Pour un quartier respecté et convivial
« On s’était aperçu que les habitants du quartier vivaient mal la dégradation » raconte Franck Martin, gestionnaire de patrimoine Logévie. « Avec beaucoup de tags de déclarations d’amour, d’insultes et cie, on s’est alors demandé comment amener les gens à respecter leur cadre de vie ? L’idée du graffe est venue comme la réponse la plus naturelle » explique M. Martin. Une autre raison relevait de la simple volonté de mettre les habitants du quartier plus en commun. « Cela a été une bonne excuse pour inciter les gens à se rencontrer autour d’un pot et peut-être renouveler aussi de bonnes habitudes comme au temps de la fête des voisins par exemple » confirme M. Martin.
Des « choses qui font rêver… »Pour ce qui est de la fresque elle-même, aucun thème particulier ne s’imposait. « Les gamins ont eu le privilège de graffer pratiquement ce qu’ils voulaient et qui les inspirait particulièrement » souligne « Dock ». « Pour les filles c’était plutôt la nature, les fleurs, le paysage, et pour les garçons des personnages, du lettrage etc ». Tout ne veut pas dire non plus n’importe quoi. « Ce ne pouvait être, bien sûr, rien d’obscène, de violent ni d’insultant » note « Dock ». « On a essayé néanmoins de privilégier des choses qui font rêver, qu’on n’a pas l’habitude de voir dans le coin ».
Une technique pas facile
Mohamed a été le seul à graffer des lettres ; celles de BDT, faisant référence au nom du quartier « Beaudésert ». « Tout le monde tagait BDT partout donc je me suis dit que je vais en faire un seul, grand et beau et ce sera bon » explique Mohamed. Le graffe ne s’est tout de même pas avéré une technique facile. « Quand on a fait notre dessin d’abord sur papier ça allait encore, on pouvait corriger, gommer, redessiner, alors que sur le mur on pouvait plus se tromper » raconte Joey. «… et puis chaque petit trait devenait quelque chose d’énorme sur le mur, j’avais peur qu’on allait pas réussir ».
Mais tout s’est bien terminé pour chacun des jeunes graffeurs dont ce fut d’ailleurs le premier graffe professionnel. « Ce sont eux les acteurs de ce graffe » souligne « Dock ». « Quand je travaille avec les jeunes sur des projets de ce type je veux qu’ils se l’approprient » explique-t-il. « Ils peuvent ainsi être satisfaits de l’avoir seuls fait du début à la fin ».
Piotr Czarzasty