Mios, l’exception du handball féminin français


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Mios, l'exception du handball féminin français

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/05/2009 PAR Nicolas César

Samedi soir, Roger Mayonnade, 79 ans, le président du club de handball de Mios ne cache pas sa fierté. Ses « filles » viennent de lui offrir son premier titre, la coupe de France en battant Metz, qui vise la première place en championnat. En 2006, les handballeuses de Mios avaient échoué en finale. Mais, surtout c’est une magnifique histoire comme le sport collectif peut nous en conter. Mios, petite commune du bassin d’Arcachon d’à peine 6 000 habitants a vaincu Metz, le plus gros budget de D1. Pourtant, il y a trois jours l’équipe craignait de ne pas avoir le budget minimum de 700 000 euros exigé par la Ligue et d’être condamné à jouer en D2 faute de moyens. C’est Alain Rousset, le président de la région Aquitaine, qui a sauvé le club en leur assurant jeudi de son soutien financier.

La passion pour moteur
A l’image de son parcours, l’histoire du club est atypique. Le club a été créé en 1970 par un ancien footballeur professionnel, Roger Mayonnade, qui en est toujours le président. « Mes enfants adoraient le handball. Ils y jouaient dans la cour d’école. Un jour, j’ai été convoqué à la mairie et le maire m’a dit que mes fils voulaient monter un club. J’ai tout de suite accepté. » C’est le début d’une aventure humaine. Les débuts sont difficiles. « Nous nous sommes cotisés pour acheter les maillots. » Le club commence avec une équipe de seniors en district et 25 licenciés. Aujourd’hui, ils sont près de 200 ( il y a au total 10 équipes) ! Et dès la deuxième année, une douzaine de filles arrivent au club. Aussitôt une équipe séniors est constituée. Les succès sont immédiats. Tous les ans, elles changent de divisions et dominent le championnat d’une main de maître. A tel point, qu’en 3 ans, elles sont déjà en Nationale 2 ! Rapidement, il va falloir faire un choix et l’équipe seniors masculine disparaît, faute de moyens pour subvenir aux besoins des deux équipes. En 1994, les filles seront championnes de France de Nationale 1 et en 1997, c’est l’accession à l’élite en D1. Et là, c’est une autre dimension… financière, le début des ennuis pour Roger Mayonnade, qui fait des pieds et des mains tous les ans pour équilibrer le budget. Car il faut payer les joueuses, les déplacements dans la France entière… et « les charges sont les mêmes comme dans n’importe quelle entreprise », souligne t-il. Alors à défaut d’être riche, le président mise sur ce qui est essentiel pour lui : l’ambiance. « Il y a une véritable amitié dans ce club. Chacun se respecte et se parle bien ici. Il n’y a jamais de grincements de dents. » Une affection que l’on décèle facilement quand il parle de « ses joueuses ». L’équipe en tout cas déplace les foules. Les matchs se jouent souvent à guichets fermés et le public (environ 500 personnes) pousse fort derrière ses handballeuses à chaque match.

L’amour du maillot
Chaque saison est un numéro d’équilibriste sur le plan financier. Le principal soutien du club est en fait la population locale, puisque tous les ans, l’avant dernier week-end de juillet, est organisé un grand festival de danse, d’art et de musique à Mios, qui a lui aussi acquis une notoriété nationale. Il est devenu un des trois premiers festivals français de ce genre. 150 bénévoles passionnés de handball se démènent tous les ans à l’occasion de ce festival pour que le club survive. Près de 6 500 repas y sont servis. Le plus dur comme le souligne Emmanuel Mayonnade, le fils du président et entraîneur de l’équipe première, c’est de conserver les talents. Souvent pour attirer les joueuses, il faut aussi proposer un travail, un logement. Mais il n’est pas facile de faire face aux mastodontes de la D1, qui eux, ont d’autres arguments… reconnaît Emmanuel Mayonnade. Plus jeune entraîneur de France, à 23 ans, il réalise pour l’instant une belle saison. Comment expliquer un tel succès ? « Nous avons un gros collectif. Chaque fille est au service de l’autre dans l’équipe. L’amour du maillot est fondamental ici », conclut-il.

Nicolas César

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