newsletter
Devenir annonceur
4 min
PUBLIÉ LE 15/03/2023 PAR Corinne MerigaudEvénement unique en France, les Ostensions limousines puisent leur origine dans le Miracle des Ardents survenu le 12 novembre 994. Les limougeauds souffraient d’un mal brûlant dû à l‘ergot du seigle. On sortit alors les reliques de Saint-Martial de son tombeau, on le porta au Mont Jovis et le mal cessa.
Le terme « ostensions » signifie « donner à voir », « montrer » de manière ostentatoire. Les habitants prirent ensuite l’habitude d’exposer les reliques de leurs saints patrons lors d’événements tragiques tels que des famines, des inondations ou des épidémies. Elles étaient également montrées lors de la visite d’un personnage important dans la cité, un roi, une reine, un pape… venus honorer un saint protecteur.
Après Limoges, les plus anciennes sont attestées à Saint-Léonard de Noblat en 1016 puis à Saint-Junien en 1046, les deux communes où elles sont aujourd’hui les plus spectaculaires. Elles sont devenues septennales depuis le XVIème siècle et inscrites, depuis 2013, au Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’UNESCO.
Célébrations populaires
Si ces célébrations sont avant tout religieuses et chrétiennes, elles n’en sont pas moins populaires et suivies par des non croyants. C’est là le paradoxe des Ostensions qui rassemblent des milliers des personnes, jusqu’à 100 000 spectateurs à Saint-Junien, une ville longtemps détenue par une municipalité… communiste.
Corinne Merigaud | Aqui Pierre-Antoine Bozo, l’évêque de Limoges, attend avec « curiosité et joie » de voir pour la première fois les Ostensions.
Parce que les Ostensions réunissent les citoyens par delà les clivages de la foi, des bénévoles de tous horizons se retrouvent pour confectionner des fleurs en papier qui pavoiseront les rues de leur cité. « Chaque Ostension est unique car elle est de la cité où elle est célébrée, précise le père Jean-Marie Mallet-Guy. Elles ont à ce titre une fonction identitaire et créent une intégration sociale, mobilisant la population par des préparatifs pendant des mois. Témoignage d’une foi séculaire, elles ont un enracinement religieux pour les limousins. »
Dans 21 communes, et sur appli
Pour cette 73ème édition, vingt et une communes dont quinze en Haute-Vienne, trois en Charente limousine, deux en Creuse et une dans la Vienne vont participer à cette édition. Les Ostensions sont organisées dans chaque commune par une confrérie, rattachée à la Fédération limousine, ou un comité ostensionnaire qui se met en place un an avant. « Chacun organise ses Ostensions précise Patrick Proisy, président de la Fédération, celle-ci est garante du protocole lors des solennités et des processions et elle organise des projets transverses comme, cette année, la crédentiale pour fidéliser le public. » Sur un livret, les participants pourront faire tamponner leur crédentiale à l’effigie des lieux ostensionnaires et garder un souvenir de leur passage. A l’image de celui du pèlerin sur les routes de Saint-Jacques de Compostelle, attestant du chemin qu’il a parcouru.
Une appli sera également disponible avec « l’idée de faire une Terra Aventura, de mobiliser les familles et les enfants avec un parcours dans chaque commune pour découvrir des lieux et répondre à un quiz ». Autre nouveauté, Etagnac a été inscrite par l’UNESCO, dans la liste des villes ostensionnaires.
Pour l’évêque de Limoges, arrivé à Limoges depuis 5ans sans connaître Ostensions, ce 73ème rendez-vous sera une première. « J’ai une certaine curiosité et une vraie joie assure Pierre-Antoine Bozo. C’est une occasion de cohésion sociale autour d’une manifestation chrétienne qui dépasse les frontières de l’église alors qu’aujourd’hui il y a moins de chrétiens et plus de gens éloignés de l’église. Tous ensemble, ils se réunissent pour faire des fleurs en papier. C’est un événement très joyeux de ce point de vue. »
Des processions en costumes
A Limoges, les Ostensions honoreront, les 15 et 16 avril, les trois saints de la cité Martial, Aurélien, Loup et Sainte Valérie, tuée par son fiancé pour avoir préféré la religion chrétienne au reniement de sa foi et à la perte de sa virginité. Il ne faudra pas manquer l’ouverture des châsses et reliquaires, le 14 avril à 14h, à la basilique Saint-Michel-des-Lions et à la chapelle Saint-Aurélien, la grande marche historique à 20h et la grand-messe à 9 h le dimanche.
A Saint-Junien, elles se dérouleront le 7 mai en l’honneur des ermites Junien et Armand, et de Saint-Théodore avec messe, bénédictions des « mais » et procession. Lors de la clôture, le 25 juin, 1 500 figurants partiront en cortège en costumes historiques à travers la forêt de Comodoliac reconstituée pour l’occasion.
Fédération des confréries limousines Pour les Ostensions de Saint-Léonard de Noblat, les 20 et 21 mai, au moins treize délégations européennes sont attendues.
A Saint-Léonard de Noblat, l’ermite Léonard, filleul de Clovis, est le saint parton des prisonniers et des femmes enceintes depuis le VIème siècle. Son culte rayonne dans plus de 1200 lieux en France et en Europe. Au moins treize délégations européennes défileront dans les rues de la cité médiévale, le 21 mai, à 15 heures.
Mais aussi :
Réalisée par Léa Sham’s et Alain Duban, la première crèche limousine en orfèvrerie émaillée sera exposée à partir du 15 avril à la basilique Saint-Michel-des-Lions et, cet été, à la cathédrale de Limoges. Elle représente neuf saints vénérés en Limousin.
