San Antonio a 60 ans!

Lorsqu’il posa son doigt au hasard sur une carte des Etats-Unis afin de baptiser son futur personnage, Frédéric Dard savait-il qu’il donnait aussi naissance à un véritable genre littéraire, qui pour être original n’en est pas moins fédérateur et, quelque part, universel ? « Mon père voulait un nom à consonance américaine », raconte Patrice Dard, or le hasard -ou est-ce la providence?- lui choisit un nom espagnol, augurant déjà d’un héros atypique, impossible à cantonner dans des frontières quelles qu’elles soient. Car San Antonio, personnage et oeuvre confondues, est plus qu’un policier, un roman d’aventures ou d’espionnage. Nourri par la richesse d’une écriture à la verve chatoyante, servi par la luxuriance d’ un univers imaginé avec malice et gourmandise par son auteur, il évolue avec ses lecteurs qui le suivent très souvent depuis les origines, ou qui le découvrant plus tard ne l’ont, par la suite, jamais lâché.Univers de connivence et de complicité, avec San Antonio on est presque en famille! De ces familles d’amitié que l’on se choisit au fil du temps, et que l’on suivrait  » à la vie, à la mort »…

A la disparition de Frédéric Dard, en 2000, et grâce au talent de son fils Patrice, San Antonio renaît dans de Nouvelles Aventures. Le fils tient à cette nouvelle appellation où s’exprime l’immense respect au père, dont il poursuit l’oeuvre avec courage, et autant d’excellence. On ne s’y trompe pas: les lecteurs suivent, l’histoire d’amitié continue elle- aussi, de génération en génération.

Aujourd’hui, le lien se fait aussi par les illustrations, puisque François Boucq, qui apporta la rondeur de son trait à Napoléon Pommier, la dernière oeuvre de Frédéric Dard, inaugura aux côtés de Patrice le premier titre des Nouvelles Aventures de San Antonio ( Corrida pour une vache folle, 2002). Il est, depuis, l’auteur des couvertures de chacune des rééditions des San Antonio, et devient ainsi le seul illustrateur à intervenir sur l’ensemble de la collection,depuis le premier numéro jusqu’aux prochains à paraître. Complicité toujours: pour les 60 ans du personnage, dans Boucq et Dard,dont le titre à lui-seul, en forme de jeu de mots, est un hommage à Frédéric, Patrice Dard et François Boucq scellent le pacte de leur collaboration par un album où l’on retrouve les couleurs et la truculence quasi rabelaisienne de l’univers de San Antonio.

Singularité du personnage oblige: une exposition des dessinsoriginaux de François Boucq se tient jusqu’au 31 mai 2009… dans les locaux de l’Hôtel de Police de Bordeaux. A découvrir en toute liberté!

Anne DUPREZ