Première rétrospective de l’oeuvre du photographe Louis Stettner à la base sous marine de Bordeaux


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Première rétrospective de l'oeuvre du photographe Louis Stettner à la base sous marine de Bordeaux

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/02/2009 PAR Nicolas César

Les jeux de lumière, la pénombre de la base, son calme, son isolement et la musique d’époque nous replongent avec intensité sur ces 60 dernières années. Deux villes, que tout en apparence oppose. A New York, l’architecture écrase l’homme, elle est le symbole du modernisme. Paris, au contraire, « la romantique » se laisse découvrir par ses grandes avenues, ses petites ruelles, qui « grouillent » de monde. « New York incite l’esprit à s’élever à travers l’adversité. Paris y parvient à travers l’amour », analyse Louis Stettner. Deux villes, chères à l’artiste, lui qui est né à Brooklyn en 1922, et partage depuis désormais 60 ans sa vie entre New York et Paris, où il est installé.

« Ces photos nous interpellent, nous nous arrêtons pour regarder le visage de ces gens que l’on ne regarde pas dans la rue »
Mais, plus que les villes en elles-mêmes, ce sont les hommes qui la composent qu’il entend nous faire découvrir. Dans la lignée de Cartier-Bresson, de Ronis, de Brassaï, dont il fut l’élève, Louis Stettner nous réapprend à poser notre regard sur ce qui est à ses yeux l’essentiel, la rue et ses personnages qui la font vivre : les ouvriers au travail, les enfants qui courent rue des Martyrs, ce couple qui s’embrasse sous un parapluie à Paris, cette mère et son fils qui partent dans deux directions différentes, les gens qui lisent le journal dans le métro… Il a cette capacité à rendre sacré, à immortaliser ces visages innombrables de la rue, ces rencontres de rien. Il crée de la beauté là où ne s’attend plus à la voir. Comment rester insensibles face à ses séries de portraits en gros plan, de sans domicile fixe, à qui il a redonné une humanité, une dignité ? « Ces photos nous interpellent, nous nous arrêtons pour regarder le visage de ces gens que l’on ne regarde pas dans la rue. Il y a un dialogue entre nous et la photo. Dans un détail, il vous transporte comme la main légèrement tendue de cette homme à une femme assise à ses côtés, à Central Park », souligne Danièle Martinez. A cet égard, les portraits des « travailleurs » sont éloquents. Louis Stettner a « décrypté » le monde du travail dans sa « workers series » des années 70. « Quand je regarde ces portraits, il me semble que toute notre société contemporaine émane de ces visages, attendant d’être déchiffrée comme une carte une carte de l’humanité nous donnant les clés du futur », déclare-t-il à propos de ces photos d’ouvriers du monde entier.

Louis Stettner a cette capacité à nous ancrer dans l’humain
En réalité, Louis Stettner a transformé ces deux villes en personnage, par sa capacité à nous ancrer dans « l’humain ». Véritable « street reporter », Louis Stettner a simplement cherché à nous montrer la vie telle qu’elle sans la magnifier. C’est en quelque sorte une leçon de vie pour les jeunes générations. « Aujourd’hui, les photographes recherchent trop l’esthétique », déplore-t-il. « Etre artiste, c’est un travail social », rappelle-t-il.

Un artiste complet
Artiste complet, il s’adonne depuis quelques années à la sculpture et à la peinture. Une salle a été consacrée à ses œuvres (17 sculptures et 27 peintures sont exposées). Certaines sont inédites. Ainsi, un bronze a été réalisé trois jours avant l’exposition. « Pour moi, la photo, la sculpture et la peinture sont indissociables et participent de ma vision de ma vie. Mon souhait est d’apporter aux autres des émotions riches et des moments de vie exceptionnels », confie Louis Stettner.

A l’heure où le monde est en crise, victime du règne de « l’argent fou », Louis Stettner nous rappelle la nécessité de replacer l’homme au cœur de la société. « Le fascisme est né avec la crise économique. Je voudrais à tout prix éviter un nouveau fascisme », a-t-il averti, lors de l’inauguration de l’inauguration. Le lieu est hautement symbolique pour ce fils d’immigré juif. C’est ici, à Bordeaux, que les allemands avaient installé leur base sous-marine pendant la seconde guerre mondiale.

Nicolas César

Infos pratiques : Louis Stettner, « New York-Paris »,
Jusqu’au 29 mars, Entrée gratuite,
La base sous marine de Bordeaux, Boulevard Alfred Daney.
De 14h à 18h, sauf lundi et jours fériés
Tél. 05 56 11 11 50

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