup » la production pourrait être inférieure de 10 à 15% à celle de l’an passé (rappelons que ces appellations représentent 55% de la production totale du vignoble bordelais). Pour ce qui est de la qualité des rouges, elle dépend pour beaucoup du climat des prochains jours.
Export : le retour des Anglais
Le marché est donc sous le coup de ces prévisions de récolte pessimistes, lesquelles se cumulent avec les conséquences de l’arrachage d’un millier d’hectares. Pour les bordeaux « sup » (qui ne peuvent encore comme ils le demandent, s’appeler « premiers crus ») les cours sont déjà en progressionde 6% pour le millésime 2007. Globalement les exportations sont en hausse de 3%, mais ce chiffre cache des situations bien différentes. Les faits marquants sont une progression de 72% vers la Chine, mais surtout un revirement du marché anglais en hausse de 13%. On se détourne des vins australiens de l’autre côté de la Manche, et c’est une fort bonne nouvelle pour Bordeaux. Il n’en reste pas moins que la situation économique de nombre d’entreprises demeure préoccupante, et qu’elle va le rester en raison des faibles volumes. Bernard Farges prévoit des situations difficiles au printemps 2009 lorsque les banquiers traîneront les pieds pour financer la nouvelle campagne….
Gilbert Garrouty
Bernard Farges (ph Aqui)
