Railcoop et son train Bordeaux-Lyon: stop ou encore?


La coopérative Railcoop créée pour remettre sur les rails une desserte ferroviaire transversale entre Bordeaux et Lyon est désormais en redressement judiciaire. Elle a six mois pour trouver une solution à ses problèmes abyssaux de financement.

Carte de la ligne Bordeaux Lyon que Railcoop espère ouvrir en 2024Railcoop

La carte de la ligne transversale Bordeaux-Lyon, imaginée par Railcoop

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/10/2023 PAR Cyrille Pitois

Dans un communiqué en date de ce vendredi 20 octobre, la coopérative Railcoop dont le siège est à Figeac, annonce en quelques lignes qu’elle est désormais placée sous la protection du tribunal de commerce de Cahors, après avoir demandé sa mise en redressement judiciaire pour pouvoir poursuivre son activité.

C’est la fin provisoire de longues semaines d’interrogations sur l’avenir de la société et notamment de son projet emblématique: la remise en circulation d’une desserte ferroviaire transversale iconique de 550 km, entre Bordeaux et Lyon, offrant ainsi une alternative décarbonée à la liaison aérienne ou routière entre les deux métropoles régionales. Avec en prime, la desserte de dix gares intermédiaires.

Condamnée à réussir d’ici avril

La coopérative peut donc poursuivre son activité et le tribunal de commerce lui accorde un délai de six mois. « Railcoop a six mois pour réussir », commente seulement le directeur Nicolas Debaisieux, qui refuse désormais les demandes d’interviews.

En juin dernier, la direction reconnaissait avoir un urgent besoin de trésorerie, pour continuer à payer les salaires, et peinait aussi à trouver des soutiens financiers au long cours. La levée de fonds engagée qui devait permettre de trouver 500 000 euros avant le 30 septembre 2023, n’a pas atteint l’objectif. Lors de l’assemblée générale du 7 octobre dernier, une majorité des sociétaires s’est cependant prononcée pour la poursuite de l’activité.

Pour le long terme, Railcoop est en négociation avec Serena Partners, un fonds d’investissement espagnol spécialisé dans le financement d’infrastructures, afin de cofinancer l’achat des rames et l’exploitation commerciale de la ligne. Près de 50 millions sont nécessaires avant de voir circuler la première rame. Serena pourrait s’engager sur un quart de la somme. Railcoop compte sur les emprunts pour couvrir 50% de ces besoins. Resterait encore à mobiliser des investisseurs extérieurs pour un quart de la somme.

800 sociétaires prêts à recapitaliser

Sollicité, l’Etat vient de refuser poliment un projet dont l’essence même est une initiative soutenue par l’investissement privé des citoyens. La coopérative peut cependant compter sur l’engagement sans faille, mais sans doute pas sans limites, de ces propriétaires: pas moins de 800 sociétaires sur les 14 000 se déclarent prêts à contribuer à un plan de recapitalisation de la coopérative.

Désormais, le plan de charge de Railcoop est précis: la coopérative dispose d’une période d’observation de six mois pour se recapitaliser et boucler le tour de table pour l’ouverture de la ligne Bordeaux-Lyon. Faute de quoi le tribunal de commerce pourrait siffler la fin du voyage en avril prochain.

Si ces lignes transversales avaient la capacité à être rentables, ça se saurait !

Initialement prévue en 2022 puis repoussée en 2024 en mode frugal (un aller-retour tous les deux jours au lieu de deux allers-retours par jour), la ligne de l’opérateur alternatif enchaine les difficultés. La coopérative avait espéré un engagement lourd des régions, les collectivités compétentes en matière de transport et qui négocient les sillons sur le réseau SNCF. 

La Région Nouvelle-Aquitaine ne manifeste aucun enthousiasme pour le projet. « Les études menées par Railcoop sont très optimistes et pas franchement concordantes avec toutes les études possibles et imaginables que nous avons menées de notre côté, » indiquait Renaud Lagrave, vice-président la région en charge des transports en juillet dernier. « Si ces lignes transversales avaient la capacité à être rentables, ça se saurait ! «  On a déjà vu des encouragements plus enthousiastes! 

Mais Nicolas Debaisieux, le directeur général de Railcoop ne laisse rien paraître d’un éventuel découragement: « Nous appelons toutes celles et tous ceux qui croient en ce nouveau modèle ferroviaire, coopératif et citoyen, à soutenir Railcoop en devenant sociétaire. »

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Nouvelle-Aquitaine
À lire ! MOBILITÉS > Nos derniers articles