Sur le féminisme et la révolution, une exposition au Frac Aquitaine


DR

Sur le féminisme et la révolution, une exposition au Frac Aquitaine

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/04/2008 PAR Piotr Czarzasty

15 jours – c’est le temps dont avaient besoin les étudiants, divisés en trois groupes de travail, supervisés par des artistes, intervenants extérieurs, afin de mettre en place l’exposition. Mais c’est seulement un an après, que les effets du workshop peuvent être finalement contemplés dans les vastes espaces du Hangar G2 du Bassin à flot no1. Le projet s’inscrit d’ailleurs dans une tradition de l’école, associant chaque année des étudiants de première année à des artistes contemporains confirmés, sur un thème imposé. Cette année on comptera parmi ces personnalités artistiques : Benoît Maire, artiste, Leire Vergara, commissaire d’exposition générale de la Sala Rekalde à Bilbao et Brice Dellsperger, artiste invité par Marie Canet, critique d’art.

Les rues « féminines » de Bordeaux
L’oeuvre qui attire le plus notre attention, la seconde même après être entré, est une grande peinture, occupant l’espace de tout un mur, qui ressemble étrangement à une carte de Bordeaux, mais bien particulière. On dirait une carte des lignes de tram, sauf que ces lignes, ici au nombre de quatres, n’ont rien à voir avec les lignes existantes. Qui plus est, les « arrêts », seuls points de repère sur la carte, sont tous des prénoms de femmes ; chacun peint dans un style différent. « Les prénoms font références aux noms de rues à Bordeaux et leur style graphique à la personnalité de la femme concernée. » explique Mickaël, 22 ans, étudiant en design : « … les 4 lignes distintes, reliant plusieurs prénoms l’un à l’autre représentent notre parcours dans la ville en quête de ces rues féminines. »

Le féminin entre scientifique et spirituel
Le parcours des étudiants fait d’ailleurs l’objet d’une vidéo, où le spectateur adopte le point de vue d’un piéton se promenant dans les rues de Bordeaux. « C’est l’idée de ces femmes qui se réveillent, en tant que fantômes, et hântent les rufraces qui portent leurs noms. » nous dévoile Leire Vergara. Cette dimension se reflète d’ailleurs à travers quelques 160 dossiers accompagnant l’exposition. Ceux-ci, en dehors des biographies de femmes, ayant donné leurs noms aux rues bordelaises, ainsi que de plusieurs commentaires tirés de forums féministes, contiennent des photos de personnes dont les visages se voient effacés par des taches blanches. « Ceci renvoie à cet éternel conflit entre le spiritualisme et la science où les hommes tentent d’appréhender le monde de la femme avec une approche scientifique, ce qui s’avère souvent infaisable. » remarque l’artiste.

Une variation travestie de Lynch
Le travail de Brice Dellsperger n’a pas du tout vocation de s’inscrire dans un contexte de féminisme et de révolution. Les étudiants se sont ici consacrés à recréer la partie hors cadre d’une scène de Mullholand Drive de David Lynch. « Je leur ai demandé de faire une extension, de travailler sur le contrechamps de la scène et imaginer ce qui pourrait se passer. » explique l’artiste. Ce qui a donné une tentative assez originale de mettre en parallèle un remake de la scène originale avec une version de son contrechamps, diffusées en même temps sur deux murs opposés. On y voit des travestis, défilant un par un devant l’écran, parlant d’une seule et même voix, en contemplant les hommes et femmes de la scène originale, en train de se masturber. « La masturbation est à la base quelque chose de pudique, intime ; mais par l’introduction de ce nouveau cadre, et des nouveaux personnages, je rend cette activité très publique, je l’expose. » explique Brice Dellsperger.

Vidéo-performance
Benoît Maire, de son côté, réalise à partir d’archives, l’actualisation, par répétition, d’une conférence de Jacques Lacan donnée à l’université catholique de Louvain en 1972. Il s’inspire du basculement et d’une perturbation provoquée par l’intervention d’un jeune révolutionnaire qui a ainsi interrompu la conférence. Benoît Maire, à travers une remise en scène en boucle, présentée en vidéo, propose une réédition de l’événement de 1972, s’interrogeant sur l’impact du hasard et du concours de circonstances sur le déroulement des faits. Rendez vous donc jusqu’au 18 avril au Frac Aquitaine pour une rencontre spéciale avec la création contemporaine.

Piotr Czarzasty

Infos pratiques

Frac Aquitaine
Hangar G2, Bassin à flot no1,
Quai Armand-Lalande
33300 Bordeaux
ac@frac-aquitaine.net

Exposition
du lundi au vendredi 10h-18h
le week-end 12/13 avril de 14h à 18h
entrée gratuite


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles