Une Maison de gendarmes pour protéger les familles


Chaque département est désormais doté de sa Maison de Protection des Familles, une unité de gendarmerie spécialisée sur les violences intra-familiales. Le point à Pau, avec Mai-Lan Tarnier, commandante adjoint de la MPF 64, 2 ans après sa création.

Adjudante Mai Lan TarnierSolène MÉRIC | Aqui

Adjudante Mai-Lan Tarnier, commandant adjoint de la Maison de Protection des Familles 64

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 04/12/2023 PAR Solène MÉRIC

Pau, Bayonne, Orthez, Saint-Pée-sur-Nivelle, Saint Palais… Le planning de la dernière semaine de novembre a été chargé pour l’équipe des cinq gendarmes de la Maison de protections des familles du département, au sein de la caserne Abadie à Pau, au groupement de Gendarmerie départementale des Pyrénées-Atlantiques. De nombreux déplacements spécifiquement organisés dans le cadre de la Semaine de lutte contre les violences faites aux femmes pour assurer une des missions premières de la MPF : la sensibilisation et la prévention de ces violences. Au menu plusieurs conférences, cinés-débats, tenues de stands dans les centres commerciaux…

Des gendarmes formés et volontaires

Des opérations de prévention menées en réalité tout au long de l’année par la MPF en partenariat avec de nombreux acteurs de terrain. Et pas uniquement sur le sujet des violences faites aux femmes. « On fait beaucoup d’interventions en milieu scolaire sur des thématiques telles que le harcèlement, les violences de manière générale, mais aussi auprès d’associations ou dans diverses structures, comme des ESAT, des ADMR ou encore auprès de professionnels ; pompiers, centre d’appels d’urgence ou polices municipales avec qui nous travaillons » détaille l’adjudante Mai-Lan Tarnier.

S’assurer de la prise en compte globale de la victime, c’est l’objectif essentiel et principal.

Si l’unité agit sur le front de la prévention c’est que ses membres sont des gendarmes formés et volontaires, pour travailler sur le sujet des violences. « Au début nous avions surtout vocation à intervenir sur les violences intra-familiales (VIF) mais notre secteur d’intervention s’élargit : le public désormais ce sont les personnes vulnérables, que ce soit des personnes âgées, en situation de handicap, des victimes particulièrement choquées et bien sûr les mineurs qui font partie intégrante de nos missions ».

5 gendarmesMPF64

L’équipe de la MPF 64 est intervenue en soutien de 500 procédures depuis la création de la structure en octobre 2021

Une mission de prévention qui vient en complément évidemment de la mission judiciaire de la MPF. « C’est notre mission principale, l’appui judiciaire auprès des unités de Gendarmerie de l’ensemble du département. Chacune est désormais dotée en moyenne de 2 gendarmes référents VIF, formés ou sensibilisés au sujet ». La structure apporte un renfort technique ou opérationnel, dans le traitement, la prise en charge et le suivi des affaires.

« Les unités nous sollicitent pour un conseil, un avis mais aussi pour s’assurer de la prise en compte globale de la victime, ce qui est l’objectif essentiel et principal. Si à côté du judiciaire, il y a un volet social ou santé à traiter, on peut remonter vers les partenaires adéquats. », explique la commandante adjointe de cette unité pas comme les autres, très intégrée au réseau de lutte contre les violences intra-familiales. Elle est d’ailleurs quotidiennement saisie par les associations pour, par exemple, amener les victimes à déposer plainte. « La judiciarisation, c’est la seule manière d’assurer une protection complète de la victime », appuie-t-elle.

Les salles « Mélanie »

Les personnels de la MDF sont notamment régulièrement sollicités par leurs collègues pour réaliser des auditions de mineurs victimes, ou témoins, de violences physiques, sexuelles ou de harcèlement, dans et hors la sphère familiale. Des entretiens qui se déroulent en salle « Mélanie » « du nom de la première enfant entendue sous ce format dans les années 90 ».

Destinées au recueil de la parole et de la gestuelle de l’enfant, ces salles (4 dans le départements) sont « confortables, mais sobres pour que l’enfant soit à l’aise sans risquer de le distraire ou le déconcentrer », et équipées d’une caméra et d’un micro. « Enregistrer la discussion évite la prise de notes sur ordinateur qui peut être un obstacle entre l’enquêteur et la victime. Tout est ensuite retranscrit par écrit et joint à la procédure », explique la gendarme.

une salle d'audition pour les enfants victimes de violencesMPF 64

La salle Mélanie à Pau, équipée d’une caméra. Sa décoration est assez neutre avec une table transparente, qui permet aux gendarmes de visualiser la gestuelle. Les jouets restent en salle d’attente.

Quant à l’entretien en lui-même, il suit un protocole structuré qui a pour objectif de recueillir la parole de l’enfant (dès 3 ou 4 ans) « en obtenant un maximum de détails, de la manière la plus authentique possible par l’utilisation d’un questionnement ouvert et adapté aux capacités de l’enfant », explique l’adjudante Tarnier.

Entre janvier 2023 et octobre 2023, les enquêteurs de la MPF ont réalisé près 130 auditions de mineurs victimes, « c’est un chiffre en augmentation par rapport à la même période l’année dernière ». En outre sur le département, 17 enquêteurs ont été spécifiquement formés aux auditions de mineurs au centre de formation à Rosny-sous-Bois, et 32 y ont été « sensibilisés » par les formatrices relais de la MPF de Pau.

Avant 2021, dans les Pyrénées-Atlantiques, il n’existait aucune brigade spécifiquement compétentes sur ces questions de violence intra-familiale, contrairement à d’autres départements dotés de Brigades de Prévention de la Délinquance Juvénile, dont les MPF ont pris le relais. Depuis sa création, la MPF 64 a apporté son soutien à plus de 500 procédures. Une création nécessaire.

Les chiffres qui effraient

Depuis janvier 2023, en comparaison à la même période de l’année précédente, le Groupement de Gendarmerie des Pyrénées-Atlantiques a constaté :

+ 3% de faits de violences envers les femmes (hors violences conjugales) 
-10% de faits de violences conjugales envers les femmes
+ 8% de faits de violences sexuelles (conjugales et hors conjugales)
60% des victimes d’atteintes volontaires à l’intégrité physique sont des femmes
80% des victimes de violences conjugales (coups et blessures) sont des femmes
88% des victimes de violences sexuelles sont des femmes

Infos pratiques !

La liste des MPF sur le territoire néo-aquitains
MPF33 à Bordeaux / MPF16 à Angoulême / MPF17 à La Rochelle / MPF19 à Tulle / MPF23 à Guéret / MPF24 à Périgueux / MPF40 à Dax / MPF47 à Agen /
MPF64 à Pau / MPF79 à La Crèche / MPF86 à Poitiers / MPF87 à Limoges

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