Municipales : vers d’âpres combats en Béarn (Oloron, Mourenx, Pau)


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Municipales : vers d'âpres combats en Béarn (Oloron, Mourenx, Pau)

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 29/01/2020 PAR Solène MÉRIC

Pour mémoire en 2014, lors des dernières élections municipales, Pau, Oloron et Mourenx ont vu de nouveaux locataires s’installer dans le bureau du Maire. A Oloron, Hervé Lucbereilh du centre droit, ravissait à 8 voix près la place au socialiste Bernard Uthurry installé là en 2008. A Pau, François Bayrou remportait le siège qu’il avait tant convoité de Martine Lignères-Cassou, face à un David Habib, alors maire sortant… de Mourenx ! Ayant décidé de courir la campagne paloise, après 19 ans de service, c’est alors le candidat Patrice Laurent, adoubé à l’époque par l’édile et le PS qui au sortir des urnes prit sa succession. Trois villes dont les dernières municipales ont croisé, voire parfois renversé leurs destins, et qui en font des « points chauds » des élections à venir en Béarn.

Oloron Sainte-Marie, de la revanche dans l’air

A Oloron Sainte-Marie, la bataille risque d’être particulièrement serrée. Le maire sortant Hervé Lucbéreilh, étiqueté divers droite en 2014 repart au combat sous la même tendance, appuyé notamment par La République En Marche et le Centre, il compte déjà dans sa liste 10 candidats conseillers municipaux adjoints sortants de l’actuelle majorité. Avec à ses côtés aussi, un nouvel appui Jean-Luc Marle, chirurgien, il avance pour l’heure la santé comme LA priorité de ses projets pour un éventuel 3ème mandat (puisque déjà maire entre 2001 et 2008). Mais comme l’on est jamais mieux trahi que par ses alliés, ici certes de circonstance, son premier adjoint et président de la communauté de communes du haut béarn, Didier Lacrampe rallié à lui au second tour en 2014, pourrait bien lui aussi se décider pour monter une liste adverse selon les observateurs locaux, qui soulignent qu’entre les deux hommes le torchon brûle.

Une division encore seulement potentielle qui pourrait faire les affaires de celui qui a porté l’écharpe tricolore oloronaise de 2008 à 2014 : Bernard Uthurry. Le vice président du Conseil régional est ici à la tête de la liste du collectif d’union de gauche, Oloron en commun, composé d’élus de l’opposition mais aussi de nouvelles têtes issues de la société civile locale. Parmi les « points emblématiques » sur lesquels la liste compte détailler ses propositions : l’école, la culture, l’aménagement du territoire et l’environnement et enfin, la place du citoyen.

Mais, s’il y a bien de la revanche dans l’air, une troisième liste veut ici jouer les outsiders : la Liste Citoyenne 2020, conduite par Nathalie Pastor, animatrice dans le milieu associatif oloronais. Une liste autour d’un projet bâti sur 4 piliers : « Démocrate Participative, Urgence Écologique, Justice Sociale, Développement Economique Local ». Une liste soutenue notamment par EELV, élement d’importance dans la bataille actuelle sur le sujet de la pêche au saumon dans le port de Bayonne et ses conséquences sur la plus grande frayère à saumon de France qu’abrite Oloron Sainte-Marie. Et pour l’anecdote, pas si légère, c’est première liste de l’histoire du pays oloronais conduite par une femme et seule liste du genre sur l’ensemble des candidats déclarés à ce jour, dans les 3 villes que nous évoquons ici.

Egos de campagne à Mourenx

Une envie de retour est aussi dans les airs à Mourenx, du côté d’un autre socialiste : David Habib. Après avoir entretenu un suspense tout relatif, tout en s’étant dit prêt à renoncer à son mandat de député de la 3ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques, l’homme a officialisé sa candidature ce jeudi soir 30 janvier, prenant la tête de la liste « Mourenx le changement ». « Le choix du terrain, des Béarnais », indique celui qui devra aussi renoncer à la vice-présidence de l’Assemblée nationale s’il est élu, et qui a dans son viseur outre la Mairie, la Présidence de la Communauté de Communes de Lacq Orthez. Si la soirée est venue éclaircir les candidats en présence à Mourenx, elle marque aussi le début officiel des hostilités. Hostilités en réalité déjà bien entamées avec le maire sortant et candidat à sa succession, Patrice Laurent, le candidat PS remplaçant (et victorieux dès le 1er tour) en 2014, quand le même Habib (dont il était l’adjoint) après 19 de mandat en tant que Maire de Mourenx, a voulu tenter la Mairie paloise. Un scrutin qui donnera ainsi l’occasion au passage, pour le député, de tester la susceptibilité des mourenxois et des mourenxoises… même s’ils étaient déjà nombreux hier soir pour la présentation de la liste.
Une campagne qui ne se jouera décidément pas dans la sérénité, la justice étant d’ores et déjà mêlée à l’affaire. Le maire sortant remet en effet en cause les conditions de la désignation de David Habib comme premier socialiste de la ville par la section PS de Mourenx face à sa propre candidature, quand le député candidat demande quant à lui la mise sous tutelle de ladite section par le comité départemental… Ambiance…
Des échos ( ou des ego…?) de campagne qui pourraient peut-être bien profiter à la troisième liste déclarée en course « Alternative pour Mourenx », mouvement citoyen qui s’inscrit dit-il dans la suite logique de la lutte des Gilets Jaunes… Il y aura donc bel et bien du combat à Mourenx, où, outre les bagarres de personnes, les thèmes de campagne autour de l’écologie et du développement économique/industriel pourraient aussi fournir des armes supplémentaires aux candidats de la commune au coeur du bassin industriel de Lacq…

Pau: entrée en campagne tardive

Dans la capitale béarnaise, avec la toute fraîche déclaration de candidature de François Bayrou, ce sont depuis ce 31 janvier, six listes plus ou moins abouties qui ont affiché leur volonté de concourir à l’élection des 15 et 22 mars prochains. Six listes dont trois présentées comme « d’initiative citoyenne ». Quant au maire sortant, qui pour l’instant « n’a parlé de sa liste à personne », pas même à ceux qui pourraient être concernés, dit-il, il a surtout appuyé sa déclaration sur l’équipe de la majorité sortante qui l’a accompagné « en toute confiance » durant son mandat, promettant tout de même du « renouvellement ». Côté argument de campagne, il défendra « un programme réalisé à 96% », sans compter les projets réalisés qui n’étaient pas dans le programme, « ça représente le double des réalisations », assure-t-il. Un bilan donc et quelques ambitions posées comme prioritaires autour « des plus jeunes, et de ceux à qui la vie à imposer des difficultés », sans oublier l’attractivité économique. Quant à la raison de cette déclaration tartive le maire sortant récemment mis en examen pour complicité de détournement de fonds publics, s’en explique « J’ai attendu parce que le dernier Conseil Municipal et le dernier conseil communautaire ont eu lieu cette semaine. Il fallait finir le travail avant de parler de la ville ».
Une entrée dans la campagne tardive qui, tout en limitant les débats sur un bilan à défendre, a aussi laissé le temps à certaines listes concurrentes de commencer à faire montrer la pression sur la question de rapprochements apparemment pour l’heure impossibles, aucune tête de liste ne voulant a priori céder sa place… Sont ici particulièrement ciblées d’une part le collectif citoyen écologistes « Pau Arc en ciel » initié et désormais mené par le conseiller régional EELV Jean-François Blanco (par ailleurs agacé par la longue position d’attente de F. Bayrou), et d’autre part, le collectif citoyen « Pau rassemblé » dont la liste est quant à elle guidée par Jérôme Marbot, élu de l’opposition et 1er secrétaire fédéral du PS, et sous laquelle se retrouvent 8 organisations, collectifs et partis de gauche. Deux listes de gauche donc, qu’Olivier Dartigolle (PC) un temps proche de Pau Arc-en-ciel a tenté d’inciter à « un rassemblement de toutes les gauches », face à l’éventuelle candidature de François Bayrou. Peine perdue Jean-François Blanco a refusé le deal et la porte ouverte de Pau Rassemblé. Le rassemblement devra repasser, au second tour peut-être…
Sur le plan des projets, quand Pau Arc-en-ciel projette Pau en « Capitale du Climat » ajoutant à cela l’ambition « d’une modernisation démocratique, sociale et économique de la ville », Pau rassemblé pose dans son manifeste quatre piliers à son projet : « environnement, social, économie et démocratie », avec en fil rouge : développement durable, commerces, associations, et solidarité… Autant dire que la comparaison des propositions concrètes sera précieuse pour les électeurs tendance gauche avant de glisser le bulletin dans l’urne.
Troisième liste citoyenne déclarée dans la course paloise : « Pau Citoyenne, sociale et écologique », soutenu par la France Insoumise, qui a placé à sa tête un ancien gendarme, désormais Gilet Jaune, Patrice Bartolomeo. Le slogan sous la dénomination de la liste « Prenez le pouvoir !».
Quatrième tête de liste de cette élection à venir : « Pau le renouveau » avec à sa tête Joseph Damour, délégué départemental de Débout la France. Quant au Rassemblement National – une liste est également en préparation selon le délégué départemental François Verrière – il a également fait part de la volonté du parti de faire de Pau, « une cible privilégiée ».

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