Pierre Hurmic dessine la ville de demain


En amont du conseil municipal, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a tenu une conférence de presse sur les grandes orientations à venir en matière d'urbanisme et d'habitat.

Bernard Louis Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux; Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire en charge du service public du logement et de l’habitatAqui.fr

Bernard Louis Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient, Pierre Hurmic, maire de Bordeaux; Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire en charge du service public du logement et de l’habitat

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 04/05/2021 PAR Mélanie Philips

Pierre Hurmic, maire de Bordeaux, a présenté à la presse ses grandes orientations en matière d’urbanisme et de logement pour la ville. Renaturation, régulation et résilience seront les maîtres mots des cinq prochaines années. Accompagné de Bernard-Louis Blanc, adjoint au maire en charge de l’urbanisme résilient et de Stéphane Pfeiffer, adjoint au maire en charge du service public du logement et de l’habitat. Alors, qu’entend cette stratégie et ses orientations ? Ce 4 mai le Conseil municipal de Bordeaux se penche sur le sujet.

« Aujourd’hui le logement à Bordeaux est cher et difficile à trouver ». Les premiers mots de Pierre Hurmic plante le décor. Si pourtant des centaines de logements sortent de terre, les Bordelais ont pour autant du mal à « s’approprier les nouveaux quartiers dont l’architecture et l’urbanisme ne les convainquent pas toujours. Surtout dans la mesure où le béton est envahissant et la nature recule. » Des bordelais qui, bien trop souvent, sont contraints soit de renoncer à habiter la surface correspondant à leurs besoins, soit de s’éloigner plus loin du centre voire dans d’autres communes. Pouvoir répondre aux différents besoins des citoyens, cela passe donc par trois orientations : renaturation, régulation et résilience. 

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Qu’entend-on par renaturation? Pour faire simple, c’est le plan Bordeaux grandeur nature, qui s’articule autour de la préservation, du renouvellement, des plantations, le tout autour de la participation. C’est aussi une construction conçue autour « d’un espace public revalorisé, apaisé et d’une trame verte et bleue renforcée. » La régulation quant à elle, c’est à la fois la production de logements en volume et en qualité pour répondre aux besoins des bordelais mais c’est aussi la régulation des logements libres existant, avec des mesures fortes. Comme par exemple l’encadrement de prix, la régulation du marché privé et la lutte contre l’habitat indigne. La résiliance dans la construction immobilière passe par une exigence nécessaire pour la qualité du bâti du logement avec des matériaux qui doivent être locaux. C’est d’ailleurs là le sens du label habitat Frugal Bordelais.

L’enjeu pour le maire, c’est de répondre à deux impératifs : d’abord produire des logements qui permettent de répondre aux besoins des habitants et en même temps répondre à l’urgence climatique qui exige le zéro artificialisation. « Nous nous engageons, c’est une politique d’urbanisme et de l’habitat fertile, pour une ville apaisée, qui offre à chacun du confort, de l’intimité, des extérieurs, de la nature, des communs, mais aussi des logements plus accessibles financièrement. » 

Logements sociaux

Bordeaux a connu et connaît encore une très forte dynamique démographique. C’est pourquoi la ville se doit de rendre disponible 2 500 logements chaque année. « Dans ces constructions, nous souhaitons donner la priorité au logement social » car la demande a augmenté plus vite que l’offre produite. En effet, en 2015 il y avait 5 demandes pour 1 offre contre 9 demandes pour 1 offre en 2019. Tout en sachant que cette demande porte désormais sur de plus petits logements avec un nombre de demandeurs en T1 et T2 correspondant respectivement à  25 % et 23 % des demandes totales. Car 55 % des demandeurs sont des personnes seules. Malgré la volonté et les objectifs du PLH, aujourd’hui il manque 9 156 logements sociaux pour atteindre le seuil des 25% fixés par la loi. « Nous allons augmenter la part des logements sociaux dans le diffus afin d’aboutir à une meilleure répartition géographique de l’offre sociale afin qu’il y ait une plus grande mixité des publics dans toute la ville », précise Pierre Hurmic. Objectf

Des prix exorbitants

Selon Stéphane Pfeiffer, « on considère qu’il y a un décalage entre la demande et l’offre. Dans le neuf, l’augmentation des prix est indiscutable : la moyenne des ventes des promoteurs, hors parking, est passée de 3 830€/ m2 en 2014 à 4 714€/m2 en 2020 ». Soit environs 900€ d’augmentation sur sept ans. Si on prend l’exemple d’un couple jeunes actifs sans apport, avec 3 500€ de revenus nets (2,8 SMIC), la capacité d’emprunt est de 260 à 280 000€ (mensualité maximale 1100€). Ce qui signifie qu’au prix actuel moyen de vente en neuf sur Bordeaux, ils peuvent acheter un bien de 54 à 58m2. Alors qu’il recherche généralement un T3 de 65 m2. Cela rejoint les propos de Pierre Hurmic : soit on revoit les surfaces à la baisse, soit on s’éloigne. 
La ville souhaite ainsi intervenir sur le foncier avec une stratégie volontariste pour réguler les prix. Par exemple, « on souhaite développer l’accession sociale à la propriété avec notamment le recours aux offices fonciers solidaire. Ce qui permet aux familles de rester dans le centre-ville puisqu’on est bien moins cher à l’achat », explique l’adjoint au maire en charge du service public du logement et de l’habitat.

Concernant le loyer à la relocation, Bordeaux est la ville au loyer le plus cher de France derrière Paris. Avec un loyer moyen de 11,6 €/m2 à 15,8 €/m2  sur les T1. Soit un loyer moyen à la relocation sur Bordeaux de 13,9€ /m2. Parmi les pistes évoquées : l’encadrement des loyers, la mobilisation du parc de logements existants pour réguler le marché privé (près de 5000 logements seraient en effet vacants), ou accentuer le contrôle de l’offre sur les meublés de tourisme. Autres ambitions des orientations présentées ce mardi aux élus municipaux : lutter contre l’habitat indigne et insalubre et créer une réelle mixité des publics dans tous les quartiers.

Stop au béton coulé

Bernard Louis Blanc s’indigne face au triste constat, attribué aux équipes municipales précédentes, d’avoir construit un « eco-quartier », celui de Ginko, avec 90 000 m3 de béton coulé pour 600 logements, soit l’équivalent en émissions de gaz à effet de serre de 320 allers / retours entre la France et la Thaïlande. « Or, le béton est un boulet climatique qui est analysé depuis des décennies. On le sait, tout le monde le sait que ce n’est pas avec du béton coulé en place, qu’on peut faire des éco-quartiers et qu’on peut participer de la transition écologique », souligne-t-il, agacé face à ce triste constat. La deuxième grande orientation en matière d’urbanisme et de production est donc de décarbonner cette production. Par quoi ça passe? Inciter les opérateurs à utiliser des matériaux bio-sourcés, « des matériaux qui se situeraient au maximum à 200 km du point de projet ». C’est là tout l’enjeu de la création d’un label Habitat Frugal Bordelais… sans négliger la qualtié de vie résidentielle, précisent les élus.

Autre constat dressé par la nouvelle municipalité : en plus du béton, avec la frénésie immobilière que la ville a connu ces dernières années, il y a eu une perte 25 % de biodiversité. « Ce qui est une catastrophe aujourd’hui pour la ville, mais aussi pour la planète », s’accordent Bernard Louis Blanc et Pierre Hurmic. Face à cela, cela, les élus se sont fixés une nouvelle trajectoire pour Bordeaux, celle de tendre au Zéro artificialisation. Autre piste sur une sauvegarde voire une reconquête de la biodiversité, sanctuariser les derniers grands espaces naturels la reconstitution de l’îlot Bordelais en poursuivant et concluant la lanière paysagère amorcée par le tissus de jardins d’échoppes et d’immeubles bordelais.

Par et avec les habitants

Le projet municipal, s’articule donc autour de tout cela: une ville décarbonée, solidaire, accueillante, équilibrée. Si pour cela les élus se sont fixés une nouvelle trajectoire pour Bordeaux, ils promettent également que la ville sera façonnée par et avec ses habitants en favorisant d’une part la participation citoyenne à la fabrique de la ville, en lien avec les assises du pouvoir partagé et facilitant d’autre part l’accès aux droits et à l’information en matière de logement : la Maison du logement.
De grandes orientations municipales qui devront s’inscrire, et c’est la première étape à leurs mises en oeuvre, dans la onzième modification du Plan local d’Urbanisme de Bordeaux Métropole dont la concertation publique a démarré le 26 avril dernier.

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