« The Breakaway Challenge » : 500 km pour lutter contre l’exclusion des personnes sans-abri.


Quentin Girard

« The Breakaway Challenge » : 500 km pour lutter contre l’exclusion des personnes sans-abri.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/08/2020 PAR Justine Wild

Les deux amies, âgées de respectivement 26 et 29 ans, se sont rencontrées à Lille en 2015 pendant leurs études. Il y a trois ans, elles ont lancé « The Breakaway Challenge », un défi sportif de plusieurs centaines de kilomètres à vélo, visant à récolter des dons pour soutenir une cause qui leur est chère. Le nom du projet n’a pas été choisi au hasard puisque « breakaway » désigne à la fois une échappée cycliste et le fait d’engager un changement. Il s’agit de « se détacher du groupe pour partir devant », de s’engager, et d’initier un mouvement qui sera suivi ; une philosophie qui résonne parfaitement avec le bénévolat.

Avec des revenus de jeunes actives assez limités, mais la volonté d’agir significativement, Amandine et Lucie ont réussi à éveiller les consciences de leurs proches sur des enjeux contemporains, mais aussi à interpeler de nombreux internautes sur les réseaux sociaux. Les distances importantes réalisées à vélo lors des précédentes éditions, toutes deux couronnées de succès, ont su attirer l’attention. Pour chaque défi, ce mode de déplacement a été riche de sens en symbolisant la cause défendue : emblématique de l’émancipation et de la liberté des femmes en 2018, lors des 400 km au profit de l’Institut Women Safe, puis d’une mobilité verte, respectueuse de l’environnement lors des 450 km pour l’association Les Mains dans le Sable en 2019, il fera écho cette année à l’immobilisme des personnes sans-domicile, et à la faiblesse de leurs interactions sociales.

Les deux sportives rappellent aussi que le vélo appelle automatiquement la rencontre : « Les cyclistes forment une communauté d’entraide et de bienveillance. Ils sont polis : quand on se croise, spontanément on se dit bonjour. Et tout le monde est toujours prêt à vous proposer de l’eau ou un endroit où dormir, un peu comme en randonnée. Il y a l’idée qu’on partage la même expérience. Et c’est cet état d’esprit qui nous pousse à recourir au vélo pour approcher les gens et leur parler de l’association. »

La rencontre, un besoin vital

Résidentes à Paris, Amandine et Lucie ont constaté l’accroissement au quotidien du nombre de personnes sans domicile. Mise en lumière par la crise sanitaire, cette situation préoccupante les a incitées à s’engager dans la lutte contre l’exclusion et la précarité. Et c’est auprès de l’association La Cloche qu’elles ont trouvé une résonance à leur vision d’une société inclusive. Car si nombre d’initiatives existent pour fournir logement et nourriture aux personnes sans-abri, rares sont celles qui placent le lien social, un besoin tout aussi important, au cœur de leurs actions. L’association La Cloche fait effectivement des citoyens sans domicile de véritables acteurs lors de ses rencontres et évènements ; elle s’attache à faire entendre leur voix par le biais notamment d’une radio, propre à l’organisme et animée par ses membres.

 

 Le parcours d'Amandine et Lucie, en 5 étapes

 

 Des actions de terrain concrètes pour abattre les préjugés

Il n’est pas rare d’entendre ses proches affirmer : « On aimerait aller leur parler mais on n’ose pas, on ne sait pas comment s’y prendre ». Afin de balayer cette appréhension et d’apprendre comment briser l’isolement des personnes sans domicile, Amandine et Lucie ont suivi plusieurs formations, gratuites et ouvertes à tous, qui enseignent la manière d’entrer en contact avec ces personnes. Un sourire, un bonjour. Ce sont les premiers pas pour agir au quotidien et pour changer de regard sur cette population stigmatisée. Elles expliquent : « Il ne s’agit pas d’être sous pression. Allez vers quelqu’un, sans domicile ou non, c’est avant tout une interaction entre deux personnes humaines et ça, on a tendance à l’oublier. Ces personnes sont proches de nous, proches de notre vue et pourtant transparentes car invisibilisées. C’est un recul déplorable de l’humanité. Nous ne partageons pas le même statut socio-économique, mais nous partageons le même espace. Et il n’appartient qu’à nous d’en faire un espace de bienveillance. »

Et c’est précisément en vue de donner de la visibilité aux personnes sans-abri, et pour abattre les stéréotypes qui leur sont associés, qu’Amandine et Lucie ont prévu une action de terrain spécifique : un questionnaire. A la clé, en cas de bonnes réponses ? La possibilité de goûter aux gourmandises de la biscuiterie de l’association qui propose un emploi aux personnes en situation de précarité.

Elles ont, aussi, pour ambition de mettre à l’honneur, chaque jour, une personne sans domicile ou un bénévole de l’association, et de montrer à travers ces portraits, comment ils ont été mis en contact avec La Cloche, et ce qu’elle leur a apportés. Edition du parcours du jour, photos et vidéos viendront rythmer leur périple, qui pourra quotidiennement être suivi sur leurs pages Facebook et Instagram.

Un projet contagieux

A travers ce défi sportif, les jeunes Parisiennes cherchent donc à montrer que l’engagement associatif n’implique pas, nécessairement, un investissement lourd et que, bien au contraire, il est à la portée de tous. Elles se félicitent aussi de voir leur génération s’engager et agir à son niveau. Elles constatent peu de désabonnements sur leurs réseaux sociaux d’une édition à l’autre, malgré les périodes d’inactivité pendant l’année, preuve que le projet a su séduire les internautes qui, d’ailleurs, leur demandent des conseils en vue de monter, à leur tour, des projets similaires. Un bilan satisfaisant pour les deux sportives qui sont parties d’une « fabrication artisanale », à leur niveau, et dont le modèle a été suivi par d’autres.

Avec une cagnotte dont le montant s’élève aujourd’hui à près de 900 euros sur les 1500 attendus, et au rythme d’une centaine de kilomètres par jour, les jeunes femmes auront l’occasion de faire évoluer les regards en revenant sur les préjugés qui s’abattent sur les sans domicile. Une semaine qu’elles attendent avec impatience, comme chaque été depuis 3 ans, car source d’enrichissement personnel et de souvenirs inoubliables.

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