Une micro-algue au pouvoir thérapeutique pour soigner l’acné


Les chercheurs de l’Ifremer cultivent les microalgues sur un banc de phénotypage

Les chercheurs de l’Ifremer cultivent les microalgues sur un banc de phénotypageO. Dugornay

Les chercheurs de l’Ifremer cultivent les microalgues sur un banc de phénotypage

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/06/2022 PAR Corinne Merigaud

Retenez bien son nom Skeletonema Marinoï, cette micro-algue très présente sur la côte atlantique pourrait être la solution naturelle pour traiter l’acné. Après plus de trois ans de collaboration entre le laboratoire Physalg de l’Ifremer, la laboratoire Peirene de l’Université de Limoges, le LIENSS (littoral environnement et sociétés) du CNRS de La Rochelle et le CHU de Nantes, un brevet a été déposé à l’automne dernier. La technologie est désormais entre les mains d’un industriel de la cosmétologie qui doit trouver la bonne formulation thérapeutique.

Et la lumière fut ! Telle pourrait être la conclusion de cette recherche menée durant trois ans par l’Ifremer, en collaboration avec les deux laboratoires universitaires de Limoges et La Rochelle ainsi que le CHU de Nantes. Grâce à leur expertise reconnue sur les photosensibilisateurs appliqués aux antimicrobiens, les enseignants chercheurs du laboratoire Peirene de Limoges ont apporté une avancée décisive dans ce programme de recherche financé par l’Ifremer. Leur découverte devrait permettre aux ados (mais pas seulement) de traverser cette période difficile où leur peau est mise à mal par ces gros boutons blancs disgracieux. Pas question bien entendu de s’appliquer cette micro-algue directement sur la peau ! L’effet ne serait probablement pas à la hauteur de leur attente… 

Les microalgues aux vertus thérapeutiques contre l’acnéR.Kaas

Les microalgues aux vertus thérapeutiques contre l’acné

Des micro-algues sensibles à la lumière

Il aura fallu trois ans pour mettre au point un procédé scientifique à partir de la Skeletonema Marinoï. « Jean-Baptiste Bérard, chercheur à l’Ifremer m’a contacté car il connaissait le savoir-faire de notre laboratoire sur les photosensibilisateurs aussi bien en chimie qu’en biologie », raconte Vincent Sol, enseignant chercheur au laboratoire Peirene. « Il faisait suite à un projet ANR mené avec le CHU de Nantes et le LIENSS de La Rochelle visant à extraire des molécules des photosensibilisateurs d’algues pour de la photothérapie anti-cancéreuse mais faute de financements, le projet s’est arrêté au bout de trois ans. Il voulait relancer le projet et je lui ai suggéré une application antimicrobienne. Depuis 1998, nous étions les seuls en France à développer cette technique.»

L’objectif est donc d’extraire des photosensibilisateurs d’algues, de les identifier de les utiliser en cosmétologie afin d’ innover dans ce domaine où il y a moins de contraintes en termes d’autorisation de mise sur le marché. « Je m’intéressais à l’acné depuis quelques temps ajoute-t-il, on connaît celui des adolescents mais l’acné des adultes est très difficile à traiter également avec des problèmes de peau atopique liés à la pollution. » 

Vincent Sol enseignant chercheur au laboratoire Peirène à Limoges a travaillé deux ans avec quatre de ses collègues

L’Ifremer va alors mobiliser un budget d’environ 250 000 euros pour ce nouveau projet. L’institut cultive des micro-algues, celles-ci poussent dans des bioréacteurs. Des pigments en sont ensuite extraits. « Nous avons isolé des fractions de pigments pour caractériser les produits à l’intérieur et nous avons réalisé les tests antimicrobiens, il faut une lumière pour activer les molécules photosensibilisatrices, la lumière naturelle, celle d’un smartphone ou d’une lampe torche. Quelques minutes suffisent pour que la molécule agisse. C’est le principe de la photothérapie dynamique.»

Un industriel travaille sur une formulation

Les chercheurs limougeauds ont découvert qu’un extrait naturel issu de cette micro-algue, lorsqu’il était activé par la lumière, pouvait agir contre les trois souches de bactéries responsables de l’acné à savoir Cutibacterium acnes, Staphylococcus aureus et Staphylococcus epidermidis. Et c’est l’effet kisscool car il peut aussi réduire la production de sébum à l’origine de l’acné . Deux ans auront été nécessaires pour mettre au point la culture de ces bactéries à l’origine de l’acné. Les chercheurs ont ensuite déterminé le niveau de concentration de lumière afin d’inhiber leur croissance voire de les tuer.

Pour les formes légères à modérées d’acné, ce nouveau traitement éviterait de recourir à des traitements classiques pouvant entraîner rougeurs ou sécheresse de la peau.

L’étape finale consiste maintenant à formuler un produit pouvant être appliqué sur la peau sous forme de crème ou pourquoi pas, d’un spray, une démarche qui pourrait durer deux ou trois ans. «  Un grand groupe de cosmétologie procède actuellement à des essais pour créer une formulation » précise Vincent Sol, « il va devoir réaliser des études de toxicité pour s’assurer de l’innocuité de la molécule et vérifier qu’il n’y ait pas d’effets secondaires. J’espère qu’un produit sera mis sur le marché. Cette micro-algue est facile à cultiver et l’Ifremer sait faire. » Réponse dans quelques mois…

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