L’ambition affichée est de continuer à convertir les utilisateurs de la voiture individuelle au transport public en enrichissant et fiabilisant le réseau. « J’ai constaté que nous n’étions pas à la hauteur malgré les investissements », relève Alain Anziani, président de Bordeaux Métropole, décrivant un « échec collectif qui est également le mien ».
Quant à Keolis, ce nouveau marché public à 2,2 milliards d’euros (un record) lui permettra de mettre « son excellence opérationnelle au service du territoire », selon Marie-Ange Debon, présidente du groupe.
Pour répondre à ces objectifs, les deux entités ont fait un choix novateur : celui de la création d’une entreprise à mission, la première en France dans le domaine des transports publics. Des ambitions qui devraient également amener à la création de 400 nouveaux emplois.
Aménagements à venir
Le réseau de bus fera l’objet d’une campagne d’optimisation pour proposer une meilleure desserte locale des 28 communes de la métropole. Dans le même temps, 7 nouvelles lignes express seront mises en place et la gestion des bus scolaires sera intégrée à l’ensemble.
Outil central du réseau, le tramway n’est pas en reste puisque deux nouvelles lignes sont dans les projets: la future ligne E entre Floirac et Blanquefort, et la ligne F reliant la gare Saint-Jean à l’aéroport de Mérignac. Côté renforcement des fréquences, l’objectif annoncé est d’avoir un tram toutes les 2 minutes 30 sur la partie centrale du réseau.
Des changements sont aussi à venir concernant l’offre de vélos. Keolis Bordeaux Métropole prévoit de proposer en location à longue durée une flotte de 1 000 Vélos à assistance électrique; qui devrait s’étendre à 2 000 unités en 2025. Le V³ constitue un chantier à part entière avec la rénovation des stations actuelles, la création de 50 nouvelles stations et un renouvellement de la flotte par une nouvelle génération de vélos plus modernes, dont la moitié à assistance électrique.
L’extension des lignes de BAT³ est également prévue, tout comme l’ajout de 4 nouvelles navettes à la flotte actuellement en service. A propos du fleuve, le programme de Keolis compte aussi le projet de téléphérique au-dessus de la Garonne pour désenclaver la rive droite.
En outre, une enveloppe de 130 millions d’euros d’investissement est prévue par Keolis pour maintenir et rénover les infrastructures en service, dont près de 60 millions pour le réseau de tramways. Des travaux sont aussi prévus pour l’aiguillage Porte de Bourgogne afin de permettre une meilleure répartition du trafic et préparer l’arrivée des deux nouvelles lignes.
Une nouvelle application, envisagée comme une solution all in one, devrait également être lancée à l’horizon 2024.
Entreprise à mission
Pour répondre à tous ces objectifs, Bordeaux Métropole et Keolis ont fait le choix de mettre en place une entreprise à mission, pionnière du genre en France dans le domaine des transports publics. Le statut de société à mission a été créée par la loi PACTE de 2019 en faisant entrer en droit français un élément qui n’existait pas jusqu’alors : l’intérêt social.
Concrètement, une entreprise à mission affirme publiquement sa raison d’être en listant les objectifs sociaux et environnementaux qu’elle vise à atteindre. Ces éléments doivent être inscrits dans les statuts de la société, et un organisme tiers indépendant est désigné pour contrôler l’adéquation entre les activités menées et l’intérêt social annoncé, au risque de perdre le statut d’entreprise à mission en cas de manquement.
A ce titre, Bordeaux Métropole a dégagé une série de grands objectifs pour orienter cette entreprise, comme agir pour la planète et la réduction de l’empreinte carbone, mener une politique d’insertion et d’innovation sociale ou développer toutes les mobilités
Pas de « social washing »
Des objectifs revendiqués qui feront de Bordeaux Métropole un partenaire « bienveillant, mais exigeant et rigoureux », selon Alain Anziani. Pas de quoi inquiéter Marie-Ange Debon, qui dit Keolis « conscient du nouveau challenge ». Pas question ici de faire du « social washing, appuie-t-elle. Ce n’est pas une simple étiquette, c’est un engagement ».
Keolis s’engage par exemple sur une réduction de 80% des émissions de gaz à effet de serre, la plantation de 2 500 arbres d’ici 2030, la valorisation de 75% des déchets pour 2026, 100% de biocarburants pour les bus et 100% d’électricité verte pour les trams d’ici 2024, ou encore 30% de femmes dans les effectifs.