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PUBLIÉ LE 25/04/2008 PAR Piotr CzarzastySi l’on a l’occasion d’admirer de l’art océanien à Bordeaux, c’est grâce à Cyril Meyrand, professeur de français à Port-Vila, capitale du Vanuatu (anciennes Nouvelles-Hébrides) un grand passionné et aujourd’hui porte-parole de cette mystérieuse civilisation. « Ma tante travaillait en tant que missionnaire là-bas depuis 1946 ; et sur les nombreux timbres ou cartes postales que je recevais je voyais toujours une pirogue ou totem et d’autres objets qui suscitaient ma grande curiosité. » raconte M. Meyrand « … je voulais donc savoir ce qui avait incité ma tante à travailler là-bas, pendant si longtemps ; et puis en 2004, lors de mon premier voyage dans l’archipel, j’ai compris; c’était pour moi le grand coup de coeur. »
Vanuatu : une terre de grandes diversités
Vanuatu (« notre terre » dans le dialecte local) est un archipel de 83 îles tropicales et subtropicales dans le sud-ouest du Pacifique, à quelques 1750 km des côtes de l’Australie. Les îles sont, pour la plupart, montagneuses et relativement jeunes, ce dont témoigne une activité volcanique pour certaines d’entre elles. Les îles abritent seulement quelques 220 000 habitants mais avec plus de 100 dialectes officiels, elles représentent, aujourd’hui, la plus grande diversité ethnique et linguistique au monde. Il était bien sûr impossible de présenter tout cet amalgame culturel sur quelques mètres carrés d’une galerie/boutique. Ce sont donc les oeuvres d’art de deux villages francophones de Vao et Ambrym que l’on pourra contempler.
Du pirogue au totems – tam tams
Parmi elles, notamment, « le plus vieux catamaran du monde » ,une pirogue, mais en modèle pour enfant, car une version adulte n’aurait pas pu rentrer dans les locaux de la galerie. A côté de la pirogue, une série de cinq statues-totems, symboles des rituels et traditions coutumières des villages. Simples dans leur 
formes mais utilisant, fréquemmment, le thème du crochet qui pend aux bouts des lèvres des visages ornant les statues. Ce serait une référence au cochon, dont l’élevage est répandu sur les îles. On remarquera aussi des totems-tam tams, faits à partir d’essences de bois dur, pour des sons plus profonds. Enfin, une statue tout à fait particulière, faite entièrement d’une écorce de fougère, qui ressemble étrangement à un dérivé des statues monumentales de l’île de Paques.
Une société artistique stratifiée
Ce qu’il faut savoir, c’est que la société vanuataise s’avère même plus organisée et stratifiée qu’elle le laisse paraître. N’importe qui ne peut devenir, en aucun cas, sculpteur par exemple. Pour cela il faut acquérir un certain grade dans la société, ce qui, sans argent, peut être une entreprise assez périlleuse. Les sculptures nous donnent par ailleurs, bien que d’une manière très restreinte, une idée d’une présence très riche de l’art dans la culture du Vanuatu. Une culture pleine de couleurs et tellement authentique grâce à une expérience et un savoir-faire transmis uniquement à l’oral, de père en fils.
« Designetnik » culture océane baignant dans un univers occidental
L’exposition articule la notion de « Designetnik », un concept voulant marier des formes océaniennes à l’univers occidental. « Avec ces sculptures, on a l’impression que plus elles sont simples, plus on se rend compte que nous n’avons rien inventé. » remarque Cyril Meyrand. Ces sculptures réalisées donc selon des formes et techniques vieilles de plusieurs milliers d’années, se mêlent, aujourd’hui, paradoxalement et de manière naturelle aux décors contemporains, sans que cela soit plus surprenant ou carrément exotique pour qui que ce soit.
Piotr Czarzasty
Photos: Roger&Celia; vtveen
Vanuatu, l’art à la source
Jusqu’au lundi 26 mai 2008
Le lundi de 14h00 à 18h30
Du mardi au samedi 11h00 à 19h30
Galerie Les Bulles en Couleurs
3 rue des Lauriers
33000 Bordeaux
Tél : 05 56 81 27 78
