Sur la métropole, un tourisme toujours fort


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Sur la métropole, un tourisme toujours fort

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 17/10/2017 PAR Romain Béteille

« Une très belle haute saison au coeur d’une année qui devrait être exceptionnelle ». C’est ainsi que Stéphan Delaux, adjoint au tourisme et Président de l’Office de Tourisme de Bordeaux Métropole, a résumé la présentation ce mardi des chiffres de l’attractivité touristique sur les neuf premiers mois de l’année 2017. Tous les indicateurs semblent confirmer cette tendance : ce sont pas moins de 3 194 592 nuitées cumulées qui ont été déclarées à fin août dans l’ensemble des hébergements marchands de la métropole, soit une croissance de +7%. Parmi ces dernières, 1,8 millions ont eu lieu à Bordeaux (soit 57% du total, les 43% restants ayant eu lieu dans les autres communes de la métropole, Mérignac et son important parc hôtelier en tête). L’effet LGV et classement du Lonely Planet cumulés ? C’est en tout cas les raisons avancées par les responsables. Bordeaux serait en tout cas la première ville en taux d’occupation des hôtels milieu de gamme et la première en revenu par chambre pour les établissements low cost. Si seulement le dernier baromètre Work and Live paru ce mardi ne venait pas tempérer cette bataille de virgules… 

Hôtellerie VS Particuliers

Sur le secteur hôtelier, on semble ainsi avoir le sourire (selon le baromètre Hôtellerie de la CCI de Bordeaux) : le taux d’occupation affiché est de 74,34% à fin août contre 69,96% sur la même période l’an dernier. Cette progression du taux concerne visiblement tous les segments, en particuiler le moyen et gaut de gamme (le revenu par chambre augmente respectivement de +9,4% et +6,5%). En tête, espagnols, britanniques et américains semblent s’y disputer les places. Évidemment, les plateformes de location entre particuliers, Airbnb en tête, profitent elles aussi de cette manne. Selon de récentes données de l’Observatoire chargé d’analyser l’impact de ce modèle dans les grandes métropoles, les chiffres sont impossibles à ignorer : Bordeaux, avec une augmentation du parc d’offres de +62,50%, serait la deuxième ville de France la plus « réservée ». On y comptait récemment 10 704 biens proposés dont 8385 offres de logements entiers (21,7% seraient des chambres). Leur impact sur l’activité touristique serait évidente : « 84% des logements entiers » sont, selon les même données dévoilées début octobre, « exclusivement dédiées à la location touristique ».

« Ce phénomène de concentration de l’offre dans le centre-ville est à la fois une opportunité pour un certain nombre de personnes qui disposent de logements mais aussi pour des investisseurs qui pensent que c’est une bonne affaire. Les délibérations que nous avons prises à la métropole et à la ville de Bordeaux instaurant le changement d’usage avec compensation et la déclaration préalable correspondent à notre volonté de ne pas laisser l’offre croître indéfiniment. Il ne faut pas qu’une désharmonie se mette en place entre l’habitat pour les bordelais et les touristes qui changeraient la proportion des choses », a indiqué Stéphan Delaux ce mardi. Mais le début de polémique (principalement en raison de la pénurie des logements étudiants, ces derniers étant en partie directement impactés par l’essort d’Airbnb mais aussi, il faut le dire, par la hausse globale du prix des appartements) n’a pas manqué de faire réagir le premier intéressé. Airbnb a décidé de contre-attaquer ce mardi en diffusant sa propre « étude d’impact ».

On y découvre notamment qu’en réalité, cette dernière représenterait « 153 millions d’euros de retombées économiques pour Bordeaux en un an », une croissance du nombre d’annonces de +22% sur les douze derniers mois (ce qui contredit allègrement les données avancées par l’Observatoire dirigé par Matthieu Rouveyre, conseiller municipal membre de l’opposition socialiste), en dessous d’une moyenne nationale à 33% et un revenu annuel de 1800 euros pour un hôte « type ». L’entreprise y va même de sa petite leçon d’urbanisme et de développement pour éteindre le feu de la pénurie de logements étudiants. « Les loyers des T1 et studios ont baissé de 1,45% à Bordeaux en 2017, il n’est donc pas démontré qu’Airbnb impacte le marché du logement étudiant à Bordeaux », écrit-elle noir sur blanc dans son étude, justifiant une « croissance du nombre de logements insuffisante par rapport à l’attractivité de la ville ». Pour le recteur de l’académie, le problème n’est pas tant le prix du loyer que le nombre de logements réellement disponibles, ainsi a-t-il lancé début octobre un appel aux propriétaires pour qu’ils louent leur logement à des étudiants… Si l’entreprise reste expéditive sur ce point, elle tord plus volontiers le cou aux autres : entre le octobre 2016 et 2017, 6500 logements entiers ont été loués « au moins une fois », soit un peu plus de quatre logements sur 100. Mieux : 94% des hôtes louant un logement entier « n’ont qu’une seule annonce sur Airbnb ». On est rassurés : les propriétaires qui profitent de la manne d’Airbnb pour louer plusieurs logements ne seraient donc qu’une légende. 

Amélioration progressive

En attendant la nouvelle règlementation en mars (date à laquelle les particuliers devront se déclarer en mairie et ne pas dépasser 120 nuits par an), une question reste en suspend : que vont donc faire les touristes qui viennent sur Bordeaux et alentours ? Visiblement, ils vont bien volontiers à la Cité du Vin (plus de 200 000 visiteurs au premier semestre 2017) et dans les autres musées et lieux d’exposition (430 000, soit une hausse de +8%). L’oenotourisme profite toujours d’un engouement fort, même si aucune donnée récente ne permet de calculer son impact réel (sauf à l’Office de Tourisme et ses 26 000 clients, ce qui ne représente qu’une infime partie du total). Autre point majeur pour l’attractivité locale : les touristes viennent à la fois par les airs (+9% de passagers sur l’aéroport de Mérignac entre janvier et août, et ce même si Air France a récemment donné un coup de frein) et via le tourisme fluvial et maritime. Ainsi, en 2017, ce sont pas moins de 46 escales de paquebots pour 26 000 passagers dont 37 à Bordeaux centre, 8 au Verdon et une à Bassens. Cette présence d’énormes bateaux de croisière n’a pas manqué de faire réagir, les élus écologistes locaux étant en tête de cortège pour comparer le phénomène qui se développe sur la capitale girondine avec ceux de Marseille, Barcelone ou Venise », comparaison qui ne se résume qu’à « une aimable farce » pour le maire de Bordeaux, Alain Juppé.

Fluviales ou maritimes, ces croisières n’empêchent pas le port de Bordeaux de rester difficile d’accès (une journée de navigation en moyenne depuis la pointe de l’estuaire selon Nicolas Martin, directeur de l’Office de Tourisme). Tout cela va peut-être changer, du moins en partie : la métropole compte mettre en place dès mai prochain un quatrième ponton, permettant à la fois d’accueillir des paquebots fluviaux (jusqu’à 3000 tonnes), des voiliers mais aussi des Yatchs mesurant jusqu’à cent mètres de long et est en cours de réflexion « pour ouvrir sur Royan ». « Nous sommes persuadés que de nouvelles compagnies vont arriver. Les armateurs attendent les textes pour se positionner », a ainsi dévoilé un responsable métropolitain. Quant au principal argument défendu pour les écologistes, à savoir la pollution de l’air, une étude de l’Atmo devrait révéler quelques nouvelles données récoltées en octobre (pas vraiment la période la plus active pour les croisières, il est vrai). La mairie prévoit également de développer des bornes électriques à quai pour alimenter les petits bateaux, et inaugurera dans les prochains jours le premier système en France permettant la récupération des déchets ménagers des paquebots, en place depuis juillet dernier via une barge. 

Enfin, la métropole bordelaise est aussi attractive pour le tourisme d’affaires, dont les retombées des 30 évènements organisés en 2017 représenteraient 24,4 millions d’euros. Les efforts sur les points noirs semblent donc bien être entrepris, même si la « répartition des flux de touristes » et l’offre hôtelière peuvent encore être améliorés selon les responsables de l’Office de Tourisme métropolitain. En cela, la vingtaine de projets hôteliers actuellement en cours, comprenant aussi plusieurs auberges de jeunesse, devrait dégager « entre 2000 et 3000 chambres supplémentaires d’ici 2021 ». « Nous sommes sur un tourisme de contenu et d’offre, pas sur un marché de demande. Cette orientation correspond à notre désir d’avoir un tourisme de qualité », résume Stéphan Delaux. Si les leviers de progression sont déjà largement identifiés, l’Office de Tourisme continue l’effort : à la mi-novembre, elle présentera un nouveau site internet dont le but sera de compiler l’ensemble des offres de la métropole bordelaise. Histoire, sans doute, que tout le monde en profite. 

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