Rachida Dati veut bousculer la formation des magistrats à l’ENM


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Rachida Dati veut bousculer la formation des magistrats à l'ENM

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 01/02/2008 PAR Nicolas César

« Vous vous préparez à exercer un des plus beaux métiers du secteur public. Mais, n’oubliez pas que derrière chaque justiciable, il y a un homme, une femme. N’oubliez pas que derrière chaque prévenu ou accusé, il y a aussi un individu, peut-être innocent ». C’est par ces mots que Rachida Dati, la garde des sceaux, a commencé son allocution aux 206 auditeurs de justice. En faisant référence au procès d’Outreau, la ministre a tenu à rappeler que, selon elle, la formation dispensée à l’ENM est, actuellement, « trop technique » et « insuffisemment attentive aux qualités humaines ». « La vie des gens n’est pas un dossier. La vie des personnes est une réalité » a t-elle martelé. S’appuyant sur les propositions des présidents Canivet et Le Quinquis, et les conclusions des rapports des députés Houillon, Vallini, des sénateurs Fauchon et Gautier, elle envisage de réformer l’ENM autour de trois priorités.

Des tests psychotechniques au concours d’entrée de l’ENM ? 

La première est de développer les qualités humaines des magistrats. C’est pourquoi, elle envisage, dès les concours d’entrée, des tests psychotechniques ou la présence d’un psychologue dans le jury, pour « évaluer les qualités humaines des candidats ». Une proposition qui sidère Olivier Joullin, vice-président du TGI de Bordeaux et membre du conseil d’administration de l’ENM. « C’est choquant. Cela jette une suscpiscion sur la magistrature. Le corps judiciaire est désigné comme un corps malade » s’exclame t-il. Par ailleurs, la formation initiale sera modifiée. Elle débutera par « l’apprentissage des fondamentaux », (l’éthique, la déontologie, l’écoute, la conduite des entretiens…) avant la formation technique « qui interviendra dans un deuxième temps ». Les stages extérieurs, autres que ceux déjà intégrés dans les cabinets d’avocats, seront rétablis.

La deuxième priorité consiste à inscrire la formation dans une véritable politique des ressources humaines. Elle veut que l’ENM propose des formations longues et spécialisées, en lien avec le plan de carrière des magistrats. Troisième axe : donner une nouvelle dimension, plus européenne, à l’école. Les auditeurs bénéficieront d’un stage obligatoire à l’étranger. « A la sortie de l’ENM, tout auditeur devra savoir parler correctement l’anglais » a exigé Rachida Dati.  

Les propositions de réforme de Rachida Dati ont été, semble t-il, plutôt bien accueillies par la nouvelle promotion, à l’ENM, depuis seulement une semaine. « Il est important de rapprocher notre formation de l’humain. Depuis Outreau, il y a une très forte pression sur nous. Et nous sommes conscients des responsabilités, que nous avons, les magistrats » témoigne Christine, auditrice de justice.

Rachida Dati a demandé au nouveau directeur de l’ENM (depuis septembre 2007), Jean-François Thony (ex FMI, Nations Unies…) de lui remettre ses conclusions sur ce projet de réforme, au plus tard le 20 février. Elles seront ensuite débattues avec les chargés de formation, les personnels, les auditeurs et les organisations syndicales. La réforme de l’ENM pourrait être mise en place dès cet été.

Nicolas César


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