Une marée humaine à Pau pour défendre la liberté d’expression


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Une marée humaine à Pau pour défendre la liberté d’expression

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/01/2015 PAR Jean-Jacques Nicomette

Samedi, bien avant le début de la manifestation, la place Clemenceau est déjà noire de monde. « Je suis très étonnée de constater une telle affluence,  impressionnée aussi par cette mobilisation spontanée. C’est très rassurant pour la démocratie» confie une enseignante venue de Capbis-Mifaget. Pour soutenir Charlie Hebdo, elle vient de prendre un abonnement au journal satirique. « Car, quoi que l’on ait pu penser de ce qu’il publiait, il existe un principe fondamental dans notre pays : la possibilité de s’exprimer librement».

Sur la place Clemenceau, un seul drapeau tricolore avec, collé en son centre,

L’amie qui l’accompagne sait, comme tout le monde, que d’autres attentats peuvent survenir. «Ils sont commis par des cellules mouvantes qui passent sous les radars de la police. Il ne faut pas pour autant baisser la garde, et céder à la peur. Ce qui importe, c’est de maintenir une unité nationale, et de refuser les amalgames qui consistent à opposer les communautés entre elles ».

Le choc et la stupeurLe discours est le même partout. Non loin de là, trois jeunes gens reviennent sur « le choc et la tristesse » ressentis lors de l’annonce de l’attentat. « Un acte honteux » lâche l’un d’eux. Là aussi, le refus des amalgames est évoqué. « Je me suis tout de suite dit que cela allait servir de caution à l’extrême-droite »analyse Laure, 27 ans, qui travaille comme conseillère agricole.

Au diable la langue de bois ! A une époque  où l’information circule très vite, partout, tout le temps, la manière dont les médias peuvent être amenés à couvrir un événement suscite également une interrogation. « On donne de l’info toutes les minutes. Ce n’est que de l’audimat. Tout est géré comme la télé-réalité. Pour avoir le scoop, on envoie un flot d’éléments dont on s’aperçoit ensuite qu’ils peuvent être faux. Alors que le principe sur lequel repose le terrorisme, c’est justement de créer le choc et la stupeur. Le meilleur moyen de ne pas s’embarquer dans un tel processus, ce serait de prendre un peu de distance ».

Mathieu, un ouvrier du bâtiment de 37 ans, n’en souligne pas moins le rôle essentiel joué par les journalistes. « C’est la première fois que je me sens blessé à l’échelle de mon pays, que j’ai le sentiment de voir la France être attaquée en tant que telle » dit-il. « Empêcher la presse de faire son travail, c’est comme plonger les gens dans le noir ».

Un cortège interminable, sous le glas de Saint Jacques

Parmi les marcheurs, François Bayrou.

Vers 11h30, sur la place Clemenceau, la foule est devenue énorme. « Merci de bien vouloir quitter le haut du parvis. Car les autorités vont arriver » lance au micro un organisateur maladroit. Des huées et des sifflets lui répondent, façon Charlie Hebdo. Les autorités en question, parmi lesquelles figurent François Bayrou et les élus de l’agglomération, entrent tout simplement dans la foule, au contact des manifestants. Les politiques apprennent vite.

En tête, des lycéens ont été invités à tenir la banderole sur laquelle a été écrit « Nous sommes tous Charlie ». L’immense cortège s’ébranle pour effectuer un parcours sinueux dans le centre-ville, où les cloches de l’église Saint Jacques sonnent le glas. Le défilé est interminable.  Lorsque les premiers manifestants reviennent sur la place Clemenceau, les derniers ne l’ont pas encore quittée. Incroyable. « 35 000 à 40 000 personnes » estime le maire. Plus de 30 000, évalue la Police.

« Une manifestation de citoyens »

Pendant la minute de silence, l'émotion est palpable

A l’heure de la prise de parole, tristesse et indignation sont les premiers mots prononcés par François Bayrou. « Il fallait montrer que l’on ne laisserait pas la liberté d’expression et de pensée être menacée en France » dit-il, après avoir rendu un hommage aux victimes des terroristes.

« Cette marche n’était pas organisée par des partis politiques ou des appareils. C’était une manifestation de citoyens » ajoute l’édile . Avant de rappeler ce qui se joue ici : « ne pas laisser compromettre ce que l’on a de plus précieux et qui nous permet de vivre ensemble. Ne nous divisons pas. Parce que c’est ce qu’ils cherchent : communauté contre communauté, opinion contre opinion. La volonté qui est la nôtre est que nous ne nous laissions pas séparer. Car il se peut que cela ne soit pas fini, que d’autres horreurs, un jour ou l’autre, soient reconduites. Nous devons être comme un métal inaltérable, tous ensemble ».

Une minute de silence est demandée. Puis la Marseillaise est entonnée avant que les manifestants soient invités à rejoindre le buffet solidaire organisé dans le parc Beaumont par les compagnons d’Emmaüs. Des applaudissements éclatent également pour saluer, une fois encore, Charlie Hebdo. « Liberté ! Liberté ! » crie une dame dans la foule.

Un buffet solidaire a été organisé par les compagnons d'Emmaüs


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