Poitiers : la garde des Sceaux inaugure le palais de justice


Aqui.fr

Poitiers : la garde des Sceaux inaugure le palais de justice

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/06/2019 PAR Julien PRIVAT

C’est avec un peu d’avance que Nicole Belloubet, la garde des Sceaux est arrivée sur le parvis de la nouvelle cité judiciaire de Poitiers. Le soleil commence juste à taper sur la façade grandiose et rénovée de l’ancien lycée des Feuillants. Une visite orchestrée à la fois par Thierry Hanouet, premier président de la Cour d’appel, et Dominique Moyal, procureure générale, qui a duré un peu plus de trois heures. Le temps d’arpenter les 14 000m2 du nouveau palais de justice. Le cortège s’est tout d’abord arrêté dans une salle d’audience avec les fameux box vitrés qui font débat. Puis la ministre a salué à chaque étage le personnel et les magistrats. Particularité, toutes les juridictions (hormis le tribunal administratif) sont rassemblées dans ce même lieu : tribunal d’instance (TI), tribunal de grande instance (TGI), tribunal pour enfants (TPE), conseils de prud’hommes (CPH), tribunal de commerce (TC), service administratif régional de Poitiers (SAR), la cour d’Appel (CA).

Une belle image de la justice

A mi-parcours, petite pause avec vue sur le toit terrasse végétalisé (dessous sont situées des salles d’audience). « Même si la visite n’est pas encore terminée, c’est une réussite architecturale exceptionnelle. Je trouve que sur la base de ce bâtiment, il y a une conjonction du respect du patrimoine et de la modernité et de la transparence. C’est une très belle image de ce qu’est la justice. Il y a des conditions de travail qui sont optimales pour les magistrats, les personnels de justice. C’est toujours un point important pour la manière dont la justice est rendue. ». 

Cependant, les fonctionnaires et le personnel de la justice ne sont pas forcément convaincus par l’agencement du palais. Selon le bâtonnier de l’Ordre des avocats, Me Hervé Ouvrard, le palais sépare la justice de ses utilisateurs. Désormais l’accès aux magistrats en dehors des salles d’audience est impossible pour le public et surtout pour les avocats. Ces derniers restent remontés contre les box vitrés installés dans deux salles d’audience. Interrogés sur ces fameuses cages de verre, entrave à la libre comparution, la ministre a mis en avant la sécurité de tous. « Les box vitrés ne sont en aucun cas attentatoires à la dignité des personnes prévenues. Nous devons respecter le droit à un procès équitable, mais aussi assurer la sécurité des personnels et des magistrats. » Laissant libre-choix aux juges de les utiliser ou non selon les situations.…

L'une des nouvelles salles d'audience du palais de justice de Poitiers avec sur la droite les box sécurisés qui soulèvent tant de questions.

Les souvenirs d’Alain Claeys

Place aux traditionnels discours d’inauguration, sous les yeux du personnel de justice et de nombreux invités, notamment les personnalités politiques qui ont contribué à la réalisation de ce projet. Seul absent remarqué, Jean-Pierre Raffarin, en déplacement à l’étranger. Cette nouvelle cité judiciaire  permet à Poitiers de « garder ses juridictions, ce qui ne peut être que bon pour l’attractivité, l’emploi et le dynamisme », confie Alain Claeys. Le maire de Poitiers s’est ensuite remémoré ces souvenirs sur Saint-Jo (l’ancien nom du lycée qui n’a jamais vraiment été oublié par les Poitevins). « Je pose mes yeux d’enfant sur ce vaisseau amarré au pied du Clain, je revois ce grand escalier qui semblait interminable, cette façade hiératique quadrillée d’augustes fenêtres en bois. Je me remémore cette nuée de gamins – dont je faisais partie – qui grouillaient dans la cour. J’entends ce brouhaha qui s’intensifiait au son de la cloche avant de disparaître une ou deux heures. Et puis tout recommençait dans ce bâtiment au charme d’antan. » Avant de conclure, « Des générations de Poitevins sont passées dans ces murs et il était important qu’un projet ambitieux comme celui-ci puisse lui succéder ». Bruno Belin, président du conseil départemental de la Vienne qui a participé à l’acquisition du bâtiment, en a profité pour interpeler la ministre sur le « besoin de soutien du conseil départemental par l’État ». « Nous sommes dans l’humain, le territoire, la proximité. Les collectivités sont utiles. Il ne faut pas les oublier. » Nicole Belloubet lui a répondu qu’elle restait attentive et à l’écoute des collectivités territoriales. 

Côté représentants de la justice. Dominique Moyal, procureure générale rappelle que « nous avons travaillé en étroite collaboration. Le chantier a duré deux ans et huit mois. Les échanges ont été riches, fructueux, passionnés, parfois houleux sur quelques aménagements. Le résultat, le palais de justice de Poitiers est unique. » Thierry Hanouet, premier président de la Cour d’appel va dans ce sens également pour décrire ce « monument d’un classicisme, visible, ouvert sur la cité. Moderne et fonctionnel ».

Dans son discours, la garde des Sceaux est revenue sur le fait « d’accueillir le justiciable dans un lieu unique. Notre priorité reste notre lisibilité et notre accessibilité. Ce lieu emblématique devrait représenter la justice du XXIe siècle ». Elle a d’ailleurs fait référence également à sa réforme de la justice et la création de tribunal judiciaire « dans un souci de clarté » qui entraîne selon elle « plus de souplesse et d’organisation. » Enfin pour conclure sur ce bâtiment emblématique de la ville de Poitiers, la ministre a terminé son discours par une citation de Lafayette, qui faisait partie du club des Feuillants. « Aucun obstacle, aucun mécompte, aucun chagrin ne me détourne ou me ralentit dans le but unique de ma vie : le bien-être de tous, et la liberté partout » (Mémoires, correspondance et manuscrits du général Lafayette).

Le bâtiment magistrale des Feuillants datant du XIXe siècle accueille le nouveau palais de justice de Poitiers.

Depuis le 1er avril près de 300 magistrats ont investi la nouvelle cité judiciaire de Poitiers. Ils ont quitté le palais des Ducs d’Aquitaine qui les ont hébergés durant 239 années. Une nouvelle histoire doit s’écrire et quelques aménagements vont sans doute avoir lieu pour améliorer leur conditions de travail et que la justice soit rendue dans les meilleures conditions.


Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Vienne
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles