Nez rouges à l’hosto auprès des enfants malades


Les Clowns Stéthoscopes recrutent. Ils sont actuellement 9 à venir rendre régulièrement visite aux enfants malades et à leurs parents dans les hôpitaux de Pellegrin à Bordeaux et Haut-Lévêque à Pessac. L'association cherche à pérenniser son action en

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Nez rouges à l'hosto auprès des enfants malades

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/11/2008 PAR Vincent Goulet

Ce n’est pas un spectacle ni une animation que proposent les clowns aux enfants et à leurs parents mais une rencontre, basée sur l’improvisation. « On s’adapte aux besoins de l’enfant, il faut saisir ce qu’il se passe », explique Aurélie Lopez, alias Magnolia, une clown espiègle qui travaille depuis 5 ans dans l’association. Pas question de s’imposer dans les chambres : « Avec le nez rouge, on demande toujours l’autorisation à l’enfant : nous sommes le seul interlocuteur à l’hôpital auquel il puisse dire « non ». Parfois on se fait envoyer balader, et c’est très bien ainsi. » La rencontre peut donc durer 10 secondes ou un quart d’heure. « Notre objectif n’est pas forcément de faire rire mais d’ouvrir une fenêtre. Faire oublier à l’enfant qu’il est à l’hôpital et rappeler aux parents que leur enfant malade reste d’abord un enfant. Ce peut être une petite comptine au creux de l’oreille d’un petit, une bataille d’eau avec un ado ou danser la tecktonik dans les couloirs avec les infirmières et les aides soignants ».

Après une phase d’apprivoisement, l’équipe soignante est également entrée dans le jeu. « Ils peuvent ainsi se montrer aux enfants sous un autre jour que celui des faiseurs de piqûres ou des maniaques du pansement. Et nous, les clowns, on n’en à rien à faire de la hiérarchie, on tutoie et on rigole avec le chirurgien comme avec la femme de ménage, cela permet à tout le monde de décompresser ».

Une relation privilégiée avec l’équipe soignante
« A notre arrivée dans le service hospitalier, on déchausse le nez pour discuter avec les infirmières et les aides soignants de l’état psychologique et émotionnel des enfants, on s’informe aussi des parents, de comment ils vont », explique Stella Aucharles, la coordinatrice de l’association. « De même, après chaque intervention, on fait un débriefing avec l’équipe soignante. Cela permet d’assurer d’ajuster nos improvisations et d’assurer un suivi auprès des enfants dont certains restent plusieurs semaines hospitalisés. » Le corps médical est aussi impliquée dans la vie de l’association qui s’efforce d’intégrer des représentants dans son conseil d’administration. Très récemment, le Professeur Yves Pérel, responsable du service d’onco-hémathologie de Pellegrin a accepté d’en être le président d’honneur.

« On ne fait pas le clown , on est clown »
Les Clowns Stéthoscopes, qui interviennent en duo deux fois par semaine, sont des professionnels, formés et rémunérés. Car on ne s’improvise pas du jour au lendemain clown à l’hôpital. Si tous ne sont pas comédien de formation (on trouve aussi un professeur de mathématique, une professeure de sport, une employée administratif ou une monteuse de cinéma), « il faut déjà « avoir son clown », venir avec un personnage existant », explique Magnolia. « C’est un contexte parfois difficile psychologiquement. On ne peut pas se permettre d’aller chercher son clown à l’hôpital ».La formation est exigeante et sélective : cela commence par un week-end de validation des acquis de clown (le prochain a lieu le 15 et 16 novembre, où il reste d’ailleurs quelques places). Pour les personnes retenues suit un stage d’une semaine en immersion totale avec simulations filmées et débriefing. Après un entretien et un questionnaire détaillé, le Clown Stéthoscope commence une période de trois mois pendant laquelle il peut vérifier si ce milieu convient à sa manière « d’être clown ». Il s’engage à travailler deux journées par semaine, payées en cachet et à participer tous les mois à une analyse de pratique collective avec une psychothérapeute. « Cela permet de resserer les liens de l’équipe qui ne se rencontre pas toujours sur le terrain » souligne Aurélie Lopez, qui apprécie ces moments d’échange des expériences. Enfin, tous les trimestres a lieu un week-end de formation continue.

Etoffer l’équipe de bénévoles pour continuer la professionnalisation
Créée en 1999, l’association « Pour de rire » a fait en 2007 le choix de la professionnalisation et a changé de nom pour devenir « les Clowns Stéthoscopes ». « Après plusieurs années de fonctionnement basé sur le bénévolat, on s’est rendu compte que nos interventions n’étaient pas assez régulières, les niveaux de jeux trop hétérogènes. Les relations avec les équipes soignantes étaient minimales, il manquait de régulation », explique Stella Aucharles. Le pari est financièrement risqué mais correspond à un vrai besoin, tandis que l’association est sollicitée pour intervenir dans d’autres services pédiatriques. Mais cette manière plus rigoureuse de faire a un coût. L’année dernière, une subvention de démarrage a été accordée par la Chambre Régionale de l’Economie Sociale et Solidaire d’Aquitaine. Il faut maintenant trouver des financements réguliers pour payer les clowns et assurer les frais fixes : 60 000 euros en 2008, plus de 90 000 euros en 2009 où 3 nouveaux clowns devraient être recrutés. Pour cela, il faut des bénévoles pour faire connaître l’association, chercher des donateurs (entreprises et particuliers), organiser des manifestations de financement, etc.

Que cela soit chaussé du nez rouge ou dans les coulisses de l’association, les Clowns Stéthoscopes ont besoin d’aide pour rappeler qu’un enfant malade reste un enfant et qu’il a, lui aussi, droit au rêve et au rire.


Vincent Goulet


Les Clowns Stéthoscopes
38 rue Bouquière
33000 Bordeaux
05 56 52 74 17 – 06 20 55 75 62
lesclownsstethoscopes@orange.fr

 



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