Le Grand Entretien – Nicolas Florian, dans la peau d’un maire


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Temps de lecture 15 min

Publication PUBLIÉ LE 30/08/2019 PAR Joël Aubert - Romain Béteille

@qui.fr – Sept mois après le départ d’Alain Juppé pour le Conseil Constitutionnel, qui vous a « rattrapé » de façon inattendue, comment vous sentez-vous dans votre nouveau fauteuil de maire ?

Nicolas Florian, maire de Bordeaux – Je me sens bien, j’aime ce que je fais. Passé le côté émotion et surprise, je pense que j’ai pris mes marques dans la fonction, même s’il m’arrive encore de m’étonner d’être maire et d’avoir des réflexes d’adjoint. Pour être un peu gaillard, je m’éclate. Je suis passé d’un stade où je soufflais à l’oreille de Juppé quelques idées à un autre où je suis celui à qui on vient les souffler et qui peut les mettre en œuvre. Cette bascule s’est faite dans le temps. Il y a eu l’émotion, la prise de fonction et l’incarnation. Les retours des gens me disent que je suis maintenant dans le job, ce que je mesure. Après, ça a changé ma vie, à la fois personnelle et professionnelle en termes de charge de travail mais aussi de relation avec les gens. Il y a une forme de distance qui se créée alors même que je pense être quelqu’un de très accessible, c’est donc un peu nouveau. Il faut que je me discipline un peu aussi… C’est tout de même valorisant de prendre la suite d’Alain Juppé, de se mettre dans le sillage de ce qu’il a déjà entrepris tout en y mettant ma propre signature.

@qui.fr – Quand vous dites « mon parti, c’est Bordeaux », c’est pour, en tant que maire, vous éloigner encore un peu plus du parti LR ?

N.F – Je m’en suis éloigné, mais pas simplement parce que je suis devenu maire. Depuis 2017, on voit bien que les lignes bougent et que les références partisanes ne sont plus les mêmes. Je ne vais pas tirer sur l’ambulance, mais le parti LR est sinistré. Les présidentielles, l’élection de Laurent Wauquiez, les Européennes… c’est un déclin progressif. C’est concomitant avec mes nouvelles fonctions : je deviens maire à un moment où cet engagement partisan n’a plus de sens parce que mon quotidien, c’est la gestion de la ville et pas me préoccuper du positionnement de tel ou tel parti au niveau national.

@qui.fr – Dans quel état d’esprit abordez-vous l’échéance des élections municipales à venir, vous que l’on présente souvent sous le surnom d’héritier » d’Alain Juppé ? 

N.F – Le terme est plutôt juste dans le sens où je suis le garant de ce qu’a fait Alain Juppé et de cet esprit qu’il a amené. Je ne suis pas le comptable, mais presque. Lui avait toujours des investissements nationaux mais au niveau bordelais, c’était un rassembleur comme Jacques Chaban-Delmas avait pu l’être avant lui. Je suis garant de cette philosophie municipale avec un spectre de majorité très large. Dans son quotidien municipal, il avait une fibre particulière sur la qualité de vie, le lien social, une ville qui se développe et devient attractive. Si j’en suis l’héritier, ce n’est pas simplement en ce qui concerne la transmission de témoin fonctionnelle; c’est surtout dans une forme de continuité de la façon dont il a élaboré sa politique, que l’équipe municipale a accompagnée.

S’agissant de la future campagne électorale, je vais reprendre cette philosophie du rassemblement. À charge pour moi maintenant d’exprimer ce que je veux développer et ma vision, à la fois en tant que maire de la ville et candidat. Il va y avoir un renouvellement dans le choix des gens qui vont incarner cette politique municipale, il faudra s’adapter à un contexte social et sociétal nouveau. L’attente d’implication des citoyens sur la décision en est l’une des preuves : au-delà de leurs revendications, il ne faut pas oublier ce que les gilets jaunes expriment, de par leur mobilisation.

Pour vous répondre sur les élections en elles-mêmes, je dirais que les municipales sont à part. Si elles ne devaient être qu’un vote partisan en adéquation avec des votes nationaux, Alain Juppé ne serait plus maire depuis 2001. Aux présidentielles de 2012, Hollande a fait 57,18% sur la ville de Bordeaux. Deux ans après, Juppé fait 60,95%. Je ne me laisse pas enfermer dans un canevas de rapports de force, ce n’est pas comme ça qu’on doit être guidé par notre engagement. Un candidat à la mairie n’est pas là pour être le promoteur de la politique de quelqu’un d’autre ni pour accompagner une gestion nationale. De mon côté, je vais rester ancré dans le mouvement « Esprit Bordeaux » qui avait été lancé pour préparer la campagne d’Alain Juppé et dont on a fait un parti politique. Pour l’instant, je suis maire de plein exercice et jusqu’à la fin de l’année, je ne m’occupe que de la gestion quotidienne de la ville. La plupart des maires sortants ont le même état d’esprit, d’ailleurs. Début 2020, j’annoncerai quelle sera l’équipe qui m’accompagnera et le projet qu’on devra défendre sous l’identité d’Esprit Bordeaux. Aujourd’hui, le marqueur, ce n’est plus les partis politiques : si vous deviez additionner le nombre d’adhérents de tous les partis politiques connus et que vous rapportiez ça au nombre d’électeurs, la différence fait froid dans le dos. « Esprit Bordeaux » compte dans ses rangs des gens qui n’ont jamais eu et n’auront jamais de carte politique mais, parce que c’est du local et que c’est concret, ils s’engagent.

Verdir la campagne

@qui.fr – Dans une interview parue ce jeudi 29 août dans Sud-Ouest, vous affirmez les trois priorités de votre campagne comme étant la mobilité, le logement et la proximité. Quid de l’écologie, dont plusieurs de vos adversaires se sont déjà largement emparés ? 

N.F – L’urgence face au défi climatique est aussi un marqueur. Il ne s’agit pas de réinventer la planète mais de voir comment on s’adapte, quelle est notre capacité à résister et quelles sont les mesures concrètes à mettre en place. Si on veut agir concrètement à l’échelle municipale, on a des leviers pour le faire. Quand je décide de faire une autoroute de vélo pour favoriser les déplacements doux, je ne suis pas dans l’incantation, je peux le faire si je le veux, sans pour autant être inscrit dans l’engagement partisan d’un parti politique. Le défi, ce sera de pouvoir livrer une vision et un projet pour les vingt ans qui viennent. Alain Juppé nous a laissé un horizon : Bordeaux 2050. Reste maintenant à savoir gérer les immédiatetés et l’échéance qui nous en sépare. Qu’est-ce qu’on fait en termes de logements, de déplacements, d’éducation, de culture, etc. 

Ma feuille de route n’a pas changé depuis ce que j’ai déclaré lorsque je suis devenu maire le 7 mars. Mes quatre grands défis restent le défi climatique, le défi démocratique, le maintien de la cohésion sociale et le défi urbain de la croissance de la ville. À l’intérieur, on parlera logement, mobilité, lutte contre l’isolement, participation citoyenne ou lutte contre les bouleversements du climat. Sur cette question, par exemple, on sait qu’on a un défi autour de l’eau. Aujourd’hui, on est techniquement capables sur des logements collectifs d’utiliser des eaux pluviales pour un usage domestique. En revanche, la législation en termes de santé publique et d’hygiène ne l’autorise pas sur ce collectif. Il y a donc un enjeu de peser auprès des pouvoirs publics nationaux pour modifier ça. 

@qui.fr – Dans le premier budget participatif de la ville de Bordeaux (2,5 millions d’euros), 24 projets lauréats (sur un total de 41) concernent l’écologie. Parmi eux, un projet financé à hauteur de 70 000 euros parle de « végétaliser les places minérales » en « installant des bacs de végétalisation mobiles », un peu à l’image de l’installation d’une ombrière Place Pey Berland, mesure contestée par l’opposition municipale. Selon l’étude de l’entreprise rennaise Kermap réalisée avec des clichés satellites, Bordeaux figure en neuvième position des onze métropoles de plus de 200 000 habitants analysées, avec 12% de patrimoine arboré. Que comptez-vous mettre en place pour en augmenter la part ?

N.F – Le paradoxe de Bordeaux, c’est que quand on l’observe d’un point de vue aérien, on s’aperçoit qu’il y a autant de vert que de construit. Si vous zoomez, vous vous apercevez que la nature est chez les gens, derrière les murs. On a deux ou trois gros poumons de nature sur la ville, mais le reste de l’aménagement a été fait de telle sorte que l’on puisse piétonnier le centre-ville et le libérer de la voiture, ce qui a forcément nécessité une artificialisation des sols. À l’époque, on n’avait pas les mêmes enjeux. Celui d’aujourd’hui, selon moi, c’est de ramener une végétalisation sur l’espace public et pas simplement pour le plaisir esthétique mais pour transformer les îlots de chaleur en îlots de fraîcheur. C’est ce qu’on envisage de faire avec le futur « plan Canopée » qui envisage de planter 3000 arbres par an et avoir un objectif global de 20 000 d’ici 2025. Ce qu’on a fait sur la place Pey Berland a un but à termes : l’enracinement d’arbres dans l’espace public. J’ai voulu faire une expérimentation avec des arbres qui n’étaient pas enracinés, mais c’est bien l’objectif. Le paysage urbain sera donc complémenté. Dès le mois de septembre, un « club de l’arbre » sera mis en place, il y aura un recensement des lieux et places publiques qui manquent de végétalisation, on devrait ensuite en déduire des actions.

Logement et mobilité : les deux font la paire

@qui.fr – Parmi vos principales priorités, on retrouve la question du logement. Une récente étude de l’UNEF des villes « selon le coût de la vie étudiante » montrait Bordeaux comme étant la ville de France avec la plus importante inflation sur les loyers (+11,07%). D’un autre côté, le prix de l’immobilier à Bordeaux a connu, après des hausses très importantes, une baisse de 7% au premier semestre 2019 par rapport à 2018 (baromètre Orpi). De nouvelles mesures sont-elles à prévoir pour éviter le retour de l’inflation ?  

N.F – Bordeaux est confrontée, comme d’autres grandes villes, à une pénurie de logements abordables pour les étudiants, qui sont très nombreux. La Région a engagé depuis quelques années un programme avec le Crous de réhabilitations des villages étudiants. Ça a été fait, mais il faut le prolonger. La ville n’a pas la compétence sur le logement étudiant, mais elle peut, dans tous les programmes d’aménagement, augmenter leur part. Ça ne pourra se faire qu’au travers d’une convention formelle avec les promoteurs, bailleurs sociaux ou non. Je suis aussi prêt à être plus offensif en mettant des bâtiments à disposition de bailleurs pour les réhabiliter en logements étudiants. On n’a pas de logements vacants, mais on a parfois des immeubles occupés par des associations, il peut y avoir de la mutation.

Concernant l’ancien, le phénomène de la location saisonnière n’arrange pas les choses. En centre-ville, 5000 logements étaient sortis du parc de logements libres pour ne faire que du saisonnier, dont une bonne partie de T1 et de studios qui auraient dû aller aux étudiants. On a pris des mesures, comme d’autres villes l’ont fait, notamment en limitant à 120 jours le nombre de nuitées de locations possibles sur une résidence principale. On a aussi été plus loin en demandant à tous les investisseurs qui rachètent des immeubles et les font muter pour en faire des logements touristiques de justifier dans le même quartier de la mise en location d’un logement classique sur le marché. L’effet de cette mesure, c’est que 900 logements sont depuis revenus à la location. Je veux continuer cette action pour redonner les logements à des résidents, tout comme Paris et d’autres villes à vocation un peu touristique.

Sur le logement social, enfin, on rattrape. Le taux de logements sociaux en 2012 à Bordeaux était à moins de 15%, il est aujourd’hui à près de 19%. Il faut tendre vers les 25% de la loi, on va y arriver. Quand deux logements sont construits à Bordeaux, il y en a un qui est un logement social. Sur les grandes opérations d’aménagement, il trouve toute sa place. Le vrai enjeu, c’est le logement dit « accessible » ou « abordable ». Il y a toute une frange de la population qui n’est pas assez riche pour se payer un logement libre mais ne rentre pas dans les plafonds de ressource d’un logement social. Il y a dix ans, le prix du mètre carré moyen en neuf était à moins de 3000 euros contre 4800 aujourd’hui. L’objectif, c’est de pouvoir construire du logement qui ne soit pas social mais avec un prix de sortie autour de 3000 euros. Il y a une possibilité : la notion de logement abordable, sans plafonds de ressources contrairement aux logements dits « accessibles ». C’est ce qui doit être négocié avec les promoteurs; ils sont dans un bon état d’esprit là-dessus mais ça ne pourra marcher que si derrière on a une politique foncière forte pour lutter contre la spéculation. 

@qui.fr – Vous avez déclaré que Bordeaux pouvait accueillir 300 000 habitants « pour que ce soit acceptable ». Et après ?

N.F – C’est ce que j’ai évalué en termes de capacité d’accueils, d’équipements publics, de capacité à se déplacer et vie sur l’espace urbain. Aujourd’hui, on est proche des 260 000. Les grandes opérations, comme Euratlantique, représentent à termes 40 000 habitants. Une fois qu’on aura fini tout ça, on ne sera pas loin du compte. Ensuite, il ne s’agit pas de figer et de mettre un plafond ou de perdre des habitants, mais ce n’est pas forcément construire plus. On peut aussi jouer sur la sociologie des habitants avec des familles qui commencent à revenir et une forme de densification sociologique sur la ville.

@qui.fr – Parmi les grands projets structurants à venir, on retrouve l’idée de la restructuration des boulevards et à travers elle, l’épineuse question de la mobilité. Quelle vision avez-vous du projet à l’heure actuelle ?

N.F – L’enjeu n’y est pas uniquement un enjeu de mobilité. L’habitant de Mérignac ou de Saint-Médard-en-Jalles peut en avoir un parce qu’il fait du transit et on s’aperçoit que de nombreux utilisateurs des boulevards connaissent l’effet « baïonnette » : ils arrivent de l’extérieur et empruntent une partie des boulevards pour rentrer dans Bordeaux. 1% de la population en utilise la totalité. La priorité à cet endroit, c’est la création d’espaces sécurisés pour les vélos. Il y aura peut-être un transport en commun en site propre, mais il y a déjà un bus. Pour les habitants des boulevards, en revanche, c’est plutôt la question de l’aménagement urbain et comment on réhabilite les barrières : en en faisant des lieux de vie ou des lieux de passage ? Quand on parle de lieux de vie, ce n’est pas simplement mettre des commerces en pieds d’immeubles ou créer des poches commerciales, c’est aussi répondre aux besoins en termes d’équipements publics. Il ne faudrait donc pas qu’on ne s’arrête qu’à la bande de roulement et à la façade mais prennent en compte aussi les 300 ou 500 mètres qu’il y a de part et d’autre de ces boulevards. On ne pourra pas réfléchir à l’avenir des boulevards sans se préoccuper de ce qui se passe du côté de Pellegrin et à Gaviniès qui fait le trait d’union avec Mériadeck, par exemple. Ce sera aussi un projet intercommunal.

@qui.fr – En termes de grandes infrastructures, le pont Simone Veil a encore pris du retard

N.F – On est soumis à l’appréciation des juges suite au différend qu’on a eu avec le maître d’ouvrage (le groupe Razel-Bec) sur la façon de construire ce pont. Au final, on a passé un accord qui déchargeait l’entreprise d’une partie des travaux moyennant indemnisation (un million d’euros) et qui nous permettait de lancer un nouveau marché en dissociant ce qui relevait du tablier et ce qui relevait de l’enfouissement. On a souhaité le faire valider par un juge pour s’éviter des recours. Sauf que ce dernier a dit en première instance que l’accord passé était trop déséquilibré et qu’il allait contre la règle des marchés publics. On considère que ce n’est pas le cas, mais en attendant, ça nous bloque. On a donc décidé de faire appel, on attend la décision. Si elle confirme cette décision, l’accord deviendra caduc et il faudra tout reprendre à zéro. Ce qu’on espère, c’est que les juges puissent nous permettre de relancer les travaux d’enfouissements. On a quand même pu continuer les travaux sur la trémie, elle est rouverte, ce qui est moins pénalisant en termes de déplacements. Idéalement, on aimerait lancer un marché public pour attribuer les travaux de réalisation des piliers d’ici la fin de l’année.

Sécurité VS fracture sociale

@qui.fr – Au sujet de la sécurité à Bordeaux, pour faire face à une situation qui se dégrade, vous avez annoncé qu’un « plan » allait être présenté en septembre. Quelles en seront les mesures phares ?

On travaille de concert avec la préfecture, on a réuni un CSPD un peu exceptionnel en juillet. L’idée, c’est que d’ici fin septembre, on ait une restitution et des actions concrètes sur la vidéosurveillance, un meilleur accompagnement social ou un rappel à la loi, qui n’est pas encore utilisé ici. Je n’ai pas encore tranché la question de la place de la police municipale, mais je ne peux le faire qu’en coordination avec la préfecture. Il faut aussi régler le problème du malaise social de voisinage, c’est une action à mener notamment avec les bailleurs sociaux. Enfin, concernant la grande délinquance et les trafics, il n’y a que l’État qui peut intervenir. Je suis prêt à mettre des moyens : plus de vidéosurveillance mais aussi la possibilité pour les services de police d’avoir la main sur ce maillage-là. Jusqu’à maintenant, c’est nous qui collectons et transmettons les images, on n’a jamais accepté l’idée que le préfet de police puisse prendre la main.

@qui.fr – Cet été, de nombreuses associations ont alerté sur la vague d’expulsions de squats sur la métropole ordonnée par la nouvelle préfète, Fabienne Buccio. Au niveau municipal, avez-vous la main ?

N.F – Territorialement, ça doit être réfléchi à l’échelle de la métropole. Il n’y a aujourd’hui que quelques villes qui sont concernées par ces squats mais la réponse doit être collective. Après, c’est aussi le rôle de l’État que de prendre ses responsabilités, pas seulement avec une réponse consistant à ne plus autoriser les regroupements dans des squats mais en apportant une réponse sociale, humaine, ne serait-ce que pour ceux qui sont déjà là. Je n’ai pas encore de date, mais on a demandé une table ronde avec la préfecture, les acteurs sociaux, la sécurité publique et les différents services pour une réponse collective. 

@qui.fr – La ville de Bordeaux et la métropole ont engagé une série de partenariats avec d’autres grandes villes de la région Nouvelle-Aquitaine (Angoulême, Libourne, Marmande, Limoges, Mont-de-Marsan) dans le but d’organiser une « coopération territoriale ». Allez-vous aller plus loin dans cette stratégie dans les mois qui viennent ?

N.F – On doit faire de l’aménagement du territoire à l’échelle de notre région et renforcer le positionnement d’anciennes préfectures (Poitiers, Limoges) de villes telles Bayonne ou Agen. Pour cela, il faut identifier les relations à entretenir, les filières à promouvoir. C’est le travail de la Région mais la métropole doit aussi y participer. Il faut aussi quantifier la porosité à réinstaller entre la capitale et le reste du département. Cette fracture territoriale, c’est aussi, on y revient, le message des gilets jaunes. Avec Angoulême et Limoges, on ne peut pas parler de fracture territoriale au sens ou Bordeaux les vampiriseraient. C’est moins un transfert de richesses et d’accompagnement du développement qu’un partenariat de renforcement mutuel. Sur le reste du département, Bordeaux doit aussi se comporter un peu comme une grande sœur et éviter d’être vue comme une ville qui concentre les richesses et les atouts, là où il y a une forme de recul de la puissance publique sur des territoires périurbains. À priori, la Région et le département sont d’accord pour organiser des « Assises des territoires ». On doit être plus volontaristes. Quand on parle de mobilité, il ne faut pas s’arrêter à ce qu’il se passe sur les boulevards. Pour la rocade, l’enjeu est aussi de savoir ce qu’on fait des poids lourds qui traversent le département. Jusqu’à quel point peut-on être dans une logique d’étalement de l’activité économique : on ne va pas se tirer une balle dans le pied en disant à une entreprise d’aller s’installer à Saint-Savin-de-Blaye plutôt qu’à Bordeaux, mais ça doit être équilibré avec des logiques de sous-traitance ou de partenariat, notamment.

On devrait relancer des partenariats du côté du Blayais, de l’Entre-deux-Mers, du Médoc et de la première ceinture. Cet équilibre dans le développement passera sans doute par l’identification de filières économiques pour pouvoir délocaliser une activité de sous-traitance ou d’activités complémentaires sur les grands donneurs d’ordres. Il faut aussi qu’on accepte l’idée qu’on ne concentre pas tous les atouts. Bordeaux Métropole est aussi un grand donneur d’ordre : quand on négocie un contrat sur des transports avec des grands groupes, ne peut-on pas aussi en faire bénéficier les petites communes autour? Pareil pour la flotte téléphonique de la métropole : on pourrait y intégrer des agents d’autres communes. En tout cas, la volonté est là.

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