«Oh (en) Couleurs !» et plein la vue


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«Oh (en) Couleurs !» et plein la vue

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/06/2017 PAR Solène MÉRIC

Il aura fallu deux ans aux équipes du Musée des Arts Décoratifs et du Design, à commencer par sa directrice Constance Rubini, pour construire cette exposition, avec l’aide dans le rôle du scénographe de Pierre Charpin, désigné Créateur de l’année, à l’occasion du Salon Maison et objet 2017. Deux ans, et au final, un parti pris assumé : « La couleur est de l’ordre de l’expérience, du concept et non une réalité. Donc, plutôt qu’une histoire chronologique complète de la couleur et du design, nous avons choisi de raconter plusieurs histoires, plusieurs angles autour du couple couleurs et design ». Un choix qui se prête d’autant mieux à l’espace de l’exposition : l’ancienne prison municipale de la rue Boulan, située à l’arrière du musée, et jusque là réservée aux stockages des pièces non exposées. A chaque cellule, un point de vue, une vision, une personnalité différente de l’histoire du design à travers la couleur (et vice versa), comme autant de focus sur des pièces choisies d’un immense puzzle. Au total ce sont 400 pièces qui sont exposées ainsi que quelques vidéos, d’archives ou toutes exprès produites pour l’exposition, comme cette visite au sein de l’usine de fabrication des couleurs de la célèbre marque de boites de conservation Tupperware à Joué-lès-Tours.

Les deux facettes de la couleur

Mais avant d’explorer, cellules après cellules, les différentes thématiques mises en avant, le visiteur est convié à faire le tour des deux espaces intérieurs, anciennes cours de la prison, symétriques et séparées par un couloir central, qui font quant à elles référence aux deux facettes de la couleur. Dans l’une, la couleur « brute » obtenue par pigments, dans l’autre, la couleur structurelle, de celle qui fait les arcs en ciel, provoquée par la diffraction de la lumière sur des structures microscopiques. Sur la première partie, carte blanche est donnée à Pierre Charpin. Se succèdent ici des objets auxquels la couleur donne sens, la croix verte des pharmacies, la boite aux lettres jaune La Poste, mais aussi moins heureux, l’orange des combinaisons des prisonniers américains. Mais tout n’est pas question de symbole dans cette pièce, on y trouve aussi le noir investi par les designeurs français notamment dans les années 80 comme en témoignent les chaises de Philippe Starck et Martin Szekely, à l’inverse du design coloré italien de l’époque, tel ce Fauteil Poltrona di Prout d’Assendro Mendidi de 1978. Au total, un bazar coloré, au mur flashy, et aux clins d’oeil historiques, comme les fameux PC Apple iMac G3, les premiers à se soucier de travailler en couleur le design de l’arrière d’un ordinateur « pour le plaisir des yeux non pas de celui qui y travaille mais de celui qui lui fait face… », explique Pierre Charpin.
Dans la deuxième cour centrale place à « la couleur fugace et rebelle », commente Constance Rubini. Ici, la couleur se fait irisée, et change selon l’orientation de la lumière ou de celui qui regarde l’objet. Ici, place aux robes et combinaisons de Paco Rabanne, aux vases de Clément Massier à la fin du 19ème siècle, à la couleur industrielle, du groupe japonais Toyal créateur de peintures métallisées pour l’automobile… mais aussi de cosmétiques (vernis à ongle), de joailleries, ou d’emballages, comme ces bouteilles de saké japonais irrisés. Mais ici, c’est aussi l’irrisation au naturel qui est mis en avant avec une exposition d’insectes naturalisés dont des scarabées et papillons aux carapaces et ailes aux couleurs insaisissables. A leur côté également, coquillages et oiseaux naturalisés, parmis lesquels trône un paon bleu.

L'espace Irisation de l'exposition ''Oh Couleurs!'' au madd

Couleurs de Bordeaux, Cité Frugès, Dauphine et rouges baiser

Quant aux cellules, pleines d’histoires colorées, difficile ici de tout détailler. Ce sont 13 espaces, comme autant d’univers auxquels il faut ajouter le couloir central, qui sont à découvrir. Chacune mettant à l’honneur, un angle ou une personnalité autour du design et de la couleur. Dans une, Irma Boon expose son papier peint créé tout exprés « aux couleurs de Bordeaux », dans une autre, c’est la couleur des drapeaux qui est mis à l’honneur autour du thème couleur et force symbolique, ailleurs, couleur et géographiqe, nous plonge dans le jaune du sud, quand la « Daylight Colour Wheel » (la roue des lumières du jour) de Hella Jongerius révèle l’impact de la lumière sur la couleur, et donc son évolution au fil d’une journée. Une cellule se fait clin d’oeil à l’incontournable Le Corbusier et sa Cité Frugès à Pessac où l’architecte s’est permis pour la première fois de jouer de la couleur pour jouer de l’espace et des volumes apparents à l’extérieur d’une architecture. Autre capsule pour un autre hommage, à la décoratrice Paule Marrot cette fois ; la première à avoir donné des couleurs aux carrosseries et intérieurs des voitures, et notamment à la célèbre Dauphine au milieu des années 50. 

Au total, c’est sans crainte que vous pourrez embrassez pour quoi pas au rouge à lèvres (une capsule vous y invite…), ce beau parcours « Oh (en) Couleurs!  » qui s’égrène aussi dans quelques-unes des pièces de l’Hôtel de Lalande, le bâtiment historique du musée.
Et s’il vous fallait une raison de plus pour aller voir l’exposition, sachez qu’ « Oh couleurs ! » est la première exposition à prendre place dans l’enceinte atypique de l’ancienne prison du madd, jusqu’au 5 novembre.

Infos et tarifs: www.madd-bordeaux.fr

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