Théâtre : Beaucoup de bruit pour rien, un Shakespeare façon « 26000 couverts » réaliste et allumé


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Théâtre : Beaucoup de bruit pour rien, un Shakespeare façon "26000 couverts" réaliste et allumé

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 26/09/2008 PAR Joël AUBERT

Pari osé mais vraiment réussi pour les deux interlocuteurs, permettant au public de commencer cette année sous le signe de l’engouement et de la franche rigolade, dissimulé derrière le masque de la tragédie contemporaine.

De l’origine des 26000 couverts …
Habituée des lieux hors normes, la compagnie des 26000 couverts s’est fait connaître par son travail d’interaction avec le public et de réappropriation d’endroits tels qu’ une usine désaffectée, un gymnase, une place de village… Compagnie de terrain, les pieds ancrés dans le béton, arpentant les rues d’Aurillac et autres Chalons sur Saône, elle surprenait tout le monde l’année passée en déclarant qu’elle souhaitait désormais intégrer les murs d’une salle de théâtre . Un virage à 180° pour cette troupe de joyeux trublions, plus habitués des festivals de rue que des fauteuils confortables des institutions. Mais peut–être était-ce là la destinée inexorable d’une compagnie repérée et appréciée pour son travail original et sa perpétuelle réflexion autour de la question théâtrale : s’embourgeoiser et se gaver au point d’en oublier ses origines terrestres pour s’envoler dans des sphères plus contemporaines et éthérées ? Quelques autres exemples nous viendraient bien en tête mais par décence et éthique proprement « cultureuse » nous ne citerons pas de noms.

…au travail de facture classique sur l’œuvre de W. Shakespeare
Nous voilà donc plongés au cœur d’un Shakespeare et pas n’importe lequel, l’un des plus populaires. La comédie sentimentale des amours contrariés puis retrouvés des couples Claudio/Hero et Benedick/Béatrice. Si certains d’entre-vous possèdent quelques tâches impressionnistes de cette pièce, quelques réminiscences liées aux multiples adaptations, transformations, déformations qui ont pu exister à partir de ce best-seller, rassurez-vous cette version est aux antipodes de ce que vous avez pu connaître. Cette représentation nous ouvre les portes d’un Shakespeare plus sombre qu’à l’origine, dans lequel les codes de la légèreté badine ont été inversés en dénonciations de la violence et de l’oppression, parce que selon le metteur en scène « nous sommes dans un monde halluciné, jamais très loin des bombes et des combats. »
Point de fioritures superficielles donc, mais une lecture ultra réaliste de la pièce jouée par une belle troupe d’allumés. Que les fanatiques de classique ultra-rigide s’abstiennent ou prennent sur eux pour découvrir un théâtre contemporain, hors de toute manigance intellectuelle, sensible et vraiment très futé. Car cette belle bande d’idéalistes a réussi le pari de transformer leur coup d’essai en coup de maître. Rien de tel qu’une troupe de rue qui s’installe dans les beaux quartiers pour décapiter à la tronçonneuse tous les clichés du genre et se rire d’elle même au passage. Là où la frontière scène-salle disparaît, les stéréotypies demeurent, ouvrant une boîte de Pandore emplie de personnages bigarrés et pourtant tellement vrais ! Impossible de les évoquer au risque de compromettre la délectation, la seule chose qu’il reste à faire c’est de conseiller d’y aller. Parfois les détournements lorsqu’ils sont de fond peuvent avoir du bon, d’autant plus lorsqu’ils s’attaquent avec facétie et ironie aux codes sociétaux et théâtraux et qu’ils se paient le luxe de prendre en otage le public et la presse !

Hélène Fiszpan

Au Carré des Jalles, les 26 et 27 septembre à 20h30
Renseignements et réservations : 05 57 93 18 93 ou info@carredesjalles.org
www.carredesjalles.org





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