Pau : le progrès mène-t-il encore le monde ?


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Pau : le progrès mène-t-il encore le monde ?

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 22/03/2016 PAR Jean-Jacques Nicomette

Deux ans après leur création, ces rencontres gratuites, ouvertes à tous et  baptisées « Les idées mènent le monde », ont en effet suscité l’adhésion du public. L’année dernière, pas moins de 25 000 visiteurs ont franchi les portes du Palais Beaumont où elles ont été organisées. Tandis que les retransmissions, conférences et débats diffusés en différé sur Internet ont vu le nombre de leurs spectateurs passer du simple au double.

Une belle satisfaction pour François Bayrou,  soucieux de démontrer qu’il sait aussi gérer les deniers publics, et qui ne manque jamais une occasion de souligner « la très grande économie de moyens » ayant présidé à la mise en place de l’événement. Etabli à 260 000 €, le budget prévisionnel des « Idées » – qui coïncident avec un salon du livre –  n’a pas dépassé un niveau de dépenses de 240 000 €. « Et encore, en ayant acheté la totalité de l’ameublement pour trois ans » précise-t-il.

« Sommes-nous supérieurs à l’artiste des grottes de Lascaux ? »Après le bonheur et l’enfance, un nouveau thème était recherché. Celui-du progrès a été adopté pour des raisons diverses. « Au moment où le maxi-ordinateur de Google remporte une victoire sur un champion du monde de jeu de go, réputé imbattable, est-ce que l’intelligence humaine va être mise en cause par sa propre créature ? C’est là une question éminemment importante » estime l’ancien ministre de l’Education nationale.

« De même, lorsque l’on regarde le passé, y a –t-il eu un progrès ? L’humanité actuelle est-elle supérieure aux Egyptiens, aux Grecs anciens et même à l’artiste des grottes de Lascaux ?  Est-ce que, comme le disait Theilhard de Chardin, elle va permettre à l’Homme d’atteindre une dimension accomplie, différente ? ».
Le progrès est aussi affaire personnelle, poursuit François Bayrou. « Est-ce que l’on change ? Pour répondre à cette question, je pourrais inviter quelques hommes politiques majeurs. Mais je crois qu’en novembre, ils seront occupés » ironise le patron du Modem, l’œil malin,  en faisant allusion à la primaire qui sera organisée à droite à la fin de l’année.

« Les arbres ne montent pas jusqu’au ciel »« Changer, c’est progresser. Est-ce qu’on le fait aussi dans la communication ? L’univers d’Internet rencontre-t-il mieux ou plus les gens ? Est-ce que les liens entre les humains progressent ? Et y a-t-il un progrès social ? Au cours des deux derniers siècles, la société française s’est construite autour de l’idée qu’un progrès économique continu nourrirait un progrès social continu. » Force est de constater, remarque-il, que la réponse à cette question doit aujourd’hui être prudente.  » Car, comme on le dit dans l’univers de la finance, les arbres ne montent pas jusqu’au ciel ».

Bref, les interrogations que le mot progrès soulève sont nombreuses. « Y-a-til un progrès en philosophie ? Est-ce que Platon, Plotin, Aristote sont dépassés ? Y a-t-il un progrès dans la sagesse ? Est-ce que la capacité de juger de la vie et de sa place dans la vie est susceptible de progrès ? Tout cela est très stimulant et devrait intéresser toutes les classes d’âge. Car, plus que les autres années, nous voulons mettre l’accent sur les lycéens et les collégiens ».

Le doute du XXIe siècleCette approche est  partagée par le journaliste Philippe Lapousterle, cheville ouvrière de la manifestation. D’autant plus que la notion de progrès ne fait plus aujourd’hui la belle unanimité qu’elle a connue jadis.
« Autrefois, tout le monde y croyait. Aujourd’hui, plus encore que la chute des idéologies, le doute s’est installé dans les esprits. Avec le sentiment que nos enfants vivront moins bien que nous. C’est ce phénomène qui explique le pessimisme incroyable des Français. Jadis, le progrès était un facteur d’union. Maintenant, il divise, il est contesté ».

Au point que cette contestation peut prendre des formes extrêmes renchérit François Bayrou. Avant d’évoquer certains courants de pensée pour lesquels l’enjeu est aujourd’hui de revenir « à la pratique, aux lois, aux modes de vie du 7e siècle ».
Bref, la notion de progrès figure au cœur même de notre actualité. « Je suis persuadé que l’on aura des débats fascinants ».

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