Un sans-papier bordelais régularisé pour noël


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Un sans-papier bordelais régularisé pour noël

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Publication PUBLIÉ LE 28/12/2007 PAR Nicolas César

« Je suis enfin libre. Je n’aurais jamais imaginé un tel combat. C’est maintenant que ça commence ma vraie vie, je vais pouvoir travailler, prendre un appartement ». Pour Gazmir Hoxha, le soulagement est immense, car il mesure aujourd’hui le chemin parcouru. Son histoire est assez bouleversante. Suite à l’assassinat de ses parents en 1997, il s’est retrouvé livré à lui-même, à 11 ans, sans famille, sans argent, sans aide. En 2003, il décide donc de passer la frontière avec l’Italie. il arrive en France à Bordeaux, à 17 ans, avec l’espoir « d’une vie meilleure. » Aussitôt, il est pris en charge dans un foyer pour mineurs. « C’est là que j’ai commencé à apprendre le français, car je connaissais juste bonjour » se souvient-il. Ses progrès sont très rapides. En six mois, il apprend les bases du français, commence des études et décroche un CAP de plombier. Il se renseigne auprès du Réseau éducations sans frontières pour connaître la procédure de régularisation en France. Sa professeure de français au lycée lormontais Jacques Brel, décide de le soutenir dans sa démarche et devient sa marraine républicaine.

La France pays des Droits de l’homme?

Toutes les conditions semblent réunies pour qu’il obtienne la nationalité française. Plein d’espoir, il formule sa demande dans le courant de l’année 2003. Il obtient une convocation devant le juge, à laquelle il ne pourra jamais se présenter. Les lois sur l’immigration en France ont changé. « Il fallait désormais avoir vécu trois ans en France contre un an avant pour obtenir la nationalité française. » Il se tourne alors vers l’OFPRA et demande l’asile politique. Mais là, sans le savoir, il commet une erreur. Il fournit les originaux de l’acte de décès de ses parents, avec accusé de réception. Il ne reverra jamais ses documents et aura perdu deux ans en procédure administrative. L’OFPRA indique simplement avoir « perdu » le dossier. En 2005, il s’adresse à la préfecture de Gironde pour être régularisé. La réponse est négative. La préfecture réclame les « fameux » originaux des actes de décès de ses parents… « Il ne répondait pas par rapport à mon intégration en France, aux diplômes, aux promesses d’embauche. C’est ce qui m’a le plus déstabilisé. » Ses études terminées, il se retrouve dans la clandestinité, limite ses sorties, la peur au ventre en permanence. « Vu ce que l’on voit à la télévision, il y a de quoi avoir peur. A Lyon, par exemple, un couple avec un enfant d’un an est resté deux semaines en prison avec leur bébé. Ils sont prêts à tout pour faire du chiffre. » déclare t-il blessé. Heureusement, le foyer des jeunes travailleurs de Lormont l’a accueilli, ce qui lui a permis d’avoir un toit. Mais, cette période l’a fait beaucoup souffrir et réfléchir. « Je ne sais pas si l’on peut encore dire que la France est aujourd’hui le pays des droits de l’homme » se demande t-il. « Si mes cousins en Albanie n’avaient pu m’obtenir une attestation officielle du décès de mes parents, et sans l’aide de RESF ainsi que de la mairie de Lormont, je n’aurais probablement jamais été régularisé, souligne, avec lucidité, Gazmir. Maintenant, il espère « rester pour toujours en France », car une carte de séjour peut ne pas être renouvelée…

Nicolas César

Pour information :

La députée PS Michèle Delaunay, marraine républicaine de Bilal Sahin et Donna Carly Ndze Lamaison, vient de solliciter la bienveillance du préfet pour régulariser ces deux jeunes. Elle souligne que Bilal Sahin, d’origine kurde, a besoin de soins médicaux, qui ne peuvent être effectués dans son pays. Quant à Donna Carly Ndze Lamaison, il a été adopté par un Français, dont il est le seul soutien de famille, précise t-elle. Elle ajoute qu’ils parlent tous deux français et disposent de promesses d’embauche. « Ils ne seront donc pas à la charge de la société française » conclut-elle.

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