Quand la métropole veut se remettre au vert


Bordeaux Métropole

Quand la métropole veut se remettre au vert

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 29/09/2017 PAR Romain Béteille

Après les annonces, le concret. Comme il l’avait précisé lors de la conférence de presse de rentrée de la Métropole le 20 septembre dernier, le bureau de Bordeaux métropole a débattu en séance le futur nouveau plan d’amélioration de la propreté de l’espace public. Ce dernier concerne les 28 communes de la métropole et repose essentiellement sur trois priorités : augmenter les moyens dévolus au nettoyage, sensibiliser les usagers (via des campagnes de communication dédiées) et renforcer les contrôles et les verbalisations. Ce plan, d’un coût de 6,2 millions d’euros de fonctionnement (en année pleine) serait « financé sur le budget principal, dont une partie sur le produit de la taxe d’enlèvement des ordures ménagères », cette dernière n’ayant pas prévu de subir d’augmentation. Il y a cela dit une subtilité. Concernant le cas de l’hypercentre de Bordeaux, particulièrement problématique pour ce qui est du dépôt sauvage des ordures, la métropole compte faire appel à une entreprise privée, tandis que ces missions sont aujourd’hui assurées par des agents de la métropole. Le secteur concerné par cette externalisation des activités de collecte et de propreté est cependant réduit : entre la Garonne et la place Pey Berland, entre les cours du Chapeau rouge et Victor Hugo, cours de l’Intendance et sur les quais rive gauche, qui concentre « l’essentiel de la fréquentation touristique de Bordeaux et où la situation n’est pas satisfaisante ». Il s’agirait d’une « expérimentation » s’étendant sur quatre ou cinq ans selon les élus de la métropole, qui entraînerait une mise en concurrence, où tout du moins une comparaison avec l’efficacité du service actuel. Pas forcément de quoi s’alarmer pour autant selon le Président de Bordeaux Métropole.

Test grandeur nature

Ce dernier se base sur un sondage IFOP réalisé en juin dernier et selon lequel 80% des habitants de la métropole sont satisfaits de la propreté du centre-ville de leur commune, contre 72% pour la moyenne nationale. « Cela dit, nous avons des échos différents, notamment dans les conseils de quartier ». Et qu’on ne lui parle pas de privatisation, terme jugé « absurde. Nous renforçons considérablement les moyens de la régie, donc ceux des services de la métropole. Nous faisons juste une expérience sur un secteur limité pour avoir un test de comparaison et de concurrence, comme pour le SIVOM en ce qui concerne la collecte de la rive droite ». Si ce plan ne devrait être débattu qu’à la fin du mois d’octobre et que l’expérimentation ne débuterait qu’en septembre 2018, on connaît en revanche plusieurs des propositions qu’il devrait contenir : renforcer la fréquence de passage des balayeuses sur les pistes cyclables (d’une fois par an, comme c’est le cas actuellement, à 24 fois « ou moins pour les communes ne l’estimant pas nécessaire »), les moyens d’intervention saisonniers (ramassage des feuilles, désherbage) ou encore renforcer la fréquence de retrait des dépôts sauvages. « Ce n’est pas une question de coût, c’est simplement que la régie ne peut pas tout faire. Nous renforçons certes ses moyens mais il faut globablement augmenter la qualité de service et faire un test permettant des comparaisons peut être utile », a terminé Alain Juppé.

« Les moyens supplémentaires sont dédiés aux soirs et aux weekends, des périodes qui nous faisaient défaut jusqu’à aujourd’hui » a quant-à-lui précisé Jean-Louis David, conseiller métropolitain. Concernant le plan dans son ensemble, dédié à toutes les communes, l’ensemble des maires « est favorable au plan », précise le maire de Bordeaux. « Il y a juste un petit problème : c’est la métropole qui prend en charge ce service dans les communes qui l’ont mutualisé. Celles qui ne l’ont pas fait, on leur facturera donc la différence, avec un point d’interrogation qui subsiste sur les dépôts sauvages, car certaines communes bénéficiaient déjà de fait de prestations concernant cet entretient et qu’il n’est pas question de revenir en arrière ». Pour le maire de Bouliac et vice-président en charge de la collecte des déchets, Dominique Alcala, ce point ne pose pas vraiment de problème. « L’externalisation concerne deux secteurs de collecte et trois secteurs de propreté. Une dizaine d’agents de collecte sont concernés. À l’horizon 2018, ça n’en concernera plus que trois, les sept autres sont sur un changement d’affectation. Ces trois là étaient inquiets dès le départ, mais il conserveront à priori une activité de nuit. L’objectif, c’est qu’il y ait un mouvement perpétuel des agents de propreté, comme à Barcelone où on compte quatorze passages par jour ». Pas de suppression d’emploi, donc, mais plutôt des créations à en croire le discours officiel : on parle de la création d’une soixantaine de postes environ. 

Un engagement supplémentaire sur l’écologie

C’était aussi l’une des actions préconisées dans le nouvel accord cadre signé vendredi entre Bordeaux Métropole et l’ADEME prévu pour trois ans tournant autour de cinq grands domaines de coopération (transition énergétique, économie circulaire, ville durable, qualité de vie, recherche et innovation) : « engager une réflexion sur l’évolution et le devenir du parc de déchetteries ». Pour Lionel Poitevin, directeur régional de l’ADEME, il s’agit de « regarder de quelle manière on pourrait accroître l’attractivité vers les déchetteries, recycler d’avantage et augmenter le taux de valorisation des déchets. Peut-être qu’il sera nécessaire de réaménager certains sites ou d’en créer de nouveaux, le futur schéma le dira ». En tout, une trentaine de projets sont présentés dans cet accord, certains plus clairs que d’autres, comme cette mise en oeuvre d’un « réseau électrique intelligent expérimental ». On a demandé des explications au Président de l’ADEME, Bruno Léchevin. « Le système électrique tel qu’il a été conçu doit évoluer. Il était hyper centralisé, sur un une logique de château d’eau descendant et basé essentiellement sur le nucléaire. Progressivement, on en arrive à un système où ce sont les territoires qui vont produire leur propre énergie. Elle sera beaucoup plus décentralisée, multiple. De ce point de vue, la technologie des smartgrid va nous permettre de gérer cette complexité nouvelle. Au delà, des technologies, nous devront créer une culture de l’énergie, un travail de longue haleine où il y aura besoin de pédagogie ». 

Concernant ce dernier point et, de manière plus générale, l’apport de l’ADEME en renfort de la métropole en matière de politique énergétique, cette dernière est avant tout là pour est « apporter son expertise et valoriser les bonnes pratiques. Cela se fera par le biais d’appels à projets locaux ou nationaux. Spécifiquement, le contrat d’objectif signé aujourd’hui couvre une période de trois ans et a des objectifs très forts en termes de réduction des déchets, via notamment la mise en place de la tarification incitative ». En effet, la métropole bordelaise est actuellement en discussion sur cette mesure, qui concernerait quatre zones tests représentant environ 15 000 habitants. Elle aurait pour but, une fois encore, de responsabiliser les citoyens sur la gestion de leurs déchets tout en réduisant ces derniers, en améliorant leur tri et en réduisant les coûts. Enfin, la métropole et l’ADEME ont également signé un contrat d’objectifs dynamique pour l’économie circulaire (dans le cadre de l’appel a projets « zéro déchet zéro gaspillage ». Ce dernier est, au contraire de l’accord cadre, concret dans ses actions et chiffré : 450 000 euros, avec une part variable conditionnée par l’atteinte de trois objectifs : un taux de réduction des déchets ménagers de 1% par an, une valorisation de ces mêmes déchets de 93% (contre 90% actuellement) et l’engagement d’au moins 90 entreprises dans une « démarche d’écologie industrielle et territoriale ». Entre 2010 et 2016, l’ADEME aura accompagné environ 200 opérations métropolitaines pour un montant de plus de 32 millions d’euros, soit environ un cinquième du montant d’investissement total (145 millions d’euros). La pédagogie passera peut-être par la solidarité, comme en témoigne le nouveau dispositif adopté sur trois ans concernant la lutte contre la précarité énergétique. Il s’agit en fait d’une plateforme d’accueil des ménages en difficulté, baptisée « Ma Renov Bordeaux Métropole », prévoyant la mise en place d’un guichet unique pour les vingt huit communes du territoire et de prestations « à la carte » (visites à domiciles, actions ciblées) pour cinq communes volontaires, dont Bordeaux.

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