Une exposition d’objets collectés dans les ruines d’Oradour


Le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane propose une exposition inédite "Oradour objets en héritage" dévoilant des objets collectés après le massacre du 10 juin 1944 ayant appartenu aux habitants du village.

du verre fonduCorinne Merigaud | Aqui

Environ 200 objets récupérés après le massacre du 10 juin 1944 sont présentés dans cette exposition comme ces bouteilles qui ont fondu dans les maisons incendiées.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/04/2023 PAR Corinne Merigaud

C’est un voyage dans le temps auquel nous convie le Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane, sur les traces des 643 habitants massacrés par la division allemande Das Reich. Environ 200 objets ayant appartenu aux familles d’Oradour et des hameaux alentours sont dévoilés, dont une grande majorité pour la première fois. Ils sont à découvrir dans le cadre de l’exposition temporaire proposée jusqu’à la fin de l’année prochaine, période où le CMO fermera pour travaux.

Ces objets du quotidien ont été récupérés après le drame, conservés en l’état et transmis pour certains de génération en génération, à l’intérieur des familles. « Des familles ont accepté d’en prêter quelques uns, ils n’ont donc jamais été montrés, précise Babeth Robert, directrice du CMO, d’autres proviennent du Mémorial situé dans la crypte du cimetière. Certains sont stockés par l’Association nationale des familles des martyrs d’Oradour-sur-Glane et n’ont jamais été montrés. Sont aussi présentés les objets donnés aux archives du Centre que nous avons inventoriés et classés. »

Des couteaux par dizaine récupérés dans les ruines d’Oradour.

Tous ces témoignages de la vie ordinaire du village interpellent les visiteurs. Ils incarnent avec force les dernières traces de vie de leurs propriétaires. Un livre noirci en partie consumé, des lunettes, des couteaux par dizaines, des montres à gousset, des couverts en argent, des morceaux d’instruments de musique de l’Harmonie municipale, des encriers d’écoliers, des poupées, des bouteilles en verre retrouvées fondues dans les maisons incendiées…

Le Dr Masfrand, premier conservateur

Un travail de recherche a été engagé depuis plusieurs années par un groupe de chercheurs, dont fait partie le CMO, dans le cadre du programme « Ruines » de l’Agence Nationale de la Recherche. « Nous ne connaissions pas le parcours des objets conservés aux archives du Centre, relate la directrice. Au moment de ce travail, un don majeur nous est parvenu en décembre 2020, les archives du Dr Pierre Masfrand, le premier conservateur.  Il a eu très tôt conscience de l’importance des objets et a voulu les récupérer dans les ruines. »

Dès le mois d’octobre 1944, il avait imaginé une maison du souvenir pour présenter ces objets. Inaugurée le 10 juin 1963 dans une grange du village, elle restera ouverte jusqu’en 1974. Les objets seront ensuite déposés au Mémorial.

Précieux, ils le sont à plus d’un titre. « Ils sont des traces matérielles du massacre de masse de 643 femmes, enfants, bébés, hommes, personnes âgées… L’accumulation et la répétition de certains objets portés par les habitants comme les couteaux, les portefeuilles, les parures de femmes ou les sacs montrent cet effet de masse. Les objets mettent le visiteur en contact direct personnel, presque intime, avec les victimes. » Ils matérialisent aussi la violence qu’ont subi ces centaines d’innocents. « Du métal fondu, du verre déformé par la température ou ce landau montré comme pièce à conviction au procès de Bordeaux en1953… » précise Babeth Robert.

La violence se matérialise dans ce landau criblé de balles montré comme pièce à conviction d’un massacre de masse lors du procès de Bordeaux en 1953.


« Des reliques bien rangées dans les familles »

Une paire de chenets, une assiette, des morceaux de pierre de l’autel de l’église, des bouts de la cloche fondue… Sur certains, des annotations touchantes « mémé », « Françoise et les enfants » pour se souvenir de ces vies brisées. « Ces reliques sont bien rangées dans une boîte qu’on ouvre de temps en temps et parfois intégrées à la vie de la maison comme cette paire de chenets, la personne nous a dit « ils sont dans l’état où ils m’ont été donnés » ».

La scénographie, volontairement sobre et discrète, s’efface pour laisser les visiteurs faire leur expérience. Peu de textes également pour « laisser la parole à ces objets de vie et de mort. » Et à la fin, une surprise en guise de message.

Infos pratiques !

Ouverture du Centre 7 jours sur 7
de 9h à 17h jusqu’au 15 mai,
puis de 9h à 18h jusqu’au 15 septembre.

Exposition « Objets en héritage » : www.oradour.org/oradour-objets-en-heritage
Entrée : 2 € – Billet couplé avec l’exposition permanente : 9 €

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