Où va le rugby? 2. Rugby professionnel et rugby amateur, plus qu’une opposition de style


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Où va le rugby? 2. Rugby professionnel et rugby amateur, plus qu'une opposition de style

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 02/04/2020 PAR Clément Bordenave

L’ensemble des acteurs du rugby s’interrogent aujourd’hui sur les méthodes pour lutter contre les risques à la fois dans le monde amateur, mais aussi dans le monde professionnel. Un débat s’engage alors sur les fondements du ballon ovale et un choix à faire entre un rugby physique et un rugby d’évitement. Pour Didier, « il existe deux rugbys, le rugby professionnel qui est une bonne vitrine avec une équipe de France compétitive et des clubs pros ou l’on peut voir du spectacle et puis le rugby d’amateur. Il est impossible de faire une comparaison ! » La professionnalisation entraine inévitablement une exigence et une dilution de certains aspects positifs du rugby selon Didier.

L’individualisation du rugby, vers un danger de taille ?

Didier pense que ces changements portent surtout sur l’individualisation des rugbymen qui résonnent aujourd’hui en plan de carrière. « On ne peut pas mettre de côté que le gars qui fait du rugby professionnel aujourd’hui, il a avant tout un projet professionnel. Partant de là, il y a des valeurs du rugby qui ne sont plus les mêmes, un exemple fort c’est celui de l’après-match, à Riscle les joueurs ne sont pas obligés d’aller serrer les mains de tous les sponsors à la sortie des vestiaires en faisant des sourires. Les rapports humains ne sont pas les mêmes pour le professionnel, le rugby c’est son boulot. Représenter le club auprès des partenaires, assister aux conférences de presse, faire attention à son alimentation et sa santé, tout cela est inscrit dans son contrat », rappelle Didier Peyrezabes. Des impératifs qui peuvent sembler aseptisant si on les met en relief avec les standards du monde amateur où l’humain et le collectif sont des valeurs inaliénables. « Le projet individuel est primordial quand on est pro alors qu’en amateur c’est toujours le projet collectif qui prime », affirme Didier.

La télévision elle aussi responsable

Mais les joueurs ne sont pas pour Gérard et Didier les seuls responsables de cette individualisation du rugby, « la télévision a aussi une grosse part de responsabilité dans l’importance qu’elle donne aux prouesses individuelles par rapport aux exploits collectifs. La tendance actuelle, de donner le nombre de mètres parcourus par joueur, le nombre de placages effectués, de nommé un homme du match, tout cela participe à glorifier l’individualité au mépris du collectif. Si l’homme du match est là, c’est parce qu’il avait 14 camarades autour de lui pour le faire briller », rappellent unanimement les deux dirigeants de Riscle. « C’est d’autant plus dangereux de glorifier l’individualité que les joueurs vont avoir tendance à miser sur leur capacité physique et donc amener à un rugby plus rugueux et dangereux », s’inquiète Gérard.

Le rugby féminin lui aussi sur la voie d’un rugby de gladiateurs ? 

La donne est la même chez les femmes avec le rugby féminin qui donne de plus en plus vers un rugby physique que Didier Retière directeur technique national de la FFR, qualifie de « rugby de gladiateurs ».  Le rugby féminin commence à glisser vers  moins d’évitement comme cela a pu être le cas il y a quelques années chez les hommes, « on voit bien que le rugby féminin prend cette même voie, alors qu’il y a quelques années il était vanté pour les qualités de son jeu au large, on retrouve de plus en plus de Pick and go, de groupés pénétrants et de mêlées où la performance physique prend le dessus. Cela suit d’ailleurs le chemin de la professionnalisation du rugby féminin qui amène à une refonte de l’ADN du jeu ». La professionnalisation du rugby féminin, bien qu’elle se veuille être nécessaire afin de donner une légitimité et des droits aux athlètes qui produisent des efforts conséquents pour toucher du doigt la reconnaissance qu’elles méritent, se calque sur le modèle de l’hyper rugby masculin qui a malheureusement fait les preuves de sa dangerosité.

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