Pollution du bassin de Lacq : la Sepanso enfonce le clou


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Pollution du bassin de Lacq : la Sepanso enfonce le clou

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 07/03/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Celle-ci a été réalisée en 2002 par l’Institut de santé publique et d’épidémiologie et de développement (ISPED). Elle était prudente mais révélatrice, dit la Sepanso. Car elle a montré qu’une surmortalité de 14% est survenue entre 1968 et 1998 chez les personnes âgées de moins de 65 ans dans la zone la plus proche des usines. Soit 136 décès supplémentaires parmi les 1124 recensés sur une période d’une trentaine d’années.

Trois zones de 22 000 habitantsCette enquête répondait à une volonté du législateur de mettre en place dans chaque région un plan de la qualité de l’air. C’est ainsi que des études ont été menées en Aquitaine pour « mieux connaître l’impact sur la santé de la pollution des grands sites industriels ».

  En effet, même si ce n’est plus le cas aujourd’hui, « pendant des décennies, 700 tonnes d’anhydride sulfureux ont été rejetées chaque jour dans l’atmosphère sur le bassin de Lacq » indique la Sepanso.

Dans ce secteur, trois zones concentriques de 22 000 habitants chacune ont été examinées. Une zone dite « exposée » qui rassemble 22 communes parmi les plus proches des quatre plateformes industrielles a été mise en évidence.  Tout en montrant une nette aggravation des cas de cancer, avec une augmentation du risque chez les jeunes.

Une étude à prolongerCertes, l’étude réalisée par l’ISPED était une « photo » prise à un moment donné et elle n’a pas évoqué de liens de cause à effet, reconnait la Sepanso. « Mais elle ne les a pas exclus » pour autant.

L’institut a ainsi préconisé de poursuivre l’étude les années suivantes. Ce souhait a été  approuvé par l’Institut national de veille sanitaire ainsi que par la Cour des comptes.
Pourtant, aucune suite n’a été donnée par le ministère de la Santé à cette demande, s’insurge la Sepanso. Cette dernière se demande pourtant ce qu’est devenue, 17 ans plus tard, la population jeune concernée par le problème. Tout comme elle s’interroge sur « l’effet cocktail » que pourraient avoir les quelque 140 produits polluants rejetés dans l’atmosphère du bassin de Lacq. Des substances dont les répercussions sont  « mal cernées et très inquiétantes », estime-t-elle.

« Il ne faut pas oublier qu’il y a sur le bassin de Lacq une vingtaine de sites classés SEVESO et 210 points de rejets connus. Déjà, l’étude de l’ISPED en 2002 soulignait le danger de la multiplication de nouvelles substances parmi lesquelles figurent des  composés organo-volatiles, hydrocarbures aromatiques polycycliques. D’autres composants nous inquiètent : chimie du soufre, acide, acroléine, pesticides, nitrate d’ammonium… »

La chape de silence dénoncéeTrès sévère avec l’Agence régionale de santé, qu’elle accuse de vouloir maintenir une chape de silence sur ce dossier, la Sepanso remarque que peu d’élus locaux se mobilisent sur le sujet. Par ailleurs, elle juge nettement insuffisantes les réponses apportées par les pouvoirs publics à ses interrogations. Certains évoquant le manque de fiabilité d’une étude complémentaire qui serait menée sur une population jugée trop réduite. D’autres rappelant qu’une étude de risque sanitaire de zone est en train d’être actualisée.

Des arguments que démontent les défenseurs de l’environnement. Pour rappeler par exemple qu’en épidémiologie, on travaille en termes de personne par année et que 60 000 habitants multipliés par 31 ans, cela représente plus de 1,8 million de personnes. Ou encore que les études de zone ne concernent que certains polluants et « ne prennent pas en compte la pollution globale ni l’effet cocktail ».

En toute clarté« D’autres types d’études sont souhaitables à partir des caisses de retraite des travailleurs du complexes » ajoutent-t-ils. « On étudierait alors des populations de salariés. Ce qui pourrait être instructif ».
Dans le même esprit, la Sepanso continue à réclamer tout une série de mesures : mise en place d’un Observatoire de la population, bouclage de l’étude sur les odeurs commencée à l’été 2015, affichage des principaux polluants du bassin sur des panneaux lumineux installés le long de la route reliant Pau à Bayonne, délocalisation des études sanitaires hors de la tutelle de l’ARS qui n’aurait pas joué son rôle, information publique sur les dysfonctionnements industriels et les PV dressés contre les actes délictueux…

C’est aussi ce qui l’amène aujourd’hui à publier sur son site Internet l’intégralité de l’étude de l’ISPED. Un document que l’Agence régionale de santé indique pour sa part avoir transmis à l’ensemble des maires et des industriels concernés, ainsi… qu’à la SEPANSO.

L’ARS réfute les critiques

Répondant aux critiques qui lui sont opposées, l’ARS tient pour sa part à préciser que l’étude des risques sanitaires de zone réalisée entre 2003 et 2007 a permis de s’intéresser à 140 molécules dont « un nombre restreint constituait une préoccupation sanitaire « . Elle indique aussi que l’évaluation des risques est actualisée depuis 2015, et que l’avancement de ces travaux est communiqué au Secrétariat permament pour la prévention des pollutions industrielles du bassin de Lacq (SPPPI) que préside le préfet.

Dans la foulée, l’Agence régionale de santé signale qu’une enquête a été demandée à l’Institut national de veille sanitaire sur les odeurs et les irritations dont des riverains se sont plaints en 2015. Gènes qui n’ont « entraîné aucune hospitalisation ».

L’ARS rappelle enfin qu’en octobre 2015, la Direction générale de la santé a saisi l’Institut de veille sanitaire  » sur l’opportunité de mettre en place une surveillance épidémiologique autour du bassin de Lacq » et de généraliser ce type de surveillance autour des grands bassins industriels.


Pour en savoir plus : le rapport de l’ISPED diffusé par la Sepanso (lire en « documents joints »)

http://www.sepanso64.org/spip.php?article212



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