Un ancien négociant en bois exotiques sort le robinier de l’ombre


Pour Philippe Lorette, créateur d'Alternabois, à Saint-Jean d'Illac en Gironde, le robinier ou faux acacia, est un vrai arbre miraculeux injustement oublié, présent en France et dans le Sud-Ouest et qui serait susceptible de remplacer les bois exoti

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Un ancien négociant en bois exotiques sort le robinier de l'ombre

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/07/2008 PAR Gilbert Garrouty

Pour avoir parcouru les continents lointains riches en forêts, depuis l’Amazonie, l’Afrique, et jusqu’au sud-est asiatique, l’homme sait de quoi il parle. Il explique qu’au regard des conséquences de la déforestation, des problèmes climatiques et environnementaux, et aussi des spéculations indues dans le cadre de la filière d’importation, il s’est dit qu’il était temps d’arrêter tout cela. « Tout ceci était bon au 20e siècle, mais nous sommes maintenant au 21e, et le contexte n’est plus le même ». Ce fut cependant au cours de voyages en Europe centrale, et particulièrement en Hongrie, que Philippe Lorette eut la révélation à l’égard de l’essence que l’on nomme à tort »acacia » dans nos régions, mais qui esten réalité le robinier, du nom de Jean Robin, botaniste et arboriste du roi Henri IV. Cette essence forestièreégalement désignée par le terme « faux acacia, » fut importée d’Amérique du Nord. En Hongrie, le négociant en bois découvrit l’omniprésence du robinier, ainsi que les utilisations qui pouvaient en être faites, lesquelles vont bien au-delà des simples piquets de vigne. L’ancien bloc communiste, dans le cadre de la division de ses approvisionnements, avait confié à ce paysle développement du robinier surtout en vue de la production de miel. La fleur de cet abre est en effet trés prisée des abeilles, et le miel dit d’acacia est l’un des plus apprécié. Aujourd’hui le bois est cependant très recherché, et c’est ce qui permet à la Hongrie d’être le leader auropéen du robinier. Philippe Lorette s’est demandépourquoi dans le sud-ouest français, alors que cette essence est naturellement présente,on n’avait pas su tirer davantage parti d’un arbre « miraculeux, » d’ailleurs cité dans les écrits anciens comme bois imputrescible.

Résistances naturelles
Le bois de robinier affiche une durabilité exceptionnelle, qui s’explique par la présence d’une sorte d’antiseptique naturel, le « robinetin »,qui lui permet de résister aux attaques des parasites (insectes et champignons), une qualité qui s’exprime également tout au long de sa vie d’arbre. Les forêts d’acacias ne nécessitent aucune intervention insecticide. Le bois de robinier, particulièrement dur, ne nécessite non plus aucune intervention chimique, ce qui n’est pas le cas des bois exotiques, et bien sûr du pin maritime, et autres. Ces particularités en font un matériau idéal pour la maison « écologique » puisqu’il est exempt de tout traitement et apporte solidité et durée de vie. De plus, le robinier peut être produit en forêt cultivée, même dans les sols sablonneux landais. Sa croissance est très rapide puisqu’il est exploitable en bois d’oeuvre une vingtaine d’années après sa plantation. Mais auparavant on a pu procéder à des coupes d’éclaircies qui peuvent fournir des piquets de vigne et du bois de chauffage. Les parcelles de faux acacia, en prime, embellissent le paysage, et surtout fournissent de véritables paradis printaniers aux abeilles et aux apiculteurs . Autre particularité : le robinier fait partie d’une catégorie de plantes intégrée à la famille des légumineuses,lesquelles sont dotées d’un système de symbiose racinaire avec nodules utilisant l’azote de l’air. C’est ce qui permet aux Hongrois de cultiver à bon compte des légumes dans les interlignes. Le robinier présente aussi une exceptionnelle capacité à absorber le Co2. C’est dire qu’il pourrait être l’emblême des écologistes, producteurs bios, et autres protecteurs de la nature. En tout cas Philiippe Lorette, n’eut aucune difficulté à convaincre l’ANVAR (Agence Nationale de Valorisation de la Recherche) qui lui accorda rapidement une aide en faveur de son projet, ainsi que la Région Aquitaine et le Conseil général de Gironde.

Premiers produits
Ce projet , à travers la société créée voici trois ans, Alternabois, passe par le développement des plantations, la conception et la commercialisation de fabrications en bois de robinier. Le premier produit de l’entreprise est la lame de terrasse et son support. D’autres suivront comme le bac à fleurs, ou les tables d’extérieur. Mais ce bois convient aussi à l’ébénisterie et à la charpente marine. C’est dire que les débouchés sont théoriquement illimités. Il s’agit cependant de faire accepter le bois de robinier, et de rompre avec des habitudes qui confinaient celui-ci dans l’oubli. Mais déjà le marché donne des signes prometteurs:selon Philippe Lorette le robinier sur pied vaut quatre fois plus que le pin. De plus, il est d’un côut d’implantation intéressant puisque après la première plantation , après la coupe, « il peut se régénérer quarante fois ». Il est à noter qu’Alternabois vient aussi de mettre en place une pépinière qui lui permettra de fournir des plants à partir de l’année prochaine. Et Philippe Lorette souligne un autre volet économique non négligeable:la relocalisation des activités avec toutes leurs retombées sur l’emploi local.

Gilbert Garrouty

Photo:aqui!

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